LES SCEPTIQUES DU QUÉBEC

Dictionnaire

Dean Radin

La conscience invisible: Le paranormal à l'épreuve de la science.

(HarperOne 1997, en français J'ai Lu: L'aventure secrète pour la version de poche, 2006)

 


 

Première partie


Dean Radin : La conscience invisible: Le paranormal à l'épreuve de la science

Dean Radin a une maîtrise d'ingénieur électrique et un doctorat en psychologie de l'éducation de l'Université de l'Illinois. Il est le directeur du « Consciousness Research Laboratory » et de l' « Institute of Noetic Sciences ».Il fait aussi de la recherche pour le « Boundary Institute ». Il a été actif dans la recherche sur le Psi durant plusieurs décennies et a publié plus de 200 papiers dans le domaine de la parapsychologie.

« La conscience invisible: Le paranormal à l'épreuve de la science » (1997) a reçu le prix du bestseller en parapsychologie de la part du site Amazon.com en 1998. Le docteur Brian Josephson, lauréat du prix Nobel et professeur de physique à l'Université de Cambridge, a dit au quotidien britannique « The Guardian » qu'il considérait la publication du livre de Radin comme « l'événement scientifique le plus important de 1997 » (Radin a publié un second livre en 2006, mais il s'agit grosso modo de la même chose, avec une faible tentative de lier le paranormal à un concept tiré de la physique quantique, l'enchevêtrement. J'ajouterai un commentaire à propos de son dernier livre à la fin de cette critique).

Sur sa page de remerciements, Radin surnomme son cheminement « la route la moins parcourue », et pourtant dans un sondage Gallup datant de 2005, 75% des américains disent qu'ils croient au moins dans un phénomène paranormal. Le même sondage trouva que 41% croient dans les perceptions extrasensorielles (PES); seulement 25% ne sont pas certains à ce sujet. Radin adopte le rôle du martyr dans ce chapitre introductif, identifiant le Psi parmi les idées que la plupart des scientifiques écartent sommairement. Une enquête de 1992 au sein des membres de l'Académie Nationale des Sciences trouva en effet que 77% ne croyaient pas dans l'existence des phénomènes médiumniques. Malgré tout, le grand public est largement dans le camp de Radin lorsqu'il s'agit de la croyance au paranormal.

Comme Radin l'explicite clairement dans sa préface, la plupart des gens croient dans l'existence des phénomènes médiumniques à partir de leurs expériences personnelles ou de leurs fois. La plupart ignore les preuves scientifiques de l'existence du Psi. Il dit « ce que la plupart des gens pensent savoir à propos des phénomènes médiumniques n'est pas nécessairement correct. ». Il prétend aussi que « les scientifiques ont essentiellement prouvé que le Psi existe. ». Ils auraient fait cela en utilisant « des méthodes expérimentales familières et acceptées par les scientifiques de nombreuses disciplines ». Ce qu'il ne dit pas aux lecteurs dans cette préface est que ces preuves scientifiques consistent, principalement, en des anomalies statistiques qui ont été interprétées comme étant des preuves de l'existence du Psi. Peut-être qu'il ne voulait pas s'aliéner le lecteur lambda tôt dans le livre, mais l'affirmation de Radin que « les scientifiques ont essentiellement prouvé que le Psi existe » repose sur son interprétation des données statistiques. Pour comprendre ces preuves le lecteur va devoir étudier les statistiques et les méta-études. Il faut mettre à son crédit que malgré le fait que la plupart des gens soit ignorant des mathématiques - et détestent les mathématiques compliquées - Radin a réussi à se faire une niche dans les médias populaires.

L'introduction du livre de Radin débute par une citation de Carl Jung qui dit qu'il est impératif de considérer que l'esprit (la psyché) est indépendante du cerveau et des « limitations de l'espace-temps » des entités physiques. Cette position est connue en philosophie sous le terme de dualisme. Le dualisme s'oppose au monisme matérialiste et à la notion que la « conscience » est uniquement un terme utilisé pour désigner différentes fonctions et processus de cerveau physique, matériel. Le matérialisme, qui est la conception de la grande majorité des neuroscientifiques, nie au contraire que la conscience est une entité indépendante qui peut exister en dehors du corps physique.

Le dualisme laisse la question ouverte de savoir si le Psi implique des capacités de la conscience de recevoir ou transférer de l'information sans aucun support physique ou si il y a des processus physiques qui se produisent que nous sommes encore incapables de détecter. Comme nous allons le voir, Radin essaie de tenir les deux idées en même temps. D'un côté, il croit que les preuves du psi apportent du crédit à l'hypothèse anti-matérialiste. De l'autre, il pense qu'un jour nous seront peut-être capable d'expliquer même les miracles sans avoir recours à des explications surnaturelles. Il croit qu'un jour, nous comprendrons les lois physiques et les mécanismes qui gouvernent les événements que nous nommons aujourd'hui paranormaux et surnaturels.

Susan Blackmore, qui a travaillé comme parapsychologue pendant de nombreuses années, remarque dans son livre « Consciousness: An Introduction » (2004) que « la majorité de ce que nous avons appris jusqu'à présent (nda.: en étudiant la conscience)... semble indiquer la direction opposée » de l'existence d'un esprit qui serait séparé du cerveau et qui pourrait influencer de manière magique le monde. « La parapsychologie », dit elle, « semble s'éloigner continuellement des progrès et de l'excitation du reste des recherches sur la conscience. ». Radin et de nombreux autres parapsychologues seraient en désaccord avec cette évaluation de Blackmore. Dans un chapitre consacré à l' « interaction entre l'esprit et la matière », Radin remarque que « l'idée que l'esprit est au-dessus de la matière a de profondes racines dans la philosophie orientale et les anciennes croyances à propos de la magie » (127).

Cependant, au lieu de dire qu'il est maintenant temps d'aller de l'avant, et de s'éloigner de la pensée magique vers une pensée plus scientifique, il critique la « science occidentale » pour rejeter comme « simple superstition » les croyances des anciens philosophes orientaux. Il prétend que « des questions centrales (nda.: concernant la conscience) restent aujourd'hui un mystère total, telle qu'elle l'était déjà il y cinq milles ans ». A cela, je ne peux que suggérer de lire le livre de Blackmore, qui présente les différentes conceptions de la conscience débattue à l'heure actuelle par les philosophes et les neuroscientifiques, mais fournit aussi les preuves abondantes que de nombreuses questions sont aujourd'hui très bien comprises. Cependant, je suis d'accord que malgré tous les développements en neurosciences, la conscience est toujours un profond mystère et un sujet extrêmement intéressant. Nous ne sommes certainement pas arrivé aux réponses finales aux questions « qu'est-ce que l'esprit? » et « qu'elle est sa relation avec la matière? ». Mais de nombreux mystères se sont évaporés avec les progrès réalisés des neurosciences au cours du dernier siècle. Le poids des preuves scientifiques actuelles semblent favoriser la position de Blackmore, et non pas celle de Radin. Malgré tout, Radin et d'autres parapsychologues notables, tel que Charles Tart, considèrent que leur travail contribue aux études sur la conscience. Cependant, alors que nous allons discuter des preuves proposées par Radin en faveur du Psi, il est bon de se demander ce que les parapsychologues ont contribué à notre compréhension de l'esprit.

En introduction de ce livre, Radin prétend qu'il existe une séquence prévisible de quatre stades en histoire des sciences qui dirige l'acceptation de nouvelles idées. Le premier stade implique que l'idée est proclamée de manière confiante par les sceptiques d'être impossible parce qu'elle viole les « Lois de la Science ». Durant le deuxième stade, les sceptiques concèdent que l'idée est possible, mais affirme qu'elle n'est pas très intéressante, et que « les effets allégués sont extrêmement faibles ». Selon Radin, c'est l'étape dans laquelle la recherche sur le Psi se trouve actuellement. Durant le troisième stade la science « mainstream » change de position et reconnait que l'idée est importante et que les « effets sont bien plus importants et plus significatifs qu'on ne l'imaginait auparavant ». Finalement, durant le quatrième stade, les sceptiques prétendent qu'ils avaient pensé cette idée en premier.

Aucun exemple d'une idée qui serait passé par ces quatre stages n'est présenté par Dean Radin pour soutenir ce compte-rendu original de l'histoire des sciences. C'est probablement parce qu'il n'y en a aucun qui suit cette description. Prenons cinq idées scientifiques avec lesquelles la plupart des gens seront familiers:

  1. la théorie héliocentrique;
  2. la théorie de la gravitation;
  3. la sélection naturelle;
  4. la théorie de la double-hélice d'ADN:
  5. la tectonique des plaques.

A un certain moment, toutes ces idées étaient nouvelles en science. Est-ce qu'aucune d'entre elles a suivi les étapes décrites par Radin? Non, ni aucune des autres idées scientifiques dont j'ai connaissance. Il semble que Radin se soit inspiré, et ait transformé, cette citation de Shopenhauer: « Toutes les vérités passent par trois étapes: la première est le ridicule, durant la seconde on s'y oppose violemment, et enfin troisièmement, elle est acceptée comme étant une évidence ». Est-ce que cela fut vrai de la géométrie Euclidienne? Ou des principes à la base de la logique, comme par exemple le principe de contradiction? Cette citation de Shopenhauer est devenue un mantra commun à tout ceux qui ont des idées critiquables. C'est comme si quelqu'un pensait que parce qu'une idée a été ridiculisée et violemment opposée, il est inévitable qu'elle soit correcte et sera un jour acceptée. Dans tous les cas, il semble que ce modèle incorrect de l'histoire des idées scientifiques est pratique pour la position de Radin que le Psi est au milieu d'une transition du stade 1 au stade 2 et que le stade 3 « peut déjà être aperçu à l'horizon ». Du coup, bien entendu, ce n'est qu'une question de temps avant que nous n'atteignons le stade quatre dans lequel les sceptiques vont prétendre qu'ils ont découvert le Psi il y a bien longtemps. Je ne pense pas!

Bien évidemment, ce qui compte réellement n'est pas la perception de l'histoire des idées de Radin mais la question de savoir s'il y a des preuves scientifiques solides de l'existence du Psi. Jusqu'ici, nous dit Radin, les croyants ont dû baser leurs croyances sur la foi, la pensée magique et les anecdotes. Mais maintenant nous avons des preuves scientifiques que le Psi existe. Ce sont ces preuves que nous devons examiner. Mais tout d'abord nous devons nous assurer que nous savons de quoi nous parlons. Donc Radin commence par expliquer que les phénomènes médiumniques tombent dans trois catégories: « Le premier implique percevoir des objets ou des événements au-delà des sens ordinaires ». A cette catégorie, connue sous le nom de PES (perception extra-sensorielle), appartiennent la clairvoyance, la clair-audience, le don de seconde vue, la vision à distance et la télépathie. La seconde catégorie, connue sous le nom de PK (psychokinèse) consiste à « causer mentalement une action à distance » et inclut non seulement l'utilisation de son esprit sur des objets matériels en dehors de son propre corps mais aussi les guérisons médiumniques. La théorie scientifique prédominante, selon Radin, dicte que l'esprit ne devrait pas être capable de faire ces choses parce que ceux-ci se produisent à cause de l' « intention, la volonté de l'esprit ». Il ne dit rien de plus à propos de cette notion de l'esprit que prétendument la science interdit, mais par contre il décrit ce qu'il considère comme étant la conception scientifique de l'esprit. La plupart des scientifiques, dit il, considère l'esprit comme un « simple amas de neurones traitant mécaniquement l'information » ou comme un « ordinateur fait de viande ». Radin trouve clairement la conception dominante répugnante. La question est: est-ce qu'il fournit des arguments convaincants que l'esprit réalise des choses qui peuvent être mieux expliquées en posant une entité supplémentaire, une conscience non-matérielle? Nous discuterons de cet argument ultérieurement.

La troisième catégorie de phénomène Psi est la survie de la conscience. A cette catégorie appartiennent les sorties hors du corps, les expériences de mort imminente (E. M. I.), la médiumnité, la réincarnation, le phénomène de voix électronique (ndt.: ou la transcommunication instrumentale), les régressions dans les vies antérieures, les guérisons par la prière, ainsi que la recherche à propos des fantômes ou encore utiliser des choses comme un Ouija afin de contacter les esprits.

Radin proclame: « le Psi a été prouvé comme existant dans des milliers d'expériences ». Cependant, il admet qu' « il y a des désaccords sur comment interpréter ces preuves ». Ce qu'il semble dire est que certaines personnes pensent que les preuves montrent que le Psi existent alors que d'autres non. Il affirme que même les « sceptiques purs et durs », qui ne sont pas convaincu que les preuves démontrent l'existence du Psi, admettent cependant que « quelque chose d'intéressant est en train de se produire et mérite une étude scientifique sérieuse ». Peut-être, mais il existe un énorme fossé entre dire que des preuves que le Psi existent et dire que quelque chose d'intéressant est en train de se produire. Les « sceptiques purs et durs » peuvent avoir des raisons bien différentes de celles de Radin pour penser que quelque chose en train de se produire. Les sceptiques peuvent être d'accord pour dire qu'il y a des anomalies statistiques qui ont été produites expérimentalement. Ce que ces statistiques signifient est discutable et les sceptiques ne présument certainement pas que celles-ci prouvent l'existence du Psi.

Cependant, Radin ne semble pas avoir beaucoup d'intérêt pour ce que les sceptiques ont à dire. Lorsqu'il se lance dans une autre reconstruction historique à propos des « attitudes graduellement changeantes des proéminents sceptiques », il déforme par exemple sérieusement les idées de Carl Sagan et de Ray Hyman en les citant hors contexte. Voici une partie du passage de Carl Sagan que Radin cite:

« Au moment où j'écris, il y a trois domaines dans le champ des PES qui méritent, à mon opinion, des recherches sérieuses: (1) l'idée que les pensées humaines peuvent à elles-seules (à peine) altérer un générateur de nombres aléatoires; que des gens en situation de légère privation sensorielle peuvent recevoir des pensées ou des images qui sont « projetées » vers eux; (3) que des jeunes enfants rapportent des détails de leurs vies antérieures, qui après avoir été examinés attentivement se révèlent exacts et qu'ils n'ont pas pu savoir par aucun autre moyen que la réincarnation (Sagan, « The Demon-Haunted World », Random House, 1995, p. 302).

Radin nomme cela une « extraordinaire acceptation », et s'en va s'extasier à propos du fait que d' « autres signes que les opinions changent à propos de la réalité du phénomène Psi » apparaissent de plus en plus régulièrement dans la littérature scientifique. Cependant, Radin échoue à remarquer que Sagan continue en écrivant: « Je ne prends pas ces exemples parce que je pense qu'il y ait des chances qu'ils soient valides (je ne le pense pas), mais comme exemple de choses qui pourraient être vraies ». Ils « ont au moins, même si douteux, quelques résultats expérimentaux pour les soutenir. Bien entendu, je pourrais avoir tort ». Il explique alors comment durant les années 1970 il se trouva incapable de signer un manifeste nommé « Objections à l'astrologie », non pas parce qu'il pensait que l'astrologie avait la moindre validité, mais « parce que je sentais (et je sens toujours) que le ton de l'affirmation était trop autoritaire ». Sagan n'admettait rien à propos de la réalité des phénomènes Psi. Il était simplement prudent dans son scepticisme: aucune hypothèse ne devrait être écartée sommairement ou rejetée simplement parce qu'elle semble absurde ou stupide, ou à cause des motivations, du manque de qualifications scientifiques, ou de la moralité de ces tenants. Une hypothèse se doit d'être acceptée ou rejetée en fonction des preuves. Sagan défendait simplement l'idée qu'un bon sceptique doit avoir l'esprit ouvert. Il ne disait absolument pas qu'un de ces trois phénomènes étaient vrais, probablement vrais, ou même qu'il était plausible qu'il soit vrai. Il présentait ces hypothèses exactement comme les tenants les auraient présentées et il dit qu'elles demandent « une étude sérieuse », c'est-à-dire qu'elles ne devraient pas être écartées sommairement. Il dit la même chose à propos de l'astrologie. Radin cite Hyman correctement lorsque celui-ci dit que les « parapsychologues devraient se réjouir » parce qu'un comité gouvernemental a dit que leurs travaux devraient être pris sérieusement. Ce que Radin échoue à remarquer est qu'Hyman était très critique de ces recherches gouvernementales et qu'il est resté ferme dans son rejet de l'idée que le Psi a été prouvé par des milliers d'expériences.

D'un autre côté, c'est vrai que les parapsychologues ont fait beaucoup de progrès dans leurs réponses aux critiques des sceptiques et que leurs travaux ont été publiés dans plusieurs publications scientifiques reconnues. Il est cependant important de souligner que ces recherches scientifiques ont uniquement montré que leurs résultats statistiques ne sont pas ce à quoi l'on s'attendrait en fonction des lois du hasard et sont « statistiquement significatives ». Les chercheurs sur le Psi présupposent que si on ne peut pas prouver qu'il y a eu une fraude, des erreurs ou un hasard extraordinaire, alors la seule explication raisonnable pour leurs données est que le Psi existe. Là encore, Radin utilise une citation de Hyman pour faire comme si Hyman était d'accord avec l'idée que les données statistiques supportent l'hypothèse du Psi. Et pourtant, la seule chose que dit Hyman est que les données n'ont probablement pas été générées par hasard.

Tart, Radin, et d'autres parapsychologues savent qu'une seule étude ici ou là ne vont pas être suffisantes. La reproductibilité, remarque Radin, est essentielle en science. Évidemment, la reproductibilité ne veut pas simplement dire faire la même expérience de la même façon et obtenir les mêmes résultats. Si la première expérience présente un certain type d'erreurs ou de défauts inhérents à celle-ci, la répétition des résultats répète uniquement l'erreur. Radin affirme clairement qu'il y a de très nombreux cas de répétition de recherches qui ont trouvé des preuves de l'existence du Psi. En fait, il va même plus loin et prétend que « la plupart des chercheurs sur le Psi aujourd'hui ne réalisent plus d'expériences cherchant à fournir des preuves ». Il prétend qu'au contraire au lieu de chercher à trouver des preuves de l'existence du Psi, les chercheurs aujourd'hui se concentrent sur des questions comme qu'est-ce qui influence les performances Psi? Et aussi comment le Psi fonctionne-t-il? Il remarque aussi que les preuves pour l'existence du Psi incluent des expériences sur l'« esprit collectif » ou l' « effet de conscience global », utilisant le Psi dans les paris des casinos ou les loteries, et d'autres applications.

Si les scientifiques ont déjà prouvé l'existence du Psi et travaillent maintenant sur expliquer comment le Psi fonctionne et appliquent le Psi à des pratiques de paris, comment cela se fait-il que le reste du monde n'en a pas entendu parler? En effet, pourquoi la communauté scientifique n'a-t-elle pas entendu parler de ces extraordinaires développements? Radin prétend que la plupart des scientifiques ne sont pas au courant de l'existence du Psi parce que cela a été « oppressé et ridiculisé par un relativement petit groupe de philosophes et scientifiques très sceptiques ». Ces conspirateurs, dit-il, prétendent que les scientifiques qui étudient le Psi s'illusionnent ou sont incompétents. Il ne fournit malheureusement aucun exemple ou preuve pour ces affirmations. Au lieu de cela, il remarque que la plupart des sceptiques considèrent que « la propagation de la croyance dans le Psi reflète un déclin dans l'habileté du grand public à penser de manière critique ». Il promet cependant au lecteur que dans le chapitre 15 (« Métaphysiques ») il examinera les origines de la science. Cela, dit-il, éclairera pourquoi le grand public accepte généralement le Psi alors que la communauté scientifique non. Nous reviendrons sur cette discussion plus tard.

Certains sceptiques peuvent faire remarquer à Radin que les chercheurs du Psi semblent étudier le Psi de la même manière que ceux qui précédemment croyaient dans le phlogiston et passèrent leur temps à expliquer comment l'éther et le phlogiston fonctionnaient. Il critique la science pour avoir un préjugé, pour évaluer de manière préjudiciable les résultats statistiques inattendus trouvés par les chercheurs du Psi. Mais Radin a aussi un préjugé: il présuppose que toutes les anomalies statistiques trouvées par les parapsychologues sont des preuves que l'ensemble de la science moderne est basée sur une mauvaise compréhension de la nature de la science et de l'univers. Parce que, si les parapsychologues ont raison, alors tout ce que les scientifiques pensent savoir à propos du monde est faux.

Cependant, Radin n'a aucun doute. Il écrit que « l'acceptation scientifique des phénomènes médiumniques est inévitable ». Il nous dit au chapitre 16 qu'il va nous expliquer comment le Psi fonctionne. Il croit que les recherches sur le Psi vont profondément affecter nos notions d'espace, de temps, d'esprit et de matière. Il pense même que les miracles vont devenir explicables en terme de Psi, et du coup profondément affecter la théologie. Il se lamente que la science ne nous a pas aidé à comprendre des concepts tel que « l'espoir » ou le « sens ». Il veut que la science inclue une métaphysique dualiste et surmonte le dualisme. En clair, il pense que la recherche sur le Psi va fournir des preuves scientifiques qui vont nous forcer à accepter des croyances métaphysiques mystiques, qui considèrent que tout est connecté d'une manière holistique à travers une dimension spirituelle (imaginée comme composée de conscience désincarnée) fonctionnant selon la volonté. Comme beaucoup d'autres dans ce domaine, Radin essaie de pousser à un retour du vitalisme et à une certaine forme d'idéalisme philosophique en opposition au matérialisme mécaniste. Comme beaucoup d'autres parapsychologues, il prétend qu'il s'agit d'un fantastique saut en avant au lieu d'une nostalgie vis-à-vis d'un passé magique.

 

Fin de la première partie.

 


 

Deuxième Partie


Chapitre 1: Qu'est-ce que le Psi?

Radin remarque que des gens ont rapporté des « expériences étranges et accompagnées parfois d'une signification profonde » à travers les âges et les cultures. Il croit que ces « expériences paranormales » suggèrent la présence d'une relation profonde, invisible, entre les gens, et entre les objets et les gens. La plupart des psychologues seraient certainement d'accord avec Radin. Cependant, ils ne seraient certainement pas d'accord pour dire que « l'aspect le plus curieux des expériences Psi est qu'elles semblent transcender les limites habituelles du temps et de l'espace ». La plupart des psychologues reconnaissent que ce type de pensées magiques - qui a dominé la pensée de nos premiers ancêtres à propos d'eux-mêmes et de l'environnement dans lequel ils vivaient - a été remplacé par une manière plus fiable de comprendre le monde. En particulier, la plupart des psychologues ferait probablement la remarque que la pensée magique est une malédiction plutôt qu'une bénédiction pour l'humanité. Par exemple, Zusne et Jones (Anomalistic Psychology: A Study of Magical Thinking, 2 Ed., 1989, p. 13) définissent la pensée magique comme étant la croyance dans

(a) le fait qu'un transfert d'énergie ou d'informations entre des systèmes physiques peuvent prendre place uniquement sur base de leurs similarités ou de leurs proximités dans le temps et dans l'espace, ou (b) que les pensées, mots ou actions d'un individu peuvent accomplir des effets spécifiques d'une manière qui n'est pas gouvernée par les principes ordinaires de la transmission de l'énergie ou de l'information.

Pour Radin, ce type de pensée est admirable et se doit d'être poursuivie comme étant un élément essentiel de la parapsychologie. Pour la plupart des scientifiques dans d'autres domaines, la pensée magique est un retour à une pensée pré-scientifique, typique de la période durant laquelle les méthodes logiques et rigoureuses de la science, n'avaient pas encore été développées. Les méthodes modernes nous ont permis d'éviter les erreurs qui se produisent généralement lorsqu'on essaie de découvrir des interactions causales.

Curieusement, Radin prétend que les scientifiques n'aiment pas les anomalies et les paradoxes parce qu'ils ont « construit leurs carrières sur les théories conventionnelles ». Je ne connais rien qui pourrait promouvoir plus une carrière que de découvrir ou d'expliquer une anomalie, un paradoxe. Les scientifiques adorent les énigmes et résoudre les problèmes. Il dit que les anomalies sont « des défis agaçants pour la manière établie de penser ». Pour un authentique scientifique les anomalies sont stimulantes, et non pas agaçantes. Cependant, quand quelqu'un se penche sur la manière dont Radin définit le concept d'« anomalies », il devient plus facile de comprendre pourquoi il pense que les scientifiques ne les aiment pas. Pour Radin, les anomalies sont les phénomènes paranormaux. Il dit que les anomalies « tombent dans trois grandes catégories: « Perception extra sensorielle... Psychokinèse... et les phénomènes qui suggèrent la survie après la mort du corps » (14). Dans les autres sciences, une anomalie est un phénomène qui ne s'intègre pas dans le paradigme actuel ou qui semble violer une loi de la nature. Clairement, les phénomènes paranormaux sont des anomalies, mais ils ne sont pas le seul type d'anomalies. Par exemple, quand William Hershel découvrit la planète Uranus en 1781 via des observations dans un téléscope, on ne tarda pas à constater que l'orbite de la nouvelle planète était différent de ce qu'il était prédit par les lois de Newton. L'orbite d'Uranus était une anomalie: un phénomène qui apparemment ne s'intégrait pas dans le paradigme newtonien. Certains scientifiques auraient pu s'exclamer « Vous voyez, Newton a tort! Ah! », d'autres ont peut-être pensée que l'orbite anormale était la preuve de la main de Dieu à l'œuvre dans l'univers; qu'Uranus a une orbite différente des autres planètes parce qu'il s'agit d'un miracle de Dieu - d'une suspension des lois de la nature - afin de démontrer son pouvoir. Mais la plupart des scientifiques décidèrent de tenter de résoudre le mystère. La solution la plus simple fut de postuler l'existence d'une autre planète au-delà de l'orbite d'Uranus dont la force gravitationnelle affecterait l'orbite de la planète. Cela fut fait et, en fait, une autre planète fut découverte: Neptune. Cependant, même si l'existence de Neptune faisait que maintenant les calculs pour Uranus étaient en accord avec les lois de Newton, l'orbite de Neptune était une anomalie! Le mystère fut aussi résolu en posant l'existence d'une autre planète au-delà de l'orbite de Neptune. L'objet connu sous le nom de Pluton donna aux astronomes les données qui montrent que Neptune, finalement, orbite en accord avec les lois de Newton.

Radin est suffisamment prudent pour remarquer qu'il n'y a pas de théories acceptées de comment le Psi fonctionne. Du coup, quand il donne des définitions des termes clés en parapsychologie, ceux-ci ne sont pas liés à une théorie, ce qui est très différent de beaucoup d'autres sciences. Des termes comme « gravité » et « électrons » prennent profondément racines dans des théories établies. Des concepts tel que la télépathie, la psychokinèse, et esprit n'ont pas de telles fondations théoriques. Du coup, ils peuvent être quelque peu problématiques. Des personnes différentes peuvent utiliser les mêmes termes de manières significativement différentes. Du coup, Radin nous avertit de ne pas prendre trop littéralement le modèle de la « radio mentale » pour expliquer la télépathie, et nous rappelle que «nous savons que la télépathie ne fonctionne pas comme les signaux électromagnétiques conventionnels » (16). Son rappel que la science ne fait pas d'affirmations absolues vaut aussi la peine d'être remarqué.

Radin prétend qu'une grande partie de la controverse autour de la parapsychologie provient de la confusion autour du terme « paranormal », qui est souvent pris dans le sens de « n'importe quoi de bizarre, d'occulte, ou de mystérieux ». Il nous donne sa propre définition de « paranormal » qui est « au-delà du rayon des phénomènes acceptés actuellement par la plupart des scientifiques ». Il ne semble pas vouloir dire par « au-delà du rayon » que les phénomènes se trouvent au-delà du temps et de l'espace, ou qu'ils transcendent les limites du monde naturel et donc sont au-delà de la limite des phénomènes considérés comme appropriés pour l'étude scientifique. Plutôt, il semble vouloir dire que le paranormal regroupe des choses qui ne sont pas actuellement explicables par la science. Pourtant, beaucoup de critiques de la parapsychologie pensent que les parapsychologues essaient de trouver des choses inexplicables. Ils n'essayent pas d'expliquer des choses inexplicables.

Radin a bien conscience que la plupart des scientifiques ne vont pas étudier le paranormal. Du coup, il aime pointer que beaucoup de « sujets qui sont maintenant considérés comme des domaines parfaitement légitimes de recherches scientifiques, comme par exemple l'hypnose, les rêves, les hallucinations ou encore les perceptions subliminales, furent regardés comme les domaines les plus bizarres à la frontière du paranormal à la fin du 19e siècle(18). Cela implique que la parapsychologie peut sembler bizarre à la plupart des scientifiques aujourd'hui, mais comme ces autres sujets, elle va devenir légitime avec le temps. Franchement, je ne vois pas où se trouve la connexion ici. Il y a de très nombreuses raisons pour lesquelles l'hypnose ou les rêves, par exemple, ont du attendre jusqu'à récemment avant d'être sérieusement étudiés par les scientifiques. Les avancées dans les connaissances et les méthodes de recherche y ont joué un rôle important. Il ne semble pas y avoir de raisons pour lesquelles la parapsychologie n'aurait pas dû faire le même type de progrès que, disons, la psychologie ou les neurosciences durant les 150 dernières années si en fait il y avait quelque chose à découvrir pour la parapsychologie.

Radin trouve du soutient pour sa définition du paranormal dans l'affirmation de Marcello Truzzi que le terme « fut créé pour désigner des phénomènes considérés comme naturel - et non surnaturels - qui devraient ultimement trouver des explications scientifiques mais qui jusqu'à présent ont échoué à être expliqués... ». Truzzi était peut-être correct à propos de ne pas confondre le paranormal avec le surnaturel, bien que beaucoup de parapsychologues considère qu'il y a un recouvrement entre les deux domaines.

Radin semble accepter que pour qu'une étude scientifique du paranormal soit possible il faut, par définition, exclure le surnaturel, qui - remarques-t-il - est au-delà de la science et incompatible avec elle. Pour le dire autrement, les phénomènes surnaturels sont au-delà de la science si on suppose que le surnaturel comprend des choses qui transcendent la nature. C'est le sens classique du concept « surnaturel ». Radin, cependant, semble d'accord avec l'ancien astronaute Edgar Mitchell pour dire qu' « il n'y a pas de phénomènes non naturels, ou surnaturels » (19). Radin dit: « il est entièrement raisonnable de s'attendre à ce que les soit-disant miracles soient simplement des indicateurs de notre ignorance présente » (19). Du coup, il n'exclut pas le surnaturel de l'examen scientifique, mais est ouvert à l'idée que ce que nous considérons comme surnaturel ne soit pas réellement au-delà de la nature; c'est simplement au-delà de nos connaissances actuelles de la nature. Comme Radin le fait remarquer: « il y a quelques siècles de cela nous pensions que pratiquement tous les phénomènes naturels étaient des manifestations d'agents ou d'esprits surnaturels » (19).

Néanmoins, Radin prétend que « les plus célèbres scientifiques ont écrit dans des termes qui sont pratiquement impossible à distinguer des mystiques ». Cependant, sa notion de mysticisme n'est pas claire. Il dit que le mysticisme est « de manière surprenante fortement similaire à la science » - quoi que cela veuille dire. Il ne donne aucun exemple. Il n'essaie pas non plus d'expliquer les similarités, mis-à-part en disant que les deux utilisent « une méthode systématique d'exploration de la nature du monde ». Les méthodes des mystiques, cependant, sont fort peu similaire aux méthodes des scientifiques, si ce n'est d'une manière très superficielle. Le mysticisme n'a aucun intérêt dans la manière dont les choses fonctionnent, ou dans découvrir comment les phénomènes naturels fonctionnent. Le mysticisme est intéressé par le fait de se retirer du monde de la nature dans un état qui me semble être une préparation à la mort: un état de non-jugement, de silence totale, et d'absence de perturbations (mysticisme contemplatif). Ou bien il est intéressé d'atteindre une sorte d'expérience qui l'élève au-delà de ce monde dans une sorte de béatitude, ou d'union orgasmique avec l'Esprit ou le Cosmos (mysticisme extatique). Aucune des deux versions ne semble avoir en commun grand chose avec la science.

Radin exprime peut-être son accord avec l'idée que l'ancien mysticisme hindou est uniquement de la physique quantique emballée dans un discours métaphysique. Cette idée semble être née du livre de Fritjof Capra « The Tao of Physics: An Exploration of the Parallels Between Modern Physics and Eastern Mysticism » (1975). Les deux premières parties de ce livre sont une excellente présentation des anciennes religions et de la physique moderne. La troisième partie, qui tente de connecter les deux, est par contre un échec complet. Cependant, c'est cette troisième partie qui a influencée de nombreux défenseurs des médecines énergétiques du Nouvel Age, qui prétendent que la physique quantique prouve la réalité de tout et n'importe quoi, depuis le chi et le prana jusqu'au perceptions extra-sensorielles (PES) ou la kinésiologie appliquée. L'idée qu'il existe une telle relation est infirmée par la plupart des physiciens, mais des livres tel que celui de Capra ou encore celui de Gary Zukav « The Dancing Wu Li Masters: An Overview of the New Physics » (1976) continuent à rester populaire chez les penseurs alternatifs.

Radin termine son premier chapitre avec une discussion sur la science. Il dit que la science peut être définie comme «  un ensemble bien accepté de faits et de méthodes pour obtenir ces faits » (19). Rien n'est dit à propos du rôle des théories, des hypothèses et d'autres choses similaires. La seule notion qu'il aborde est la notion de méthodes scientifiques (au pluriel). Il remarque que des observations contrôlées et disciplinées sont importantes en science, mais ne sont pas suffisantes. Il remarque aussi que des mesures précises sont importantes en science, particulièrement des mesures indépendantes et répétables. Il affirme: « Les scientifiques du dix-septième siècle n'avaient pas encore développés des méthodes qui permettaient de clairement distinguer des effets réels du hasard » (20). Cependant, il suffit de simplement citer les recherches de Gilbert sur les aimants, de Boyle sur les gaz ou encore les expériences de Newton sur les corps en mouvement pour se rendre compte que les scientifiques du 17e siècle avaient au contraire des méthodes pour distinguer les effets réels du hasard. Il est vrai qu'ils n'avaient pas les méthodes que les statistiques modernes fournissent aux scientifiques aujourd'hui. Mais c'est une exagération de dire que les scientifiques du 17e siècle n'avaient aucun moyen de distinguer les événements dûs au hasard. Et, même si c'est vrai que, comme Radin le dit, les scientifiques du 17e siècle étaient incapables d'étudier la grande majorité des sujets qui sont abordés aujourd'hui par les sciences, ce n'était pas à cause d'un manque de méthodes mais à cause d'un manque de connaissances et de technologies.

Même s'il y a de nombreuses méthodes d'observations et de mesures que les scientifiques peuvent utiliser, Radin dit qu'il n'y en a qu'une seule qui est essentielle pour la science: la répétabilité. Comme le dit Radin: la répétabilité est devenue « grosso modo équivalente à un test de la stabilité » des phénomènes (20). La répétabilité est une questions particulièrement sensible dans le domaine de la parapsychologie à cause de l'histoire des scientifiques faisant des affirmations extravagantes à propos des résultats de l'une ou l'autre recherche, uniquement pour être ensuite incapable de répéter ces résultats. Les sceptiques ont généralement attribué cette incapacité à répliquer à des défauts dans la recherche originale. Robert Jahn, dont le laboratoire à l'Université de Princeton a fait des recherches sur la micro-PK durant plus de deux décennies, prétend que le Psi n'est pas répétable parce qu'il est « sensible à une variété de facteurs psychologique et environnementaux qui sont difficiles à spécifier, et encore plus à contrôler ». Un autre parapsychologue, J. G. Pratt, croit que le Psi est un événement spontané, et qu'une « répétabilité prévisible est impossible à atteindre ». Charles Honorton, dont le travail sur les études Ganzfeld est considéré comme une des plus importantes contributions aux recherches sur le Psi, maintient que les phénomènes Psi sont affectés par si les personnes impliquées dans l'étude sont dans « un état relax » ou non. Freeman J. Dyson, cependant, croit que les évènements paranormaux se produisent uniquement lorsque les gens sont dans une situation de stress et qu'ils ont des émotions fortes. Certains croient que le fonctionnement médiumnique peut être amélioré par des états modifiés de conscience et plus difficile dans les états normaux. Certains parapsychologues défendent l'idée que la seule chose qui a été répliquée de manière répétée dans les recherches sur le Psi est que les sceptiques obtiennent des résultats négatifs et les croyants des résultats positifs (un effet surnommé l'effet mouton-chèvre). Certains affirment que les pouvoirs médiumniques diminuent au fur et à mesure qu'ils sont testés (l'effet déclin). Adrian Parker défend l'idée que le Psi dépend de la nouveauté du design de l'expérience et de la motivation des chercheurs. Aucun autre sujet d'investigations scientifiques ne semble avoir autant de variables qui peuvent potentiellement affecter sa répétabilité que le Psi. « Si un phénomène est extrêmement instable », remarque Radin, « nous ne pouvons pas être certain que nous mesurons un effet réel, un autre effet, ou juste des variations aléatoires » (20). En résumé, il sera très difficile d'avoir une science du Psi si celui-ci est hautement instable. Malgré l'insistance de Radin qu'il existe une abondance de preuves scientifiques en faveur de l'existence du Psi, il se pourrait que les sceptiques aient raisons lorsqu'ils défendent l'idée que ces preuves sont des illusions. La raison pour laquelle le Psi reste un sujet controversé est que ou bien il s'agit de quelque chose qui n'existe pas ou bien il s'agit de quelque chose qui existe mais qui est trop instable pour être observé de manière minutieuse et mesuré par des moyens scientifiques. Dans ce cas, la seule manière adéquate de procéder est de regarder les preuves scientifiques et de laisser les données s'exprimer.

 

Fin de la seconde partie.

 

 


 

Troisième Partie


 

Le deuxième chapitre de la « La conscience invisible » est intitulé « Expérience ». Le point le plus important fait par Radin dans ce chapitre est qu'il y a un problème sérieux avec les anecdotes en tant que preuves. Les deux problèmes principaux concernent la mémoire et le témoignage humain (p. 32). La mémoire « est bien moins fiable que ce que pensent la plupart des gens », dit Radin. Et le témoignage humain « est facilement altéré ».

Cependant, il y a aussi deux profondes erreurs faites par Radin dans ce chapitre. Premièrement, il indique son inclination en ignorant complètement deux catégories d'explications pour les expériences alléguées du Psi: la fraude/contrefaçon et les coïncidences. Deuxièmement, il ne discute des biais émotionnels, cognitifs et perceptuels qui entravent notre capacité à évaluer de manière adéquate nos propres expériences qu'après ce chapitre sur les expériences, et après que toutes les données en faveur du Psi aient été présentées. Discuter de ces problèmes avant de discuter de l'évaluation des anecdotes et des expériences scientifiques était pourtant essentiel afin de les appréhender adéquatement.

Il y a, selon Radin, trois possibilités lorsque quelqu'un est confronté à une expérience qui lui semble paranormale: soit elle est authentiquement paranormale, soit il existe une explication psychologique, ou bien encore il existe une explication physique (p. 23). Il va ignorer à travers tout ce livre les nombreuses contrefaçons et fraudes qui parsèment l'histoire de la recherche sur le Psi. Il va aussi s'abstenir de discuter de l'idée que de nombreuses expériences qui apparaissent comme étant paranormales sont en réalité juste des coïncidences.

Radin attend jusqu'au chapitre 14 avant de discuter en détail des biais perceptifs, affectifs et cognitifs qui peuvent affecter l'interprétation des expériences personnelles et des expériences scientifiques. En clair, il ne discute de ces problèmes qu'après avoir présenté les données en faveur du Psi et juste après un chapitre fustigeant ceux qui sont sceptiques des études scientifiques qu'il a passées en revue précédemment. Il suggère de cette manière au lecteur - d'une manière fort peu subtile - que tous les biais dont il discute dans le chapitre 14 s'appliquent en fait aux sceptiques qu'il a ridiculisés dans le chapitre 13. Apparemment, ces biais ne sont pas un gros problème pour les magnifiques scientifiques qui pensent que leur travail prouve l'existence du Psi.

Dean

Il fournit un grand nombre de détails quand il raconte des anecdotes vivaces en faveur du paranormal, mais il écarte sommairement, en une phrase, les nombreux problèmes liés à la mémoire, à la perception et aux témoignages qui conduisent les gens à mal comprendre ou à mal interpréter leurs propres expériences. Ces biais perceptifs, affectifs et cognitifs ne devraient pas être pris autant à la légère. Comme l'écrit James Alcock: « nos cerveaux et nos systèmes nerveux... produisent des croyances sans aucun rapport avec ce qui est réel ou vrai... » (Alcock, 1995). De nombreux psychologues sont d'accord avec Alcock que « nous aspirons en général à réduire l'anxiété » et que nous nous accrochons à de nombreuses croyances principalement parce qu'elles satisfont certains besoins ou réduisent ou éliminent la dissonance cognitive. Nous percevons aisément quelque chose qui va dans le sens de nos croyances, mais il est difficile de percevoir des choses qui infirment ou réfutent nos croyances. Comme en discute Shelly Taylor dans Positive Illusions: Creative Self-Deception and the Healthy Mind (1989), « les croyances fallacieuses peuvent souvent être plus fonctionnelles que celles basées sur la vérité ».

Nous ne naissons pas en étant d'emblée des penseurs critiques et même si nous sommes formés par la suite à penser de manière critique, nous éteignons souvent notre « unité de pensée critique » quand nous faisons face à des croyances qui nous semblent essentielles pour satisfaire nos besoins. Nous ne sommes pas intuitivement doués pour appréhender lorsque les évènements peuvent être associés de façon causale. La grande majorité d'entre nous sommes fort peut doués avec les maths et nous tendons à surestimer énormément les probabilités que des évènements se produisent. En clair, la plupart d'entre nous ne sont pas bons à faire des jugements probabilistes ou à comprendre quelle signification, s'il y en a une, nous devons donner aux probabilités*. Nous avons évolué pour faire des associations causales rapides et cela fonctionne parfaitement pour nous la plupart du temps, mais parfois nous sautons à pieds joints sur une conclusion erronée et percevons des relations de cause à effet inexistantes. Même quand nous savons qu'il n'existe pas de relation causale entre deux choses qui se produisent simultanément dans l'espace ou consécutivement dans le temps, il se peut que nous croyons toujours que les deux ne se sont pas produits par hasard et sont reliés d'une manière inconnue.

Nous avons évolué pour voir des patterns et cela nous est utile la plupart du temps, mais souvent nous échouons à percevoir des patterns qui sont là. Encore plus souvent, cependant, nous percevons des patterns, de la signification ou du sens là où il n'y en a pas.

Nous donnons une importance disproportionnée à nos propres interprétations des expériences qui ont une forte composante émotionnelle. Nous sommes fortement influencé par les suggestions et les opinions des autres, particulièrement des gens que nous admirons et que nous respectons. Le cerveau lui-même est « capable de générer des expériences perceptuelles extraordinaires et fantastiques pour lesquelles nous sommes rarement préparés » (Alcock, 1995). Et la mémoire n'est pas uniquement peu fiable, c'est un « processus de construction plutôt qu'une transcription littérale de nos expériences passées » et donc « les souvenirs sont sujets à de sérieux biais et transformations » (ibid.).

Donc, il vaudrait la peine de considérer chacune des choses suivantes avant de discuter d'anecdotes poignantes et de recherches scientifiques du paranormal.

Chacune d'entre-elles est abordée dans le « Dictionnaire Sceptique ». Je ne vais pas répéter ici ce que j'y ai écrit. Il me suffit de dire qu'il y a de nombreuses raisons en plus du fait que la mémoire, tout comme le témoignage humain, ne soit pas fiable pour ne pas prendre les anecdotes pour argent comptant.

 

Fin de la troisième partie.

 

 


 

Quatrième Partie


Dans le troisième (« La reproductibilité ») et quatrième (« La méta-analyse ») chapitre, Radin compare la performance des joueurs de baseball avec celles des médiums (Gary Schwartz aime aussi les comparaisons sportives, même s'il préfère pour sa part comparer les performances des médiums à celles des joueurs de basketball). L'analogie sportive est trompeuse, parce que si nous savons ce que cela signifie pour un joueur de baseball de réussir .357 ou pour un joueur de basketball de réussir 50% de ses paniers libres, à l'inverse nous ne savons pas ce que cela signifie pour un sujet, un groupe, ou un ensemble de groupes de « réussir » 34% quand il s'agit de deviner des cartes alors que le hasard se situe à 25%. Même si le hasard ou la chance joue un rôle dans le baseball et le basketball, l'analogie entre les sports et le hasard mathématique n'est pas aussi évidente que Radin le prétend. Les chances de deviner une série de cartes à jouer sont claires et il est possible de les calculer, et elles n'ont rien à voir avec les performances passées d'un individu donné à deviner des cartes. Les chances qu'un joueur de baseball frappe la balle ou qu'un joueur de basketball fasse un panier ne peuvent être calculées que si on connait les statistiques liées à un individu particulier.

Radin utilise l'analogie du baseball pour introduire certains concepts statistiques importants, comme par exemple un « intervalle de confiance à 95% ». Il remarque ce qui est évident: la moyenne des succès du joueur de baseball Mickey Mantle durant toute sa vie est une meilleure mesure de sa « compétence réelle » qu'une seule année durant laquelle il n'a eu que quelques rares succès ou une année durant laquelle sa performance a varié de manière importante. Radin pense qu'il est pertinent de comparer cette procédure consistant à mesurer la  « compétence réelle » de Mantle à celle qui consiste à prendre les données de différentes études sur le Psi et les agréger ensemble dans le cadre d'une méta-analyse. L'implication est que les méta-analyses sont une meilleure mesure de la « véritable valeur » de ces études prises individuellement. En réalité, les méta-analyses vous donnent des échantillons plus importants, ce qui en retour vous permet de calculer une statistique pour l'intervalle de confiance à 95% que vous n'avez pas nécessairement dans chacune des études individuelles. Il aurait put tout aussi bien comparer la moyenne de 17 joueurs durant 17 ans et prétendre que la moyenne totale vous donne la « véritable valeur » du « joueur moyen », ce qui serait une baliverne.

A cause de l'analogie du baseball, le lecteur reste avec l'impression que, dans les expériences sur le Psi, on va comparer les performances du hasard mathématique avec les performances effectives des individus et des groupes d'individus. Cependant, Radin ne mentionne pas que la différence entre le hasard et la performance actuelle de la divination de cartes ne présente d'intérêt, par exemple, que si on présuppose que ce qui est attendu par le hasard théorique est ce qui se produit effectivement dans le monde réel, ce qui est un présupposé qu'il est tout à fait possible de questionner (voir mon entrée sur l'« Hypothèse concernant le Psi »).

Nous pouvons cependant accepter en partie son analogie: les performances Psi varient, de même que les performances des athlètes. Cependant, comme nous n'avons aucune idée de comment le Psi fonctionne, nous n'avons aucune idée de comment le Psi varie. Si nous présupposons que le Psi est une compétence humaine comme frapper une balle au baseball, alors certaines personnes seront meilleures que d'autres et la pratique améliorera la compétence jusqu'à un certain point. Si, à l'inverse, le Psi est un événement spontané plutôt qu'une compétence, on peut alors dire adieu à toute possibilité de réaliser des expériences contrôlées réplicables.

Radin admet que les expériences Psi fonctionnent avec le présupposé - qui est selon moi un présupposé faux - que si un sujet devine correctement « alors, c'est considéré comme une preuve de deux choses: les perception extra-sensorielles (PES) ou la chance » (p. 37) (Selon lui, on ne peut dire quand un frappeur cogne la balle par adresse ou grâce à un coup de bol. En voyant la balle s'envoler hors du stade, la plupart des amateurs évoqueront le premier facteur. Bien entendu, la chance intervient quand la balle fonce directement dans le gant de l’arrêt-court ou tombe exactement entre les joueurs du champ centre et du champ gauche, mais ce type de chance est bien différent de celui dont on parle quand il s'agit d'expériences avec des cartes).

La question de la reproductibilité est suffisamment compliquée sans amener toute ces analyses superflues consacrées au baseball. En résumé, Radin nomme Psi un résultat dont il est peu probable qu'il soit dû uniquement au hasard (c'est-à-dire à la simple chance) mais il reconnait qu'un seul essai ou qu'une seule étude ne seront pas suffisants pour établir l'existence du Psi. La reproductibilité des résultats est nécessaire.

Il y a des remarques intéressantes que fait Radin à propos de la reproductibilité. La plupart des réplications échouent. La plupart des études réussies ne sont pas répétées. Les réplications ne sont pas récompensées, alors que les recherches originales le sont. Cependant, nous dit-il, les enquêteurs du Psi ont « réalisé des milliers de réplications d'études » (p. 39).

Radin passe la grande partie du chapitre trois à discuter de huit raisons pour lesquelles les réplications sont difficiles à réaliser. La première est que les phénomènes Psi ne seraient pas reproductibles parce qu'il n'y aurait rien à répliquer. Certains sceptiques font cette assertion, dit-il (p. 41). Il n'est bien entendu pas d'accord.

Les expériences avec des gens sont difficiles à répéter parce que les interactions entre l'expérimentateur et les sujets affectent les résultats. Il y différents facteurs psychologiques qui ont été pris en considération quand il s'agit d'évaluer les études portant sur les êtres humains, et ceci inclut les attentes de l'expérimentateur et de leurs critiques. Les chercheurs Psi peuvent ne pas remarquer des données qui se trouvent juste sous leurs yeux, et de même les sceptiques. Les gens ne sont pas statiques, et les résultats des mêmes tests sur les mêmes gens peuvent souvent donner des résultats différents à cause de changement dans les gens eux-mêmes. Le biais de confirmation peut affecter comment les expériences sont conçues, conduites et interprétées. Mais la parapsychologie souffre d'un autre problème, nous dit Radin: un biais dans les médias, y compris les médias scientifiques. Il prétend que Newsweek (1995) a créé une « pure fiction » quand le magazine a déclaré que « d'autres labos, utilisant la machine de [Robert] Jahn [pour des expériences de psychokinèse], n'ont pas obtenu les mêmes résultats » (p. 43). Ceci n'est pas une fiction, pure ou impure. Stanley Jeffers, un physicien à l'Université de York, Ontario, a répété les expériences de Jahn mais avec des résultats au niveau du hasard (Alcock 2003, p. 135-152) (voir "Physics and Claims for Anomalous Effects Related to Consciousness" dans Alcock & co. 2003. Résumé.). Il a utilisé l'équipement de Jahn ainsi que le sien, et aucun des deux n'a réussi à répéter les résultats (Jahn & co. ont aussi échoué à répliquer les résultats de PEAR lors d'expériences réalisées en Allemagne (voir « Mind/Machine Interaction Consortium: PortREG Replication Experiments », Journal of Scientific Exploration, Vol. 14, No. 4, pp. 499-555, 2000. Ce travail ayant été réalisé avant la publication de « La Conscience Invisible », nous ne pouvons pas reprocher à Radin de ne pas avoir mentionné cet échec de réplication. Cependant, nous pouvons le lui reprocher pour son livre de 2006, « Entangled Minds »). Jeffers lui-même remarque le biais dans les médias scientifiques lorsqu'il écrit: un éditeur a offert en riant de publier un papier PEAR « seulement si celui-ci lui était transmit par télépathie ».*

Radin prétend que « les recherches de  Jahn ont été répétées par plus de soixante-dix chercheurs dans le monde, aussi bien avant qu'après que Jahn ait produit le corps principal de son travail » (p. 43). Comment est-ce que quelqu'un reproduit quelque chose avant que le travail principal n'ait été réalisé? Certains pourraient considérer le travail de Jahn comme une répétition des essais d'Helmut Schmidt avec des générateur de nombres aléatoires (GNA), mais cela semble absurde de considérer que le travail de Schmidt est une réplication du travail de Jahn. Et pourtant, c'est ce que Radin fait (puisque Radin considère que les méta-analyses sont identiques à des réplications, cette notion de réplications réalisées dans le passé lui semble raisonnable, je suppose).

Sur un autre sujet, je suis d'accord avec Radin lorsqu'il dit qu'utiliser le terme « pseudo-science » pour décrire les recherches sur le Psi est contre-productif. De telles étiquettes sont des entraves à la discussion. D'un autre côté, je ne pense pas que les parapsychologues devraient s'attendre à être traités comme des physiciens, des biologistes, ou des chimistes juste parce qu'ils ont des intentions scientifiques. Ils doivent faire mieux que juste produire quelques études statistiques intéressantes. Aussi populaire que le livre de Radin soit, proclamer que vous avez la vérité scientifique à propos des phénomènes métapsychiques, et que cela a été répliqué et démontré n'est pas suffisant. Les données doivent parler pour elles-même.

Parce qu'il n'y a pas de théorie générale de comment le Psi fonctionne, Radin semble penser que la parapsychologie est orientée par les données plutôt qu'orientée par la théorie, mais rien ne pourrait être plus loin de la vérité. L'a priori qui dirige le travail de tous les chercheurs du Psi est que si les sujets ont réalisé un score meilleur que le hasard, alors ils ont démontré le Psi (pour autant qu'il n'y ai pas de fuites sensorielles, de tricherie, de fraude, d'erreurs statistiques, etc.). Mais la détermination de si les données peuvent être expliquées uniquement par le hasard peut être affectée significativement par des biais, nous dit Radin. Cependant, tous ces exemples sont des chercheurs ou des sceptiques qui interprètent les données comme étant causées par le hasard, et non le Psi. Il n'a pas d'exemple de personne qui interprète les données comme étant causée par le Psi quand le hasard serait une meilleure explication. Par exemple, Radin attribue la différence entre comment John Coover interprète ses données de divination de cartes et la manière dont Robert Thouless les interprète aux attentes de la part des sceptiques. Coover fut le premier «  Fellow in Psychical Research » de l'Université de Stanford. Jusqu'en 1917, il réalisa quatre grandes études (avec 10000 essais et plus) et il rapporta qu'il n'avait rien trouvé qui apportait du poids à la croyance dans les perceptions extra-sensorielles (PES). L'expérience principale impliqua 100 paires de sujets dans 100 essais. Grosso modo la moitié de celles-ci furent à propos de la télépathie (expérimentale) et l'autre moitié à propos de la clairvoyance (contrôle). C'est-à-dire que, dans la moitié des essais, un émetteur a regardé la carte avant d'essayer de l'envoyer par communication télépathique à un receveur. Dans la seconde moitié, l'émetteur a regardé la carte après que le receveur ait tenté de la deviner. Radin écrit que la capacité du receveur à deviner la carte correctement fut de 160 contre 1 en défaveur du hasard (1997: 65). En 1939, le psychologue Robert Thouless (d. 1984) a trouvé que si les données de l'expérience principale étaient regroupées ensemble, il y avait 44 succès au-delà de ce qui était attendu par hasard. Thouless suggéra que les données donnaient du crédit à un léger effet paranormal. Il calcula que les probabilités que cela se soit produit par hasard était de 200 contre 1. Coover attribua ce supplément de succès à des erreurs d'encodage de la part des expérimentateurs (Hansel 1989: 26). De plus, F. C. S. Schiller trouva que les données donnaient des probabilités de 50000 contre 1 à l'encontre du hasard, mais il n'utilisa que les quatorze sujets avec les résultats les plus élevés. Coover répondit qu'il lui était possible de trouver toutes sortes d'événements allant à l'encontre du hasard s'il était sélectif dans son utilisation des données (Hansel: 1989: 28).    

Le prix Nobel Charles Richet fut particulièrement vocal dans sa critique du travail de Coover. Coover répondit en proclamant qu'il ne pouvait pas être nié que la fraude était fréquente, générale et bien connue dans la recherche métapsychique. Le témoignage de phénomènes médiumniques par des hommes astucieux et éminents, dit-il, a eu un effet négatif sur les recherches parce que cela a mené à écarter les interprétations contraires des mêmes phénomènes, ignorer les manques de contrôles durant ces expériences métapsychiques, et à se baser sur les témoignages corroboratifs des autres, à un tel degré que cela a fragilisé la rigueur contre la fraude à laquelle on s'attendrait de la part des chercheurs. Coove remarqua aussi que dans les autres sciences les chercheurs contrôlent les conditions, mais lorsqu'il s'agit de tester les pouvoirs médiumniques, les médiums contrôlent les conditions.* 

Ni Schiller, ni Richet, ni même Thouless, cependant, ne tentèrent de répéter les expériences de Coover. Pour cela, il faudra attendre que J. B. Rhine s'installe à l'Université de Duke en 1927. Radin dit que Coover était peut-être plus pessimiste à propos de ses données que d'autres à cause de la « pression désapprobatrice de ses pairs à Stanford » (p. 65). Cependant, Radin remarque aussi que diverses études ont montré qu'1% d'erreurs lors de l'encodage est typique. Du coup, la suspicion de Coover pourrait très bien avoir été justifiée.

Radin écarte aussi le travail de J. L. Kennedy (1939) et le compare à un croyant - qui n'est pas nommé - qui, sur base de l'analyse des mêmes données, a obtenu une probabilité de 10 millions contre 1 que le résultat se soit produit par hasard alors que Kennedy dit pour sa part que rien d'intéressant n'est ressortit de ses résultats. Radin écarte aussi l'évaluation réalisée par Ray Hyman des données du Ganzfeld comme étant entachée par des attentes (voir « The Elusive Quarry: a Scientific Appraisal of Psychical Research », Prometheus Books, 1989. Voir aussi Hyman, 1995). Radin remarque que 13 répétitions non significatives, lorsqu'elles sont combinées en une seule grande expérience, « produisent un résultat global qui est statistiquement significatif » (p. 46). Au lieu de voir cela comme quelque chose d'embarrassant, Radin prend au contraire cela comme une preuve de l'intérêt des méta-analyses. Qui ne pourrait  s'enthousiasmer pour une méthode qui permet de prendre 13 échecs de réplication, les additionner ensemble, et obtenir au final une grande réplication statistiquement significative?

Radin attaque aussi Susan Blackmore pour ne pas voir la signification de ses propres recherches. Blackmore, qui a un diplôme en parapsychologie et qui a fait de la recherche dans le domaine pendant des années, l'a finalement quitté parce qu'elle ne pouvait trouver de preuves concluantes de l'existence du Psi. Elle a aussi trouvé qu'un des laboratoires qui obtenait les meilleurs résultats dans le cadre des recherches Ganzfeld n'était pas comme il prétendait l'être.*

En ce qui concerne les réplications, Radin remarque qu'il y a des problèmes importants liés à des facteurs statistiques. Il remarque que les probabilités de reproduire « exactement la même expérience » avec 50 sujets est d'à peu près 50% (p. 47). Cela est vrai quelle que soit l'expérience originale. « Les expériences qui impliquent des êtres humains n'arrivent jamais à être exactement les mêmes deux fois... » (p. 47). « Les sceptiques qui demandent des taux élevés de réplication pour les expériences Psi ne comprennent simplement pas les statistiques de la répétabilité » (p. 47). Cependant, quelqu'un qui peut additionner 13 mauvais tests pour en obtenir 1 bon, lui, prétendument comprend ces statistiques?

Les défauts dans la conception de l'expérience est un autre facteur qui affecte la répétabilité. Radin remarque correctement que tous les défauts ne sont pas créés égaux. Certains sont fatals, mais d'autres non. Ce n'est pas une critique valide de dire qu'il est possible qu'il existe un défaut inconnu des sceptiques dans une expérience. Aucune expérience n'est parfaite, mais cela n'excuse par les mauvaises conceptions ou le manque de contrôles durant une expérience. 

Radin a raison de dire qu'il serait « trop d'exiger pour un phénomène impliquant des performances d'êtres humains » qu'il fonctionne à chaque fois. Mais il devrait fonctionner la plupart du temps, non? Est-ce que vous, vous prendriez un médicament qui a fonctionné lors des essais une fois sur six? Exactement, combien de fois est-ce qu'une étude doit être répliquée?

Comme la plupart des recherches ne sont pas répliquées - et même le plus souvent personne ne tente de les répliquer - la question semble discutable. Hansel a dit qu'il accepterait le Psi s'il y avait 3 bons essais à 100 contre 1 contre la chance. Radin dit que cela a été fait des douzaines de fois et « les sceptiques informés savent que le hasard n'est plus une explication viable pour les résultats obtenus dans le cadre des expériences Psi » (p. 50). Cependant, pour Radin ces réplications se produisent dans des méta-analyses, le style d'étude qui vous permet de prendre 13 mauvaises recherches et de les transformer en une seule bonne. Comme le dit R. Barker Bausell: les méta-analyses « élèvent le biais de publication au niveau d'une forme d'art ».

 

Fin de la quatrième partie.

 

 


 

Cinquième Partie

 

Radin explique dans la quatrième partie comment il comprend et utilise les méta-analyses. La méta-analyse est pour lui la poule aux œufs d'or. Contrairement à R. Baker Bausell, Radin ne voit pas la méta-analyse comme une forme de biais de publication. Bien plutôt, il l'utilise comme une manière de mesurer combien la réplication s'est produite. Je ne connais personne d'autre qui considère que la méta-analyse est une forme de réplication des études scientifiques. La plupart considèrent qu'il s'agit d'une manière de mesurer s'il est probable qu'il y ait quelque chose de significatif en train de se produire dans une relation causale, et ce même si l'effet est très petit. Il appelle la méta-analyse « l'analyse des analyses », mais je ne pense pas qu'en réalité cela implique l'analyse d'une analyse: il s'agit d'une manière d'utiliser des formules statistiques afin d'extraire de la signification statistique à partir d'un échantillon d'études.  

Radin fait plusieurs analogies discutables dans ce chapitre. Nous en avons déjà mentionné une: il compare la moyenne des frappes des joueurs, des équipes, et des leagues avec les performances psi des individus, groupe et groupes de groupe. L'analogie est fallacieuse parce que, s'il y a peu de désaccord entre la répétabilité et la signification des données en baseball, la fiabilité et le signification des données des expériences psi est pratiquement toujours largement discutable. Nous ne sommes jamais vraiment certain de ce que représente les données d'une expérience sur le psi. Nous savons ce que cela signifie pour un jouer de frapper .357, mais nous ne savons pas ce que cela veut dire pour un sujet, un groupe, ou un groupe de groupes d'obtenir 34% de réponses correctes dans une tâche consistant à deviner des cartes lorsque le hasard prédit 25%. Je reviendrai brièvement à cette seconde analogie discutable. Mais premièrement, cependant, nous allons voir comment il conçoit la recherche scientifique.

Radin discute quatre différentes manières de passer en revue la recherche scientifique, mais il n'est pas clair en ce qui concerne la signification de cette distinction, et il n'est pas non plus clair à propos de pourquoi nous en aurions besoin. La seule qui compte est la méta-analyse. Il nous dit qu'il s'agit « d'une technique structurée pour analyser de manière exhaustive un ensemble complet d'expériences »  (souligné par moi). Cela induit le lecteur en erreur parce qu'aucune méta-analyse ne peut peut savoir si elle est exhaustive ou complète. La plupart, en fait, impliquent un processus d'élimination de certaines études, aussi que la reconnaissance que celle-ci ne peut pas être complète à cause du fait que la plupart des études ayants obtenu des résultats négatifs n'ont pas été publiées (l'effet tiroir). Il écarte sommairement l'effet tiroir comme n'étant pas important parce qu'il a une formule statistique qui montre que le nombre d'études devrait être incroyablement élevé). Son affirmation trompe aussi le lecteur parce que, comme Radin le remarque lui-même, dans le cadre d'une méta-analyse le lecteur doit évaluer les différentes études sous divers aspects tel que, par exemple, les chercheurs, la nature des contrôles, le nombre de sujets dans l'étude, où l'étude fut publiée (si elle a été publiée), et les similarités ainsi que les qualités globales des études.

Radin écarte en une seule phrase les problèmes liés aux biais et simplifications excessives dans la manière de passer en revue les études en se plaignant que « les critiques sont partout » (p. 54), comme si cela était une mauvaise chose! Comme le remarque Ray Hyman dans sa revue des études ganzfeld (Hyman 1989): il (Hyman) et  Charles Honorton sont en désaccord en ce qui concerne l'évaluation de la qualité de beaucoup d'études qu'Honorton a inclu dans sa méta-analyse. Nombre de ces désaccords étaient basés sur ce que Hyman considérait comme des techniques de randomisation adéquates. Il critiqua aussi Honorton pour ne pas avoir inclu un certain nombre d'études et pour ne pas avoir remarqué qu'il existe une tendance à ne publier les résultats des études avec un échantillon faible que si les résultats sont positifs. En résumé, Hyman trouva un certain nombre de défauts que Honorton ne percevait pas comme tel (voir Hyman, 1989, p. 42-44). 

Radin décrit les méta-analyses comme une méthode comparant les pommes et les oranges pour apprendre quelque chose à propos des fruits. C'est une autre mauvaise analogie. Les études rassemblées ensembles pour une analyse ne devraient pas être comme des pommes et des oranges. S'il y en a, alors un type devrait être écarté. Vous voulez que toutes les études soient à propos de la même chose, et pas deux types de choses différentes à partir desquelles vous espérez pouvoir généraliser vers encore quelque chose de plus général! Vous n'examinez pas 25 études à propos de l'aspirine et 25 à propos des statines dans le but de généraliser à propos des pilules!

Son seul exemple d'une méta-analyse dans ce chapitre concerne les aspirines où un intervalle de confiance de .99 fut utilisé (c'est-à-dire qu'il y a une chance sur cent que les résultats soient dûs au hasard). Aucune expérience psi n'a utilisé un standard aussi élevé. S'il avait utilisé l'habituel intervalle de confiance de .95 (une chance sur vingt que les résultats soient dûs au hasard), la majorité de ces études sur l'aspirine aurait été significatives d'un point de vue statistique. Les études sur les aspirines nous fournissent un bon exemple de comment une méta-analyse peut fournir une preuve forte en faveur de la signification de données, et ce même si dans plusieurs cas les études individuelles ont obtenu des résultats négatifs. Radin utilise un certain nombre de graphiques pour tenter de démontrer sa position concernant les méta-analyses. Son utilisation de données visuelles est selon moi problématique, et mérite un long commentaire, que je présente ci-dessous:   

Je pense qu'il propose aussi une fausse analogie lorsqu'il compare les études sur les aspirines avec les études sur le psi. Premièrement, les études sur les aspirines utilisent un standard plus élevé (un intervalle de confiance de 99%) que n'importe quelle étude sur le Psi (95%). Deuxièmement, l'interprétation des données est beaucoup plus ambiguë que dans le cas des recherches sur les aspirines. Radin termine le chapitre avec une comparaison entre les sciences dures et les sciences sociales en ce qui concerne la précision des mesures. Là encore, il s'agit d'une mauvaise analogie parce que les sciences dures utilisent un standard supérieur aux sciences sociales; les outils de mesures sont généralement plus précis dans les sciences dures, mais les items qui sont mesurés (comme les propriétés des particules sous-atomiques) sont difficiles à mesurer. Les sciences dures ont peut-être des critères plus précis pour déterminer quelles mesures sont à rejeter, mais dans tous les cas tout cela n'a rien à voir avec l'évaluation des méta-analyses. Ce point est important pour la question plus large de la précision des mesures, mais la comparaison avec la recherche sur le psi est problématique puisqu'il n'est jamais vraiment clair ce qui est prétendument mesuré dans les expériences sur les psi. 

Les distorsions et présentations incorrectes des données visuelles par Radin

La présentation visuelle des données par Radin en tant que point estimé au sein d'un intervalle de confiance est au mieux problématique, et au pire trompeuse et de la désinformation. Son premier graphique est à la page 34 de l'édition anglophone (page 59 de l'édition francophone de poche chez J'ai Lu: Aventure Secrète) et prétend présenter le « niveau réel de compétence » de Mickey Mantle en tant que batteur. Qui que ce soit de familier avec les moyennes de frappes au baseball ne trouvera rien d'intéressant dans ce graphique. Visuellement, il ne transmet aucune information ou faits, contrairement à un graphique en lignes avec les moyennes de frappes de Mantle chaque année comparée à une ligne de base, comme par exemple la moyenne de frappes de tous les joueurs centres de la League Américaine. Le concept de « véritable niveau de compétence » n'a aucun sens dans ce contexte.   

De plus, aucune statisticien n'appliquerait des intervalles de confiance à la seule moyenne de frappes d'un seul joueur de baseball. Quel est le sens d'affirmer que quand Mantle frappe .257, son véritable niveau se situe entre .235 et .310 avec un 95% d'intervalle de confiance? C'est du charabia! 

Quand Radin présente sa première méta-analyse (à la page 55 de l'édition anglophone et page 91 de l'édition francophone chez J'ai Lu), ce n'est pas à propos d'études sur le Psi mais une méta-analyse et 25 recherches sur les aspirines (cliquez ici pour voir le graphe). Ici, son point de données estimées à l'intérieur d'un intervalle de confiance n'est pas sans intérêt et ridicule comme il l'est dans l'exemple de Mickey Mantle. En fait, son approche n'est pas complètement trompeuse, parce qu'il masque l'importance  et les informations fournies par les données de ces 25 études. Son visuel ne montre pas qu'il y avait 22071 médecins-sujets dans ces études et qu'il y avait 104 attaques cardiaques parmi les 11037 sujets dans le groupe aspirine et 189 attaques cardiaques parmi les 11034 sujets du groupe placébo. Son visuel ne montre pas que les probabilités que cette différence soit dûe au hasard est de l'ordre de 100000 contre 1. Son visuel ne montre pas qu'il y eu 44% moins d'attaques cardiaques dans le groupe aspirine ou même qu'il y eu 85 attaques cardiaques en moins dans le groupe aspirine. Évidemment, seulement 0.94%  du groupe aspirine ont eu une attaque cardiaque, alors que 1.71% du groupe placébo en ont eu une. Cela ne semble pas être une différence si importante, mais comme aux États-Unis plus d'un demi-million de gens meurent chaque année d'une maladie du cœur et que 80% des décès dûs à des maladies cardiaques en-dessous de l'âge de 65 ans sont principalement causées par des attaques cardiaques, cela signifie qu'une aspirine par jour pourrait sauver des dizaines de milliers de vies chaque année. (Bien entendu, elles ne sont pas sauvées pour toute éternité. Ceux qui ne meurent pas cette année mourront éventuellement, probablement d'une maladie cardiaque. Quel serait le bénéfice exact qui résulterait de prendre une aspirine chaque jour est difficile à calculer. Qu'il est probable que cela produise un bénéfice chez ceux qui ont des maladies cardiaques est un bon pari. Quel bénéfice exactement est impossible à dire.)        

Avec la manière dont Radin présente ses données, seulement 5 des 25 recherches ont des résultats positifs (c'est-à-dire, avec un intervalle de confiance à 99% elles ont leurs deux extrêmes du côté positif du graphique). On peut se demander pourquoi il présente ces données avec un intervalle de confiance de 99% au lieu du classique 95%. Cela a peut-être avoir avec le fait que la plupart des études auraient leurs extrêmes du côté positif du graphique, ce qui dès lors annulerait son argument qu'un groupe d'études qui ne sont pas impressionnantes peuvent le devenir lorsqu'elles sont regroupées. Alors qu'il a raison de dire que « l'effet de l'aspirine fut déclaré « réel » sur base d'une combinaison de toutes les études », ce qui est vrai, il a tort lorsqu'il sous-entend que dans le cas des études sur les aspirines la plupart des études individuelles étaient non impressionnantes ou ne montraient pas un effet positif. Du coup, sa conclusion que « c'est très exactement ce que les méta-analyses ont fait pour les expériences sur le psi » est une grossière exagération.

Du coup, non seulement sa représentation visuelle des données induit en erreur, mais elle désinforme. Elle ne révèle pas l'effet dramatique des aspirines en ce qui concerne la prévention des attaques cardiaques. De plus, Radin ne mentionne même pas que les études sur les aspirines ont été stoppée à mi-parcours parce que les données étaient si convaincantes qu'il aurait été problématique d'un point de vue éthique de continuer les recherches et de ne pas offrir les bénéfices de l'aspirine à ceux dans le groupe placébo, ainsi que de faire connaître leurs découvertes au grand public. Du coup, si les recherches avaient été réalisées jusqu'au bout, il est très probable qu'à l'intervalle de confiance de 95%, la grande majorité des études auraient été en faveur des effets positifs de l'aspirine.

Radin a essayé de dépeindre l'étude de l'aspirine comme étant similaire aux recherches sur le psi: prenez un groupe de perdants, regroupez-les ensemble, et déclarez-les gagnants! C'est comme si vous pouviez prendre 20 ans de frappes au baseball en-dessous de .250, les regrouper ensemble, et de cette façon faire comme si d'une certaine manière magiquement cela produirait une moyenne pour l'ensemble de votre vie de .357.

Au fait, il y a eu de nouvelles études sur les aspirines publiée depuis la sortie du livre de Radin en 1997, et la répétabilité est impressionnante. Je ne vais en mentionner qu'une seule. En 2003, une étude a trouvé que l'aspirine réduit le risque de la première attaque cardiaque par 32%. La recherche fut réalise à Mount Sinai Medical Center & Miami Heart Institute (MSMC-MHI) et fut publiée dans les Archives of Internal Medicine. L'étude était une méta-analyse de cinq importants essais randomisés qui impliquaient 55580 participants, dont 11466 femmes. Les chercheurs ont aussi trouvé que l'aspirine réduit le risque combiné des attaques cardiaques, des crises cardiaques et des morts vasculaires par 15%. Rien de similaire n'est venu de la recherche sur le Psi, bien que Radin ait continué a abuser du concept de méta-analyse. Dans son livre récent (Entangled Minds: p. 276), il a réalisé une méga-méta-analyse de plus de 1000 études sur les rêves psi, le ganzfeld psi, l'impression d'être regardé, l'intention à distance, la PK sur des dés et la PK sur des générateurs de nombres aléatoires. Il conclu que les chances contre le hasard d'obtenir ces résultats sont de 10104 (c'est un 10 avec 104 zéros après) contre 1. Radin semble croire qu'il peut construire le Taj Mahal à partir de pièces tirées d'une décharge publique. Il a en réalité créé un hologramme à partir de gaz des marais dans un rayon de la lune.

 

Fin de la cinquième partie.

 

(La dernière partie de l'article est en cours de traduction)

 


 

Traduit par Jean-Michel Abrassart (auteur du blog "Scepticisme scientifique" et du "balado de la Science et la raison").

Dernière mise à jour le 23 août 2019.

Source: Dean Radin - La conscience invisible