LES SCEPTIQUES DU QUÉBEC

Dictionnaire

Validation subjective

La validation subjective consiste à valider une information – une phrase, un mot, une initiale ou un signe – parce que quelqu'un est capable de le trouver signifiant et significatif pour lui-même. La validation subjective est un élément essentiel de toute lecture froide réussie, qu'elle soit faite par un astrologue, un chiromancien, un cartomancien, un médium ou tout autre du genre. Le client dans une telle séance doit coopérer. Heureusement pour le médium, la plupart de leurs clients sont généralement désireux que le médium réussisse et sont prêts à travailler fort pour donner un sens personnel à tout ce que le médium leur dira. Dans une lecture froide réussie, le client sera convaincu que l'exactitude des données fournies n'est pas due à sa coopération mais au pouvoir de l'astrologie, de la chiromancie, du tarot, etc.

Les clients des voyants sont souvent très stéréotypés. Un médium leur dira qu'il sent la présence d'une figure paternelle qui tente de les contacter depuis le monde des esprits et le client n'aura qu'à trouver quelqu'un pour correspondre à cette image. Ça n'a pas besoin d'être le père du client. Donc, si une cliente identifie cette « figure paternelle » à son mari défunt, le médium validera cette association. Si le médium dit qu'elle capte le message « Je ne marche pas seul », le sujet pourra la valider de différentes manières, par exemple en lui disant que c'est sûrement l'âme défunte d'une de ses proches qui étaient en chaise roulante avant de mourir. Il y a des milliers de façons de donner du sens à un stimulus ambigu comme le nom « Michel » ou l'expression « roue brisée » mais ce sera toujours au client d'en choisir une que le médium confirmera.

La mémoire sélective est aussi à l'œuvre dans la validation subjective car c'est très rare que le sujet trouve un sens à toutes les phrases que le médium lui dira. Heureusement pour le voyant, son client va généralement oublier ses échecs et ne se rappellera que de ses succès. C'est-à-dire que le sujet va se rappeler des choses auxquels il fut capable de donner du sens, mais oubliera tout ce qui n'avait aucun sens à ses yeux. Également, il est rare qu'une tierce personne fasse une vérification indépendante de l'exactitude des prédictions du médium à son client.* Donc si un client dit que la prédiction fut très exacte, cela est généralement considérée comme une preuve suffisante par le médium – et par certains expérimentateurs qui testent des médiums tels que Gary Schwartz – de l'exactitude de ce type de voyance.

Plus fort est le désir de prendre contact, plus dur le sujet travaillera pour trouver du sens et faire des associations avec ce que le médium lui dira. On devrait tenir compte de ce fait lorsque l'on met au point des expériences visant à prouver la capacité du médium à recevoir des messages des esprits. Les expérimentateurs devraient toujours vérifier les informations qui sont apporter par le sujet plutôt que par le voyant. Mais même s'il est important de vérifier l'exactitude des informations fournies pour connaître le taux de réussite d'un médium, il ne faut pas oublier les études qui ont été faites sur le fonctionnement de l'esprit humain et la manière dont il donne du sens à des données disparates qu'on lui soumet.

Gary Schwartz est considéré par certains comme étant le plus grand chercheur dans le domaine de la médiumnité de nos jours. Pourtant, lorsqu'il testa Allison Dubois – une voyante dans l'émission « Medium » – il n'a pas utilisé des méthodes de contrôle qui auraient pu éliminer la validation subjective comme facteur de réussite. On demanda à la voyante de contacter une personne décédée qui était proche d'une femme en Angleterre qu'elle n'avait jamais rencontrée. Tout ce qu'on lui a donné comme information, c'était le nom de la femme en question et qu'elle désirait qu'elle communique avec son défunt mari. Durant la séance, Dubois se trouvait à l'Université de Schwartz en Arizona et la femme était quelque part en Angleterre. Une transcription de l'information que Dubois a obtenu durant la séance – supposément du mari mort – a été envoyé à la femme en Angleterre. Elle a évalué que ces informations étaient vraies à 73%. Schwartz déclara donc : « C'est un taux d'exactitude incroyablement élevé. »* Toutefois, il n'avait pas de groupe témoin. Il aurait pu essayer d'envoyer cette même transcription à d'autres veuves en Angleterre en leur faisant croire que ce message provenait de leur défunt mari, et leur demander aussi de coter l'exactitude de ces informations. Il aurait alors eu quelque chose à comparer avec ce 73%. Les sujets à qui l'on donne des fausses prédictions sur leur personnalités les trouvent généralement vrais à 80% ou plus.* C. R. Snyder obtient des résultats tout aussi élevés lorsqu'il donne des fausses prédictions astrologiques (Zusne et Jones 1989:207). Sans groupe témoin, les taux d'exactitude élevés obtenus dans les expériences de Schwartz ne peuvent pas être considérés comme « incroyablement élevé ».

Dans son livre Afterlife Experiments (Expériences de l'après-vie) Schwartz ne dit pratiquement rien à propos de la validation subjective, à part pour écarter l'importance de la lecture froide chez les médiums qui n'utilisent pas les tours standards des magiciens et des mentalistes. Le succès d'une lecture froide, toutefois, ne dépend pas toujours de déduction ou de trichage. Ça ne dépend pas toujours de l'utilisation de l'effet Forer ou de l'effet Barnum. Ce n'est pas toujours comme une expédition de pêche avec une série de questions rapides. Il ne s'agit pas toujours non plus de jouer à Sherlock Holmes et de déceler des indices subtils dans le comportement, l'habillement, l'intonation, le parfum, les bijoux ou toute autre caractéristique de notre client. Mais, la lecture froide dépend toujours de la volonté et de la capacité du client à relier les points pour donner du sens à tout ce que le voyant lui apporte comme donnée.

La validation subjective ne survient toutefois pas seulement lors d'une lecture froide mais dans d'autres situations aussi. Par exemple, des sujets à qui l'on donne de faux résultats lors d'un test de personnalité ou dans un horoscope vont souvent trouver leur exactitude très élevée. Pourquoi? Parce que les humains sont très bons pour trouver du sens dans ce qui n'a pas de sens en soi. Nous sommes spécialement doués pour tout ramener à notre personne. Les mots, les symboles, les signes, les sons, les gestes et tous les autres n'ont pas de sens en eux-mêmes. Les humains leur donnent des significations et souvent leur donnent une signification personnelle même lorsqu'il n'y en avait pas. Nous sommes très bons là-dedans et vous pourriez dire que c'est ce qui nous distingue de la plupart des créatures de cette planète. Il y a des fois, par contre, où l'on ne voit pas ce qui est juste sous nos yeux. Nous voyons ce que nous voulons voir et nous entendons ce que nous voulons entendre. Si notre motivation est assez forte, nous pouvons parfois ramener les mots à la vie et ou croire que des contingences de notre vie sont imprégnées d'une signification paranormale ou de surnaturelle.

 

Voir aussi: Apophénie, Biais de sélection, Effet Barnum, Effect Forer, Lecture à froid et Paréidolie.

Dernière mise à jour le 23 août 2019.

Source: Skeptic's Dictionary