LES SCEPTIQUES DU QUÉBEC

Foire aux questions

Quelle est la mission des Sceptiques du Québec?

Notre mission est d'aider nos membres à améliorer leur esprit critique. Nous la remplissons en tenant des conférences mensuelles et en publiant une revue sur le scepticisme au Québec. Nous offrons aussi au public un site Web sur différentes questions liées au scepticisme.

Pourquoi donc êtes-vous sceptiques?

Parce qu'on sait qu'il est très facile de se tromper, surtout si on se fie aux premières impressions et aux témoignages de gens, même les plus fiables. Il faut donc vérifier dans les faits que, par exemple, les prétentions d'astrologues, de voyants et de médiums arrivent réellement, que les médecines parallèles, telles l'acupuncture et l'homéopathie, donnent des résultats concrets et mesurables.

Alors, qu'est-ce qu'un sceptique?

Seulement une personne qui doute? Et qui douterait de tout, parce que rien n'est absolument certain? Pas vraiment, selon notre conception du scepticisme. Car il n'est pas une position philosophique rigide et dogmatique. Il est plutôt une méthode pour s'assurer que nos idées sont raisonnablement justifiées par des faits observables, quantifiables et reproductibles. On dit souvent que le véritable sceptique ne se prononce pas, tant qu'il n'a pas vu de démonstrations rigoureuses, tant que les phénomènes extraordinaires allégués n'ont pas été soutenus par des preuves tout aussi extraordinaires que convaincantes.

Qu'est-ce que la démarche sceptique?

C'est une méthode principalement basée sur la libre investigation et vérification de toute prétention. Dans le désir d'en savoir davantage, nous suspendons notre jugement pour nous donner la liberté de réfléchir et d'examiner les choses avant de conclure ou de donner notre adhésion. Notre démarche s'inspire de la méthode scientifique : d'abord, à la suite d'un événement ou d'une observation, émettre toutes les hypothèses plausibles. Ensuite, en se basant sur ces hypothèses, faire des prédictions logiques qui pourraient confirmer ou infirmer ces hypothèses. Enfin, vérifier, par des expériences conçues avec soin et rigueur, lesquelles de ces prédictions se réalisent. Seules les hypothèses par lesquelles on peut faire des prédictions valables ont une chance d'être vraies.

Quels sont vos moyens d'action?

Nous avons déjà mentionné nos conférences mensuelles et la publication d'une revue trois fois par année. Sur notre site Web, vous pourrez d'ailleurs trouver des comptes-rendus détaillés de ces conférences et de quelques articles d'anciens numéros de notre revue, Le Québec sceptique. Vous trouverez également sur notre site Web : un concours de prédictions où l'on tente de prévoir des événements improbables avec autant de succès que les astrologues ou les voyants; un formulaire d'inscription au Défi Sceptique, où l'on invite des candidats à venir nous démontrer leurs dons paranormaux; la liste des gagnants aux prix Sceptique et Fosse Sceptique - vous pouvez d'ailleurs nous faire parvenir vos candidatures à ces prix pour l'année courante. Nous vous suggérons aussi quelques lectures sur le paranormal et les pseudosciences par des chroniqueurs ou des chercheurs québécois. Vous pourrez aussi consulter notre dictionnaire sceptique pour vous renseigner sur des phénomènes « étranges ou inexplicables ». Et, si le coeur vous en dit, allez discuter de tous ces sujets sur notre populaire forum sceptique. À l'occasion, vous verrez aussi un de nos porte-parole, à la radio ou à la télévision, présenter notre point de vue sur un sujet d'actualité.

Y a-t-il d'autres groupes sceptiques?

La démarche sceptique est une méthode que beaucoup de groupes semblables au nôtre utilisent également, mais souvent sous des noms différents. Par exemple, aux États-Unis, il y a un organisme sceptique nommé le "Committee for the Scientific Investigation of the Claims Of the Paranormal" (CSICOP), auquel nous sommes affiliés. Par ailleurs, en France, de tels groupes s'appellent, entre autres, des Rationalistes, qui reconnaissent le rôle fondamental de la raison dans l'aventure humaine. Et ils ont formé l'Union Rationaliste. Ou encore, des Zététiciens, qui pratiquent la zététique; mot peu connu, il va sans dire, qui vient du mot grec « chercher ». Les zététiciens recherchent une meilleure connaissance des choses par la méthode scientifique et par l'esprit critique. Et ils ont formé l'Observatoire Zététique.

Êtes-vous certains que le paranormal n'existe pas?

Non, nous n'en sommes pas certains. Mais, jusqu'à présent, on n'en a vu aucune preuve. Dans des conditions contrôlées, ces phénomènes paranormaux ne se produisent tout simplement pas. À notre connaissance, ils n'ont pas été vérifiés expérimentalement. On pourrait conclure, du moins provisoirement, que cette croyance n'est pas justifiée par les faits. Si une croyance ne peut être vérifiée, c'est qu'elle n'a sans doute pas d'impact sur le réel, donc qu'elle n'a pas d'importance directe dans nos vies, sauf possiblement psychologique pour ceux qui y croient.

Pourquoi enlever aux croyants le bonheur de croire?

Nous ne nions pas qu'il pourrait y avoir certains bienfaits psychologiques de croire… à l'astrologie ou aux anges, par exemple. Pourtant, les croyances, non supportées par les faits, peuvent comporter de graves conséquences, surtout si l'on s'en sert pour prendre des décisions importantes : tel qu'investir dans des actions boursières risquées, parce que le signe astrologique est favorable. Ou encore plonger sans connaître la profondeur de l'eau, en espérant la protection de son ange gardien. Nous préférons mieux connaître une réalité, parfois dure ou difficile, pour pouvoir prendre de meilleures décisions. On peut tenter d'empêcher la foudre de tomber sur un clocher d'église par la prière, mais on a plus de chances d'éviter sa destruction en y installant un paratonnerre. La recherche des causes naturelles de phénomènes liés à notre existence est en elle-même stimulante et enrichissante. Elle peut avantageusement remplacer le bonheur aveugle et précaire d'une croyance sans fondements.

La démarche sceptique du doute, de l'examen et de la vérification s'applique-t-elle à la religion?

Les Sceptiques du Québec n'ont pas de position officielle sur la religion. Nous laissons évidemment nos membres libres de se former leur propre opinion sur ce sujet. Toutefois, un récent sondage chez une trentaine de nos membres nous indique que les deux tiers d'entre eux pensent que, oui, la démarche sceptique s'applique aussi à la religion. Vous ne serez pas surpris d'entendre que, pour certains sceptiques, la religion s'apparente au paranormal ou à une pseudoscience, du moins en ce qui concerne les miracles ou autres aspects surnaturels, mystérieux ou inexplicables. Évidemment, toutes les religions ne peuvent tenir des propos différents, et parfois contradictoires, et être toutes vraies en même temps. Quel moyen, autre que l'examen rationnel et critique, avons-nous pour déterminer quelle religion serait plus valable qu'une autre? De plus, comment distinguer le vrai prophète de l'illuminé sans faire l'analyse critique des textes qu'il a produits?

Croyez-vous à quelque chose?

On croit à la réalité des faits, à ce qui peut être démontré par des faits observables et reproductibles. On croit aux théories dont on peut mesurer, dans la réalité, le bon fonctionnement. Par exemple, on croit aux nombreuses théories physiques qui nous ont permis de concevoir et produire le téléphone cellulaire - parce que celui-ci fonctionne. Par contre, on ne croit pas à la communication à distance par télépathie - dans des conditions contrôlées, la télépathie ne fonctionne pas. À notre connaissance, personne n'a réussi de tels tests expérimentaux de télépathie de façon concluante. Aucun succès notable dans presque cent ans de méthode expérimentale! Durant cette même période, la communication instantanée à distance est passée du laborieux télégraphe au si pratique téléphone cellulaire. Et nous attendons toujours une étude sérieuse sur la télépathie avec des résultats positifs, vérifiée par des pairs et publiée dans une revue scientifique reconnue.

Les sceptiques se moquent-ils des croyants au paranormal?

Non, ils ne se moquent pas des croyants. Mais ils pourraient, à l'occasion, traiter d'une façon humoristique certaines croyances. Par exemple, certaines thèses paranormales pourraient leur apparaître logiquement impensables ou contradictoires. D'autres mèneront à des situations physiquement impossibles. Faire ressortir les incohérences, apparentes du moins, de certaines croyances pourra faire sourire. Mais ce rire ne s'adresse uniquement qu'aux idées, qu'aux situations et pas du tout aux adeptes, pas du tout aux personnes elles-mêmes, avec qui on aimerait bien rire, sans pouvoir espérer les comprendre.

Les sceptiques sont-ils dogmatiques?

Nous ne le pensons pas, car chaque membre est libre d'exprimer son opinion sur n'importe quel sujet. S'il y a une liberté fondamentale à laquelle souscrivent ardemment les Sceptiques du Québec, c'est bien la liberté de pensée. Mais, pour nous, cette liberté s'accompagne du devoir de donner les raisons pour lesquelles nous pensons que certaines idées sont plus valables que d'autres. Nous devons aussi demeurer ouverts à la critique, et même rechercher cette critique pour vérifier les limites d'application de nos idées. Tout véritable sceptique est prêt à changer d'idée si on lui démontre qu'il a tort.

À quelle croyance paranormale êtes-vous le plus souvent confrontés?

À celle de la voyance. C'est-à-dire, de gens qui prétendent voir soit le passé, le présent ou l'avenir d'une personne. Ou encore voir des événements futurs qui affecteraient toute une population. Ou encore, par clairaudience, ou voyance auditive, entendre des messages de l'au-delà pour les vivants. Face à cet éventail de prétentions à la clairvoyance, notre approche est d'abord empirique : quelles preuves supportent les faits allégués? Peut-on les observer dans des conditions contrôlées? Ces expériences sont-elles reproductibles?

Traitez-vous tous les cas de voyance de la même manière?

Non, la manière de traiter de ces nombreux cas de voyance pourra être très différente, dépendant de la façon dont ils sont avancés. Cette voyance peut nous être communiquée de façon discrète ou inquiète : on rechercherait alors une confirmation indépendante de son don de voyance. Dans ces cas, nous procédons avec respect et discrétion pour en faire l'analyse critique et donner nos conclusions. D'un autre côté, cette voyance peut être extrêmement confiante et tapageuse. Et proclamer son don, sans vérification indépendante, pour en tirer profit. Dans ces cas, nous pourrions confronter directement le voyant et exiger publiquement des preuves convaincantes.

Qu'était le Défi Sceptique?

C'est un défi qui s'adresse à tous ceux qui pensent posséder des dons surnaturels. Nous offrons une bourse de 10 000 $ ici au Québec, à quiconque peut nous prouver qu'il détient des pouvoirs paranormaux, telles la télépathie, la télékinésie, la voyance et l'astrologie. Si le candidat passe avec succès le test test final selon un protocole rigoureux, il sera bien préparé pour tenter sa chance en répétant sa démonstration devant d'autres groupes sceptiques aux États-Unis ou ailleurs. Tous les candidats qui se sont présentés au test préliminaire, depuis une trentaine d'années, n'ont jamais réussi mieux que le hasard. Ils n'ont pas remporté de prix ici au Québec, ni d'ailleurs à plusieurs autres endroits dans le monde où des prix semblables sont offerts.

Quel genre de tests devait-on passer au Défi Sceptique?

Nous demandons aux candidats de réussir à prouver leurs dons par des tests objectifs. Par exemple, s'ils prétendent voir une aura autour d'une personne, qu'ils nous disent derrière lequel de 5 paravents se cache une personne dont l'aura devrait dépasser. Et répéter ce test plusieurs fois. S'ils pensent pouvoir dire des choses sur les gens sans les connaître, alors qu'ils nous donnent, sans se tromper, des éléments clés de la vie d'une dizaine de personnes : tels le métier, le nombre d'enfants et l'âge de ces enfants. Il faut que ce soit des critères mesurables et vérifiables. D'ailleurs, les voyants ne sont pas tous excellents. Comment déterminer si on fait affaire avec un bon voyant ou avec un charlatan ? Par des critères objectifs de mesure de leurs prédictions. Il faudrait aussi que leurs prédictions soient précises et utiles. Peut-on prédire le prochain numéro gagnant à la loterie? Voilà une prédiction précise et utile!

Louis Dubé (2005)

À noter que le défi sceptique a été annulé à partir de 2020.