LES SCEPTIQUES DU QUÉBEC

Dictionnaire

Anticancéreux naturels

Une attitude positive ne guérit pas du cancer, pas plus qu'une attitude négative ne le cause.
Siddhartha Mukherjee

 

Variété de méthodes dites « naturelles » qu'on préconise pour lutter contre le cancer.

Taper « remèdes naturels contre le cancer » dans Google provoque une avalanche de réponses, et il faudrait bien un siècle ou deux pour en faire le tour complet. En première place, cependant, on retrouve le Cancer Tutor de Webster Kehr, qui affirme qu'il y a plus de vingt façons de faire redevenir normales des cellules cancéreuses. Webster KehrMême s'il y a des millions de personnes atteintes du cancer, et des milliers de scientifiques qui les traitent et qui effectuent des recherches sur la maladie, Kehr affirme que « des traitements sûrs, peu chers et tout en douceur (aux taux de succès de 90 %) existent depuis des décennies, mais que très peu sont au courant ». « Si les médias dissimulent la vérité sur ces traitements quasi infaillibles, c'est qu'ils appartiennent à des multimilliardaires, dont l'appétit financier ne saurait se satisfaire de traitements peu rentables. » Bien sûr... William D. KelleyC'est sans doute la raison pour laquelle on ignore qu'un dentiste du nom de William D. Kelley a déjà guéri des milliers de cancéreux. Il demeure un parfait inconnu parce qu'il « emploie des produits qu'on ne peut breveter ». Tels que?... « Il a recours à des traitements conçus par Dieu. » Mais encore?... « Dieu offre Ses remèdes gratuitement à tous Ses enfants par l'intermédiaire de Mère Nature » Lesquels, bon dieu?... « La médecine orthodoxe refuse tout remède qu'elle ne peut breveter!! » Mais si nous pouvions avoir un peu de précision... Les enzymes protéolytiques. Ah oui? Et quelles sont les preuves de leur efficacité? C'est ce que le Dr Kelley, dentiste, a utilisé pour guérir du cancer. Pan dans les gencives...

La thérapie aux enzymes protéolytiques est également connue sous les noms de thérapie aux enzymes digestives, thérapie aux enzymes pancréatiques, et thérapie aux enzymes systémiques. Selon la American Cancer Society, « Aucune étude bien conçue n'a démontré l'efficacité des suppléments enzymatiques dans le traitement du cancer.Nicholas Gonzalez Les experts remettent en question l'idée que des enzymes prises par voie orale peuvent atteindre les tumeurs par le système sanguin, car les enzymes sont dégradées en aminoacides avant d'être absorbées dans l'intestin ». L'un des promoteurs les plus populaires de l'enzymothérapie, Nicholas Gonzalez, dit qu'il a été inspiré par Kelley. Son étude sur des patients atteints du cancer du pancréas qu'on a traités à l'aide d'enzymes pancréatiques a été publiée dans Nutrition and Cancer en 1999. Selon lui, grâce à sa thérapie aux enzymes, les cancéreux bénéficiaient d'une survie prolongée. Une étude indépendante publiée en 2010 a toutefois révélé que parmi 55 patients présentant un cancer du pancréas non opérable, les 23 qui avaient opté pour la chimiothérapie avaient vécu plus de trois fois plus longtemps (14,0 mois contre 4,3 mois), en bénéficiant d'une meilleure qualité de vie, que ceux qui s'étaient conformés au protocole de Gonzalez. (Outre les enzymes pancréatiques prélevés sur des porcs, le protocole Gonzalez prévoit la prise de vitamines et de suppléments minéraux, des lavements au café, ainsi que des régimes spéciaux qu'on dit faits sur mesure pour le système métabolique du patient.)

Le Cellect et le régime Budwig

Kehr vante également les bienfaits d'une « poudre nutritionnelle nommée Cellect ». Pour autant qu'on puisse le savoir, le Cellect est un supplément vitaminique et minéral qui comprend du cartilage de requin, des algues, du collagène hydrolysé, et du chardon-Marie. On conseille de l'utiliser en suivant le régime Budwig. « Budwig croyait que le cancer découlait d'un manque d'acides gras polyinsaturés, et qu'une combinaison d'huile de lin et de fromage cottage pouvait améliorer la fonction cellulaire. Son régime comporte un mélange d'huile de lin et de fromage cottage, ainsi que des légumes, des fruits et des jus. Il interdit la consommation de sucre, de gras animaux, de crustacés, d'aliments transformés, de soja, de même que la plupart des produits laitiers, tout en encourageant les bains de soleil quotidiens. » Les preuves d'efficacité? M. Kehr ne les mentionne pas, mais la American Cancer Society comble cette lacune : « La majeure partie des preuves d'un effet anticancéreux des graines et de l'huile de lin provient de recherches sur des animaux de laboratoire ou des cellules dans des boîtes de Pétri...Johanna Budwig Il faut davantage de recherche sur les humains pour déterminer l'utilité des graines de lin dans le traitement et la prévention du cancer. Les études en laboratoire et sur des modèles animaux semblent prometteuses, mais celles sur les humains donnent des résultats contradictoires.*

Johanna Budwig (1908-2003) était biochimiste et auteure. Elle a fondé le régime portant son nom sur sa recherche à propos des acides gras, mais aucun essai clinique sur son efficacité n'a jamais été publié dans un journal scientifique avec comité de lecture. Les preuves quant aux bienfaits pour la santé du régime Budwig sont anecdotiques, quoique Budwig ait fourni des arguments à propos du biomécanisme concerné, selon elle.*

Le chlorure de césium

De cet autre moyen naturel de guérir le cancer, la American Cancer Society dit : « Les partisans du chlorure de césium soutiennent que le niveau de pH à l'intérieur des cellules tumorales est habituellement très bas, ou acide, comparativement aux cellules normales, et que des suppléments de cette substance refont passer ce niveau à la normale, ce qui ralentit la croissance du cancer... La recherche scientifique actuelle ne permet pas d'affirmer que des suppléments non radioactifs de chlorure de césium ont un effet sur les tumeurs. Quelques-uns de ceux qui se sont soumis au traitement ont connu des problèmes potentiellement fatals: arythmie cardiaque, convulsions, évanouissements, et déséquilibres électrolytiques. » En d'autres termes, les scientifiques n'ont pas une opinion très élevée de ce traitement naturel du cancer:

Les données scientifiques actuelles vont à l'encontre de l'affirmation que le pH à l'intérieur des cellules cancéreuses du corps diffère de celui des cellules normales, tout comme celle voulant que le pH du corps puisse être modifié d'une façon significative. Par conséquent, le principe derrière la thérapie par l'élévation du pH demeure non prouvé.

Le chlorure de césium a été lié au décès d'une femme de 61 ans qu'on traitait pour un cancer du sein au Colorado.

Le génie du photon

La thérapie naturelle que décrit M. Kehr ne semble pas si naturelle que ça: une grosse machine bourrée d'électronique - c'est un sauna à infrarouges, qu'on appelle le Photon Genius. Le génie faux-jeton coûte la bagatelle de 25 000 $ US (livraison et manutention non comprises). Il est recommandé par un « chiropraticien olympique certifié ». Il s'agit d'une de ces nombreuses cures de désintoxication synonymes de charlatanisme.

Dans un site Web faisant la promotion des saunas à infrarouges lointains, on peut lire qu'il est « démontré que les saunas à infrarouges aident à combattre le cancer ». Ce qu'on a démontré, c'est que l'infrarouge lointain présente un effet anti-tumoral sur des cellules cancéreuses humaines dans des boîtes de Pétri, ainsi que sur les cellules cancéreuses de souris. Aucun essai clinique ne permet de soutenir l'idée que les saunas à infrarouges peuvent guérir du cancer. Peu importent les effets bénéfiques réels de ces appareils pour la santé, ils n'incluent pas la guérison du cancer.

Joe Mercola

En deuxième place sur la liste des thérapies naturelles contre le cancer, Google nous donne Joe Mercola. La chose n'a rien d'étonnant. Voici un aperçu de la cure Mercola:

Joseph Mercola
Sans aucun doute, la stratégie essentielle la plus efficace que je connaisse pour traiter le cancer est d'en affamer les cellules en les privant de leur carburant. Contrairement aux cellules normales, qui peuvent brûler des hydrates de carbone ou du gras, les cellules cancéreuses ont perdu cette souplesse métabolique. Le Dr Otto Warburg a reçu le prix Nobel, il y a plus de 75 ans, pour l'avoir compris, mais presque aucun oncologiste n'utilise plus cette information.
 
Vous pouvez jeter un coup d'œil à mon interview récente avec le Dr D'Agostino... pour obtenir plus de détails, mais combiner un régime cétogène et une oxygénothérapie hyperbare, létale pour les cellules cancéreuses déjà affaiblies par la privation de leur carburant, serait la stratégie que je recommanderais aux membres de ma famille si jamais ils contractaient un cancer.*

Et les preuves? Elles ne sont pas en faveur de ce bon vieux Joe. Otto H. Warburg a claironné que « la cause fondamentale du cancer est une déficience en oxygène ». Selon lui, une déficience en oxygène causait « un état acide au sein du corps humain ». En outre, les cellules cancéreuses étant censées être anaérobies (et donc se passer d'oxygène), un milieu riche en oxygène, tel qu'un milieu alcalin, devait leur être fatal.

Le prix Nobel de Warburg, décerné en 1931, n'avait rien à voir avec ses travaux sur le cancer. Il l'a reçu « pour sa découverte de la nature et du mode d'action de l'enzyme respiratoire ». On a fini par prouver son erreur à propos de la nature anaérobie des cellules cancéreuses. Peter Lechner cite G.N. Ling :

Parce que Warburg a pu, de façon expérimentale, rendre malignes des cellules fœtales de mouton in vitro en réduisant leur apport en oxygène, et parce que les cellules cancéreuses produisent de fortes quantités d'acide lactique, il s'est convaincu que la malignité doit être un état du métabolisme anaérobie (en fermentation), qu'il a assimilé à des formes de vie inférieures. Cette généralisation de Warburg, qui a persisté pendant des années, a été infirmée depuis. (In Search of the Physical Basis of Life. New York et Londres: Plenum Press; 1984; p. 701.)

Selon la American Cancer Society :

À propos des utilisations inhabituelles de l'oxygénothérapie hyperbare, on affirme entre autres qu'on peut, grâce à elles, détruire les micro-organismes pathogènes, guérir le cancer, soulager du syndrome de fatigue chronique, et atténuer les symptômes d'allergies. Quelques promoteurs disent également que l'oxygénothérapie hyperbare aide les malades atteints du sida, les arthritiques, les personnes souffrant de blessures sportives, de sclérose en plaques, d'autisme, d'embolies, de paralysie cérébrale, de sénilité, de cirrhoses, de la maladie de Lyme, et d'ulcères gastro-intestinaux. Les données scientifiques actuelles ne corroborent pas ces affirmations.*

Parmi les deux plus ardents défenseurs du régime cétogène accompagné de l'oxygénothérapie hyperbare, on compte le physiologiste Dominic D'agostino et le biologiste Thomas Seyfried, qui ont obtenu des résultats positifs sur des rongeurs, mais pas sur des humains atteints du cancer. Les deux hommes semblent croire qu'on peut faire fi de la composante génétique du cancer, puisque, d'après eux, il s'agit d'un trouble métabolique. La plupart des oncologues et des chercheurs voient bien qu'il s'agit d'une fausse dichotomie, car les éléments génétique et métabolique font tous deux parties de l'équation à résoudre pour découvrir comment traiter les différents types de cancer. Le spécialiste David Gorski, M.D., écrit:

Nous en sommes encore à l'« œuf ou la poule » lorsqu'il s'agit de savoir si ce sont les anomalies métaboliques qui causent les mutations que l'on observe dans les cellules cancéreuses, ou si ce sont les mutations qui produisent les anomalies métaboliques. Vraisemblablement, c'est un peu les deux facteurs, dans des proportions dépendant de la cellule tumorale même, qui se combinent en un cycle synergétique infernal poussant ces cellules à devenir de plus en plus anormales et agressives. En outre, le cancer va bien au-delà de la génomique ou du métabolisme des cellules tumorales. On doit aussi tenir compte du système immunitaire et du micro-environnement des tumeurs (les cellules et le tissu conjonctif dans lesquels les tumeurs naissent et croissent). Comme je l'ai dit et répété, le cancer est une maladie compliquée, vraiment compliquée. L'importance respective du rôle qu'y jouent les mutations génétiques, les perturbations métaboliques, le mauvais fonctionnement du système immunitaire, et l'influence du micro-environnement peut varier selon le type de tumeur, ce qui entraîne une diversification des traitements. En fin de compte, comme pour bien des traitements anticancéreux à la mode, le régime cétogénique pourrait s'avérer utile pour certains types de tumeur, et quasi certainement inutile pour les autres.*

Il y a donc une série d'anecdotes et quelques études in vitro ou sur des rongeurs pour appuyer ce traitement naturel. Une conclusion raisonnable semble évidente, ici: les preuves ne sont qu'embryonnaires, mais la recherche pourrait toujours changer la donne. Des types de cancer différents sont très peu susceptibles d'être traités par un seul et même régime, contrairement à ce que racontent les Mercola, D'Agostino, Seyfried et autres.

Mike Adams

Numéro trois sur la liste de Google, Mike Adams connaît au moins sept traitements naturels contre le cancer :

  1. Les appareils RifeMike Adams
  2. Les Antinéoplastons
  3. La thérapie Gerson
  4. La phytothérapie de Hoxsey
  5. Les champignons médicinaux (comme le reishi et le chaga)
  6. La marihuana [Mais voir: Évaluation critique de l'usage potentiel des cannabinoïdes dans la gestion du cancer (en anglais)]
  7. Le peroxyde d'hydrogène.

Le Dictionnaire a déjà traité des appareils Rife, de la médecine vibrationnelle, de la thérapie Gerson et de la marihuana dans le traitement du cancer. David Gorski, quant à lui, s'est occupé à laminer et désintégrer les balivernes de Burzinski à propos de l'antinéoplaston.

La phytothérapie de Hoxsey

Harry Hoxsey

Les données scientifiques actuelles ne permettent pas d'affirmer que la phytothérapie de Hoxsey est efficace contre le cancer, et aucun essai clinique du traitement n'est paru dans des publications médicales conventionnelles. Selon son inventeur même, Harry Hoxsey, son tonique anticancéreux contient

de l'iodure de potassium, de la réglisse, du trèfle rouge, de la racine de bardane, de la racine de sanguin, de l'épine-vinette, du nerprun cascara, du raisin d'Amérique, de l'écorce de frêne épineux et de l'écorce de nerprun. Le régime exige qu'on renonce au porc, au vinaigre, aux tomates, aux cornichons, aux boissons gazéifiées, à la farine blanchie, au sucre et au sel, tout en consommant des suppléments de fer, de calcium, de vitamine C, et de levure, ainsi que du jus de pamplemousse.*

La thérapie Hoxsey est illégale aux États-Unis, mais on peut tout de même l'obtenir dans quelques cliniques de Tijuana, au Mexique. Hoxsey a été reconnu coupable de pratique illégale de la médecine plusieurs fois aux É.-U., d'où sa prudente retraite au sud du Rio Grande.

Selon un rapport de 1990 du Congressional Office of Technology Assessment des É.-U., le National Advisory Cancer Council a étudié un grand nombre de dossiers des patients de Hoxsey, pour constater que sur la plupart d'entre eux, on n'avait jamais effectué de biopsie, et que rien ne permet d'affirmer qu'ils souffraient véritablement du cancer.
 
Dans un autre examen, le National Cancer Institute a enquêté sur 400 patients réputés guéris par Hoxsey. On a rencontré les patients ou leurs familles, et tous les dossiers ont été examinés avec soin. Les patients se classaient en trois catégories: ceux qu'on avait traités, mais chez qui le cancer n'avait pas été confirmé; ceux qui avaient subi avec succès un traitement anticancéreux conventionnel avant de consulter Hoxsey; et ceux qui avaient souffert d'un cancer et en étaient décédés, ou qui souffraient encore d'un cancer confirmé. À partir de ces 400 cas au total, il s'est avéré impossible de documenter une seule guérison.*

Même des études contrôlées sur des souris présentant des tumeurs n'ont pas permis d'attribuer un effet à la potion de Hoxsey. Dans des études sur des modèles animaux, quelques-uns des ingrédients employés par le « chercheur » montraient un effet anticancéreux quelconque. Ce n'est vraiment pas assez pour qu'on recommande le tonique du bon monsieur Hoxsey comme remède naturel contre le cancer.

Le peroxyde d'hydrogène

L'utilisation du peroxyde d'hydrogène, comme celle de l'oxygène hyperbare, remonte à l'idée de Warburg qu'on peut tuer les cellules cancéreuses grâce à l'oxygène. Le peroxyde d'hydrogène (H2O2) se prête à beaucoup d'usages, mais s'en imprégner pour tuer des cellules cancéreuses n'est pas un choix des plus sensés, et le fait que les lymphocytes du système immunitaire en produisent pour combattre les infections ne le justifie nullement. Rien ne montre que l'oxygène tue les cellules cancéreuses chez l'humain ni que la thérapie au peroxyde d'hydrogène accroît le niveau d'oxygène dans les cellules chez les sujets humains.* « Les injections de peroxyde d'hydrogène peuvent avoir des effets indésirables dangereux. Un niveau élevé de la substance peut entraîner la formation de bulles d'oxygène pouvant bloquer la circulation sanguine et mener à la gangrène et à la mort. On a signalé une destruction des cellules sanguines... après une injection intraveineuse de peroxyde d'hydrogène. Certains présentent une forte réaction allergique au peroxyde d'hydrogène. Un rapport de synthèse de 1993... a permis de conclure que trop d'oxygène dans les tissus peut endommager les gènes et favoriser une croissance anormale. »*

Ce que Warburg a découvert, c'est que beaucoup de tumeurs emploient la glycolyse pour générer de l'énergie, même dans des milieux où le taux d'oxygène est adéquat pour la phosphorylation, ce qui engendre la majeure partie de l'énergie chimique des cellules...
 
... Le problème à propos de l'effet Warburg est qu'il mène à un changement métabolique favorisant la glycolyse. En raison de ce changement, les cellules tumorales ont tendance à employer beaucoup plus de glucose que les cellules normales parce que la glycolyse est beaucoup moins efficace que la phosphorylation oxydative dans la conversion du glucose en molécules d'ATP constituant l'énergie cellulaire. On croit que la chose procure un avantage de croissance aux cellules cancéreuses parce que, entre autres facteurs, la phosphorylation oxydative nécessite de l'oxygène, tandis que la glycolyse s'en passe, et que les tumeurs dépassent très souvent leurs réseaux d'approvisionnement sanguin, à tel point qu'elles vivent et croissent dans des espaces tissulaires où il n'y a pas beaucoup d'oxygène. Quoi qu'il en soit, l'avidité en oxygène des cellules cancéreuses est connue depuis longtemps, et sert même à la scintigraphie en TEP (tomographie par émission de positrons), où un dérivé du glucose identifié à l'aide d'un marqueur radioactif constitue le traceur le plus souvent employé justement pour cette raison: les cellules tumorales l'absorbent plus rapidement que les cellules normales, ce qui met en relief ces grosses masses sombres (pour les scintigraphies par TEP seules), ou de jolies masses aux couleurs vives (TEP/CT)...*

En 1957, Ronald Holman a publié dans Nature « Méthode de destruction des tumeurs malignes in vivo chez le rat », article dans lequel il affirmait que « l'administration orale quotidienne de peroxyde d'hydrogène commercial (dans l'eau à boire) causait une régression complète du carcinome 256 de Walker [un type de lignée cellulaire du carcinome du sein chez le rat] dans 50 à 60 pour cent des cas. Cette découverte en laboratoire a été appliquée sur des humains présentant des cancers avancés et inopérables. Dans deux des quatre cas, on a rapporté une amélioration subjective ou objective bien définie. »* D'autres ont affirmé avoir guéri des souris du cancer avec du peroxyde d'hydrogène, mais il n'y a aucune preuve clinique qu'on ait réussi le même exploit chez des humains.

Le dernier rejeton dans le genre vient de la croyance que le cancer est causé par des bactéries, que peut tuer le peroxyde d'hydrogène. Edward Carl Rosenow, MD, qui a dirigé la division de bactériologie expérimentale de la clinique Mayo pendant de nombreuses années, a répandu cette idée. Le plus grand fan de Rosenow a été un ancien prof du secondaire et ancien aumônier militaire, le Père Richard Wilhelm (mort en 1993).

La plupart d'entre nous respectent la science et ses limites. Nous savons que ce qui se passe dans une boîte de Pétri ou un rat de laboratoire lorsqu'on y introduit une substance ne se reproduira pas nécessairement chez un être humain vivant atteint du cancer. À peu près tous les défenseurs des anticancéreux naturels sautent aux conclusions à partir d'une ou deux petites études portant sur des cellules in vitro ou des animaux de laboratoire, ou alors, à partir d'idée qui peuvent sembler remplies de promesses, mais qui n'ont jamais été testées, ou qui l'ont été sans produire de preuves claires en faveur du remède naturel. Ce manque de preuve, dans un essai clinique, est presque toujours le fait du nombre de sujets, qui est trop petit, ou encore, d'une absence de randomisation ou de groupe de contrôle, à moins qu'il ne s'agisse d'une étude unique, qui n'a jamais été reprise.

Les champignons

Reishi

Au cours des siècles, il s'est créé un foisonnement de pensée magique autour des champignons, en raison des couleurs et des formes spectaculaires qu'ils prennent. Certains ressemblent même à des tumeurs cancéreuses. En Chine, on leur attribue souvent le pouvoir de revigorer la puissance sexuelle. Malheureusement, on ne trouve pas d'études scientifiques effectuées sur des humains pour soutenir les nombreuses affirmations lancées au sujet des pouvoirs magiques des différents champignons censés guérir du cancer. Voici tout de même ce qu'on peut lire sur le reishi, le chaga, et d'autres champignons.

Des études sur des animaux ont montré des résultats positifs au sujet des effets antitumoral, anticholestérolémiant et antiviral de plusieurs des composés actifs [par exemple, le lentinan] du shiitake.* L'AHCC, ou Active Hexose Correlated Compound, extrait du shiitake est employé par quelques patients atteints du cancer, mais il n'y a pas assez de données montrant qu'il s'agit effectivement d'un anticancéreux.*
 
Chaga
Le reishi est un champignon... employé comme immunostimulant par les patients atteints du VIH et du cancer. On croit que ses constituants actifs comprennent à la fois des bêta-glucanes et des triterpènes... Le reishi a montré un certain potentiel anticancéreux dans des études in vitro et des essais sur des animaux... Davantage de recherche est nécessaire pour établir le reishi comme agent anticancéreux.*
 
Maitake
Le chaga a montré des propriétés anticancéreuses in vitro, mais aucun essai clinique n'a été mené pour en évaluer l'innocuité et l'efficacité dans la prévention ou le traitement du cancer.*
 
Le maitake (grifola frondosa) a été soumis à de petits essais cliniques visant à stimuler le système immunitaire de patientes atteintes du cancer du sein. Les scientifiques ont découvert que l'« administration par voie orale d'un polysaccharide extrait du champignon est associée à des effets immunologiques mesurables stimulants et inhibitoires dans le système sanguin périphérique ».*

En fait, la recherche sur les champignons n'en est qu'à ses balbutiements. Très peu d'essais sur les humains ont été menés. Bien des substances tuent les cellules cancéreuses en laboratoire, mais rien n'indique qu'elles seront avantageuses pour les patients atteints du cancer.

L'amygdaline et le laétrile

L'amygdaline est un glycoside cyanogène naturel. « Laétrile » est le nom d'une forme semi-synthétique de l'amygdaline. Les deux substances possèdent une composante structurale, la mandelonitrile, qui contient du cyanure.* On trouve l'amygdaline dans certaines noix (comme l'amande amère), certaines plantes (comme le manioc) et les noyaux de certains fruits (les abricots et les pêches). « On croit que le cyanure est le principal composé anticancéreux du laétrile [amygdaline]. »* Entre autres organismes, la Cochrane Collaboration met en garde les consommateurs contre le laétrile, qui peut provoquer un empoisonnement au cyanure. La Cochrane Collaboration s'est penchée sur 69 études au cours desquelles on a testé le laétrile ou l'amygdaline dans le traitement du cancer et a conclu:

Aucune donnée clinique fiable ne permet d'affirmer que le laétrile ou l'amygdaline ont des effets positifs chez les cancéreux. Il existe un risque considérable d'empoisonnement au cyanure lorsqu'on prend du laétrile ou de l'amygdaline, surtout par voie orale. Le rapport risques-avantages de ces deux substances dans le traitement du cancer est par conséquent négatif sans la moindre ambiguité.* (Résumé PubMed ici.)

L'étude la plus importante menée sur des patients cancéreux traités au laétrile a conclu que « l'amygdaline (ou laétrile) est un produit toxique sans efficacité dans le traitement du cancer ». L'étude portait sur 178 patients, également traités par un régime spécial, des enzymes et des vitamines. « On n'a observé aucun avantage substantiel relativement à l'état des malades, la progression de leur cancer, l'amélioration de leurs symptômes ou la prolongation de leurs vies. Chez plusieurs patients, les dangers que comporte le traitement à l'amygdaline ont été mis en évidence par des symptômes d'empoisonnement au cyanure, ou par des taux sanguins de cyanure approchant la limite létale. Les patients que l'on expose à cette substance doivent être mis au courant du danger que représente l'empoisonnement au cyanure, et leurs niveaux sanguins de cyanure doivent être suivis de près ».*

« On n'a détecté qu'une faible activité anticancéreuse du laétrile dans des études expérimentales sur des animaux, et aucune activité anticancéreuse dans des essais cliniques sur des humains. »* La popularité de l'amygdaline ou du laétrile comme traitement contre le cancer remonte aux années 1960. Même si l'absence de valeur du traitement a été abondamment démontrée, ses partisans n'ont pas jeté l'éponge. En 2014, des chercheurs ont affirmé avoir tué des cellules cancéreuses en laboratoire avec de l'amygdaline, entretenant ainsi de faux espoirs. Ils ont écrit: « L'amygdaline, un composé naturel, a été utilisée par de nombreux cancéreux comme approche de rechange dans le traitement de leur maladie. Cependant, on n'a jamais réussi à savoir si cette substance est vraiment efficace contre le cancer ». En fait, la question a été réglée par l'ensemble de la preuve. On sait déjà que l'amygdaline peut supprimer le cancer dans des cellules ou des animaux de laboratoire, tout comme bien d'autres substances qui n'ont aucune valeur dans le traitement des humains atteints du cancer. Ce que cette étude semble dire, c'est que tant qu'on parvient à éradiquer des cellules cancéreuses en laboratoire à l'aide du laétrile, la question de l'efficacité de la substance dans le traitement du cancer demeure incertaine. Ce serait vrai si l'on n'avait pas déjà démontré que cette substance est efficace dans le cadre du laboratoire, mais qu'elle ne guérit pas du cancer chez l'humain.

Kurt Donsbach

À cause de son inefficacité et du danger qu'il représente, le laétrile n'est pas homologué aux États-Unis. Malheureusement, de nombreuses cliniques à Tijuana et Rosarita Beach, au Mexique, offrent des traitements au laétrile et autres « solutions de rechange » à la médecine scientifique. L'acteur Steve McQueen a fait connaître le laétrile partout aux É.-U. quand il est allé se faire soigner dans une clinique de Tijuana, où il est décédé, dans les années 1980. Coretta Scott King a également cherché refuge au Mexique quand elle a souffert du cancer après une crise cardiaque. La veuve de Martin Luther King a passé ses derniers jours dans une clinique de Rosarita Beach exploitée par Kurt Donsbach, un chiropraticien dont les traitements « alternatifs » pour maladies incurables sont illégaux aux É.-U. Donsbach vend de l'espoir aux mourants qui viennent le consulter dans ce qu'il appelle l'Hôpital Santa Monica. Le docteur Stephen Barrett, créateur de Quackwatch, qui a enquêté sur des milliers de fraudes dans le domaine de la santé, suit Donsbach depuis 1971. Barrett affirme ne connaître personne qui se soit livré à un plus grand nombre d'escroqueries du genre.

On a condamné Donsbach à un an de prison en 1997 pour l'importation illégale de plus de 250 000 $ de médicaments non homologués du Mexique aux États-Unis. Il n'a malheureusement pas purgé un seul jour de sa sentence. En 1988, la Poste des É.-U. a sommé Donsbach de cesser d'affirmer que la solution de peroxyde d'hydrogène qu'il vendait pouvait prévenir le cancer et soulager des douleurs arthritiques. En 2010, il plaidé coupable à l'accusation de s'être fait passer pour un médecin.

La veuve King, âgée de 78 ans, n'était que l'une de ces nombreuses victimes désespérées qu'on a attirées au Mexique, ces vingt dernières années, avec des promesses de traitements aux vitamines et aux plantes qui ne reposaient en fin de compte sur rien.

Ty Bollinger

Ty Bollinger présente un site Web et des vidéos qui font la promotion non seulement du laétrile comme moyen naturel de lutter contre le cancer, mais aussi du bicarbonate de potassium et du régime alcalin, ainsi que de bien d'autres remèdes qui ne soulagent de rien, sinon des dollars qu'on garde dans son portefeuille. Ty est comptable, mais il s'est lancé dans sa recherche, explique-t-il, après avoir vu plusieurs membres de sa famille mourir du cancer. Il y a là un fait que bien des gens ne veulent pas accepter, mais nous finissons tous par mourir de quelque chose, souvent du cancer, que l'on mange du trèfle rouge, des noyaux d'abricot, du steak ou des œufs. Quiconque désire éliminer 97 % de tous les cancers n'a qu'à empêcher la population en général de dépasser le cap des quarante-cinq ans. N'est-ce pas étonnant de voir que l'on peut pratiquer n'importe quel style de vie jusqu'à quarante-cinq ans, quand le passage du temps commence à causer des cancers à une incidence qui ne fait que s'accroître à mesure que l'on vieillit? Ty semble penser que la médecine scientifique et la rapacité ont tué les membres de sa famille, parce qu'il y a une véritable conspiration pour faire disparaître les remèdes naturels qui font concurrence aux associations professionnelles de médecins, aux grandes pharmaceutiques, à la FDA, aux médias, etc. Ceux qui ont soigné ses proches n'étaient pas formés en nutrition, en traitements naturels ou en désintoxication. S'ils l'avaient été, ses proches seraient encore vivants. Du moins, c'est ce que laisse entendre Ty par son discours sur le « complexe industriel du cancer ».

Incidence des cancers selon l'âge

William M. London, professeur de santé publique à la California State University, à Los Angeles, a évalué le travail de Bollinger dans une série d'articles intitulés « Untruths About Cancer in the Failed Quest for Cures ». Les articles figurent dans le site Web de la James Randi Educational Foundation, et on peut y apprendre quels sont les différents moyens trompeurs que Bollinger emploie pour susciter la méfiance envers la médecine scientifique et la confiance à propos de traitements bidon qui n'ont jamais guéri personne.

Le kombucha

Kombucha

On prépare le kombucha « en faisant fermenter du thé noir auquel on ajoute du sucre avec une culture de levures et de bactéries qu'on appelle le champignon du kombucha. Il ne s'agit pas vraiment d'un champignon, mais la forme et la couleur de la masse qui se forme à la surface du thé après sa fermentation lui ont valu ce surnom... Les données scientifiques actuelles ne permettent pas d'affirmer que le kombucha est bon pour la santé, qu'il prévient la maladie, ni qu'il permet de traiter le cancer ou d'autres maladies... On ne trouve, dans les publications savantes, aucune étude effectuée sur des humains pouvant appuyer les affirmations que l'on fait au sujet du kombucha et de la santé ».*

GT’s Organic Raw Kombucha

Il y a tout de même des preuves anecdotiques que le kombucha sert à guérir du cancer. Par exemple, Russ Curran croit que la kombucha a fait disparaître le cancer du sein de Laraine Dave. Même chose pour G.T. Dave, le fils de Laraine, qui embouteille et vend la boisson, dont il dit qu'elle a le goût du vinaigre de cidre un peu aigre. Le kombucha laisse peut-être un drôle de goût dans la bouche, mais a-t-il vraiment guéri Laraine de son cancer du sein? Les preuves à ce sujet sont bien minces. Voici tout ce qu'en dit la principale intéressée:

En 1995, on a diagnostiqué chez moi une forme rare et agressive de cancer du sein, susceptible de se propager rapidement aux ganglions et aux os. D'après la taille de la tumeur (presque celle d'une balle de golf), les médecins ne pouvaient même pas me donner une année à vivre. J'ai subi un autre test une semaine plus tard et, à la surprise de tous, mes cellules cancéreuses n'avaient pas formé de métastases. Les médecins m'ont demandé si je faisais quelque chose de spécial. J'ai répondu: « Je bois du kombucha tous les jours », puisque, vraiment, c'était le seul produit un peu différent que je consommais depuis les dernières années. Jusque-là, c'était pour moi une espèce de traitement de beauté, mais j'ai décidé qu'il était temps que je me penche sur cette « boisson miracle ». J'ai alors découvert de nombreux ouvrages, ainsi qu'une longue tradition médicinale couvrant des siècles, et de vastes régions du globe.

C'est tout. Aucun détail à propos de la façon dont elle a obtenu son diagnostic. Aucune mention de biopsie, ou de résection chirurgicale de la tumeur. Elle ne dit rien de plus à propos de son cancer « rare et agressif... susceptible de se propager rapidement aux ganglions et aux os ». Le fait que son cancer du sein n'avait pas fait de métastases indique soit que la tumeur n'était pas maligne, soit que son cancer a été détecté très tôt, ou qu'elle ne souffrait pas d'une forme de cancer particulièrement agressive. Elle buvait du kombucha depuis plusieurs années, déjà; avant, elle ne souffrait pas du cancer... On pourrait aussi bien dire que c'est le kombucha qui a causé la maladie! Devant une affirmation aussi extraordinaire - à savoir, qu'une concoction de thé, de levure et de bactéries a enrayé une forme particulièrement agressive de cancer du sein, on s'attendrait à un peu plus de renseignements. Où voit-on le nom de ses médecins, et où trouve-t-on leur évaluation? Où trouve-t-on les preuves qu'elle souffrait bel et bien d'un cancer, à plus forte raison d'une forme agressive de cancer du sein?

Il est peu probable que les grandes pharmaceutiques lancent un jour des essais cliniques sur le kombucha. Les tenants des traitements « naturels » ont peut-être raison: des choses comme le kombucha ne sauraient constituer une grande source de profits pour des multinationales du médicament, mais ce n'est pas le motif pour lequel elles s'abstiennent. On peut penser que même ceux qui ont un intérêt direct, comme les Dave, éviteront de mettre un sou dans la moindre étude sur les propriétés anticancéreuses du kombucha chez l'homme. Pourtant, ce sont eux qui devraient financer les essais cliniques, pas les grandes pharmaceutiques ni le gouvernement ni les grandes universités. Sans mécanisme plausible permettant de penser que cette concoction pourrait présenter un avantage dans la lutte contre une forme quelconque de cancer, il n'y a aucune raison d'investir là-dedans des ressources financières déjà limitées. Un long passé comme remède de bonne femme (en Asie de l'Est, en Russie et en Allemagne) ne constitue pas un mécanisme plausible montrant comment les ingrédients du kombucha - qui peuvent varier beaucoup, soit dit en passant - pourraient être bénéfiques pour les cancéreux.

À cause de son processus de fermentation, le kombucha peut facilement devenir contaminé. La consommation de kombucha fait maison a été associée à des réactions allergiques, de la jaunisse, des maladies graves, et parfois des décès... On a signalé de la contamination à l'anthrax et à l'Aspergillus, champignon dangereux pour les immunodéprimés.* Malgré tout, les buveurs de kombucha rapportent un effet remontant, qui pourrait s'expliquer par le taux élevé de caféine et de sucre de cette boisson fermentée.

La graviola

Graviola

La graviola (aussi connue sous les noms de cœur de bœuf [Annona reticulata], chérimole [Annona cherimolia], corossol [Annona muricata], ou asimine, est le fruit d'un arbre des forêts pluviales d'Afrique, d'Amérique du Sud et du Sud-Est asiatique. Selon un article de Natural News: « Une recherche publiée en 1996 dans le Journal of Natural Products a révélé, pour la première fois peut-être, que la graviola, et en particulier ses graines, contiennent un agent cytotoxique littéralement 10 000 fois plus puissant que l'Adriamycin, antinéoplasique couramment utilisé en chimiothérapie. Contrairement à ce produit et à d'autres substances chimiques toxiques, cependant, la graviola ne détruit que les cellules malignes, laissant les autres intactes. » Ce que ces braves gens de Natural News ne disent pas, c'est qu'il n'y a eu aucune étude sur l'humain à propos de l'effet cytotoxique des nombreuses composantes du fruit sur des cellules cancéreuses.

Natural News cite également une source du nom de The Citizens Column: « La recherche montre que grâce à des extraits de cet arbre-miracle, il pourrait maintenant être possible de lutter contre le cancer de façon sûre et efficace par un traitement entièrement naturel n'entraînant pas de nausées prononcées, de perte de poids ni de perte des cheveux, tout en protégeant le système immunitaire et en évitant des infections mortelles ».

Contrairement à ce qu'affirme Natural News, on n'a pas démontré l'effet anticancéreux de la graviola chez l'humain (puisqu'aucune étude du genre n'a été menée). Quant à la puissance dix mille fois plus élevée que la chimiothérapie qu'on lui attribue, ce n'est que pure fabrication.

De façon générale, rien ne montre que la graviola est efficace contre le cancer. En laboratoire, des extraits de la plante peuvent détruire des types de cellules cancéreuses du foie et du sein qui résistent à certains antinéoplasiques, mais il n'y a eu aucune étude à grande échelle chez l'humain. On ignore encore s'il y a là un traitement prometteur ou non. De nombreux sites Internet font la promotion de capsules de graviola contre le cancer, mais aucun d'entre eux ne s'appuie sur des organismes scientifiques crédibles de recherche sur le cancer.*

Le fruit peut sembler intéressant, mais aucune donnée ne permet de dire qu'il est supérieur à la chimio, ce qui n'empêche pas des partisans de la médecine parallèle de vanter les suppléments de graviola contre le cancer.

Un expert en toxicologie s'est dit choqué de voir des entreprises de l'industrie du supplément alimentaire développer des produits contenant des extraits du fruit tropical, étant donné son association avec la maladie de Parkinson atypique.*

Le Dr Alex Schauss, directeur principal de la recherche chez AIBMR Life Sciences, qui se spécialise dans les épreuves d'innocuité et de toxicologie, la recherche sur les nutraceutiques, la gestion d'essais cliniques et la conformité réglementaire, dit que le fruit et les feuilles de la graviola contiennent de l'annonacine, neurotoxine qui peut s'avérer dangereuse lorsqu'on la consomme en trop grandes quantités.

J'ai effectué des recherches en nutrition à Guam [possession des É.-U. dans le Pacifique, NdT] pendant trois ans, au cours des années 1980, au nom d'un comité législatif, et mon équipe a établi une association frappante entre la consommation habituelle du fruit et la maladie de Parkinson atypique. Soixante-sept pour cent des cas de la maladie de Parkinson prenaient la forme atypique, comparativement à moins de 5 % en Europe. Ce qui m'inquiète, c'est l'apparition récente du fruit dans certains produits, étant donné qu'il contient des alcaloïdes de l'isoquinoline qu'on a reliés à la maladie de Parkinson atypique.*

Des études sur des animaux de laboratoire ont montré que la graviola peut dilater les vaisseaux sanguins et faire baisser la tension artérielle. Les personnes dont la tension artérielle est déjà basse ou qui prennent des médicaments pour leur tension artérielle auraient intérêt à consulter leur médecin avant de consommer des suppléments de graviola. La prise d'une dose importante peut causer des nausées et des vomissements.

Le supposé potentiel anticancéreux de la graviola viendrait avant tout de sa capacité de réduire l'apport en adénosine triphosphatase (ATP) des cellules malignes. L'ATP fournit souvent leur énergie métabolique aux cellules normales également, et certains suppléments nutritionnels, dont la coenzyme Q10, font croître les niveaux d'ATP. Pour cette raison, il se peut que CoQ10 neutralise l'effet de la graviola [et de certains antinéoplasiques!], et il faut donc éviter de les consommer ensemble. Les chercheurs qui se penchent sur les mécanismes mis en œuvre par la graviola pensent que les acétogénines de la plante distinguent les cellules cancéreuses des cellules non malignes parce que les premières ont un niveau d'activité cellulaire toujours plus élevé. Les acétogénines reconnaissent ces cellules et en inhibent l'activité de façon sélective. On conseille aux femmes enceintes d'éviter la graviola, car l'énergie élevée des cellules du fœtus pourrait déclencher l'activité toxique de la plante. Dans une étude sur des animaux, on a également constaté que la graviola agissait comme stimulant dans l'utérus. L'effet le plus nuisible attribué à la graviola vient de ce qu'il « pourrait causer des troubles fonctionnels neurologiques et une dégénérescence entraînant des symptômes rappelant la maladie de Parkinson ». La première étude à présenter une telle affirmation a été menée par des chercheurs français en Guadeloupe, qui ont décelé une présence anormalement élevée de Parkinson atypique parmi les populations pauvres qui utilisaient la graviola comme aliment et médicament.

Quels que soient les avantages que procure la consommation de la graviola ou de suppléments faits à partir des fruits, graines, feuilles ou racines de la plante, la guérison du cancer n'est pas l'un d'entre eux.

Phytothérapie

Bien des défenseurs des traitements naturels contre le cancer préconisent la phytothérapie. Le site CancerActive, par exemple, dresse une liste de vingt plantes qui « combattent le cancer ». Difficile de savoir ce qu'une expression aussi vague signifie, mais il semble que parmi les sens les plus populaires conférés par les enthousiastes de la nature, il y a le « renforcement du système immunitaire ». Avant d'aller plus loin, rappelons que tous les oncologues savent que certains suppléments naturels à base d'herbe interagissent de façon dangereuse avec des médicaments (comme les vitamines et les suppléments minéraux). Les personnes atteintes de cancer doivent dire à leur oncologue quels suppléments naturels à base d'herbe elles consomment. (Les fines herbes utilisées en cuisine sont habituellement consommées en trop petites quantités pour entraîner des effets indésirables de ce genre.)

L'astragale

L'une des plantes les plus populaires pour « combattre le cancer » est l'astragale, utilisée dans la pharmacopée traditionnelle chinoise et tirée de la racine de Astragalus membranaceus, une légumineuse. « Des études sur les animaux et des essais cliniques préliminaires chez l'humain indiquent que l'astragale pourrait renforcer le système immunitaire et l'effet de l'immunothérapie conventionnelle contre certains cancers. Par contre, les données scientifiques disponibles ne permettent pas d'affirmer que l'astragale peut prévenir ou guérir le cancer, prolonger la survie des patients ni réduire les effets indésirables des traitements anticancéreux conventionnels. On croit que la plante pourrait renforcer les effets de certains produits de chimiothérapie, mais l'idée doit encore passer l'épreuve des faits. »*

La curcumine

CancerActive vante également les vertus de la curcumine, que l'on retrouve dans le curcuma. « La curcumine peut tuer les cellules cancéreuses in vitro et ralentir la croissance des cellules survivantes. On a aussi constaté qu'elle ralentit le développement de plusieurs formes de cancer chez des animaux de laboratoire et qu'elle réduit la taille des tumeurs chez les animaux. »* Mais juste qu'à maintenant, aucune étude ne montre que la curcumine tue les cellules cancéreuses chez l'humain.

La curcumine

Naturellement, Joe Mercola adore. Il entame son ode aux épices - Turmeric Compound Boosts Regeneration of Brain Stem Cells, and More [La curcumine active la régénération des cellules souches du cerveau, et davantage] - par quelques erreurs historiques: « En raison de leurs puissantes propriétés médicales, on emploie de nombreuses épices pour favoriser la santé depuis des milliers d'années, soit bien avant l'avènement des médicaments de synthèse brevetés. » Oui, mais non... On employait les épices comme médicaments parce que la véritable médecine n'avait pas encore été inventée. Nos ancêtres ne savaient pas faire mieux. Avec le temps est venu le progrès. Nous nous sommes mis à tester les épices et les herbes pour voir si elles avaient vraiment les propriétés qu'on leur avait toujours attribuées. Dans certains cas, leur réputation était fondée, dans d'autres, non. Certains sont même devenus capables de remarquer que parce qu'une substance tue des cellules cancéreuses in vitro, cela ne signifie pas qu'elle sera bénéfique chez l'humain.

La curcumine peut nuire à certains types de chimiothérapie. La American Cancer Society met en garde contre l'interaction de curcumine-médicaments:

La curcumine, ingrédient actif du curcuma, est un antioxydant. Les antioxydants sont des composés souvent présents dans les plantes qui peuvent protéger les cellules du corps contre les dommages causés par des molécules connues sous le nom de radicaux libres. Des études en laboratoire ont montré que la curcumine fait décroître l'efficacité de plusieurs voies moléculaires menant à la naissance, la croissance et la dissémination du cancer. Quelques chercheurs ont rapporté que la curcumine inhibait la formation d'enzymes causant le cancer chez les rongeurs...
 
La curcumine peut tuer les cellules cancéreuses in vitro et ralentir la croissance des cellules survivantes. On a également découvert qu'elle réduit le développement de plusieurs formes de cancer chez les animaux de laboratoire, et qu'elle provoque une réduction de la taille des tumeurs de ces derniers.
 
Les études sur la curcumine dans le traitement et la prévention du cancer chez l'humain n'en sont qu'aux tout premiers stades. Dans les études scientifiques, la curcumine n'est pas bien absorbée par l'intestin, si bien qu'il faut de fortes doses simplement pour que de toutes petites quantités se retrouvent dans le système sanguin. De grandes doses de curcumine seraient nécessaires afin qu'on puisse étudier ses effets sur le corps...
 
Comme épice, le curcuma est considéré comme sûr. Davantage de recherche est nécessaire pour établir l'innocuité du curcuma en tant que remède. On en sait peu sur les risques que pourrait représenter la consommation de grandes quantités de l'épice dans le traitement de maladies. De grandes quantités par voie orale peuvent produire des douleurs stomacales, des gaz, des indigestions et de la nausée. Après un usage à long terme, on a signalé des éruptions cutanées et des ulcères d'estomac, et des réactions allergiques sont possibles. Les personnes allergiques au gingembre ou aux colorants alimentaires jaunes sont plus susceptibles d'être allergiques au curcuma. On a rapporté des dermatites de contact chez des personnes qui avaient touché du curcuma.
 
Une étude récente de l'innocuité chez l'humain laisse à penser que la curcumine change le métabolisme de l'oxalate, substance qui peut mener à la formation de pierres aux reins. Les chercheurs recommandent aux gens qui prennent ce supplément alimentaire de faire preuve de précaution si leur état de santé les rend susceptibles d'avoir des calculs rénaux.
 
Les gens qui prennent des anticoagulants, des immunosuppresseurs ou des analgésiques anti-stéroïdiens (comme l'ibuprofène) devraient éviter le curcuma en raison des interactions médicamenteuses potentiellement dangereuses. Dans des études en laboratoire et sur des animaux, le curcuma a rendu certains anticancéreux moins efficaces. Des suppléments d'antioxydants peuvent nuire à l'efficacité de la chimiothérapie ou de la radiothérapie. Les patients soumis à un traitement anticancéreux doivent parler à leur médecin avant de prendre des vitamines, minéraux ou autres suppléments. (Nous soulignons.)

En d'autres termes, la question des avantages et désavantages possibles de la curcumine n'est pas encore réglée.

 

 

L'huile de graine de nigelle

Graines de nigelle

La Nigella sativa, ou nigelle, est une plante à fleurs qui pousse en Europe, en Inde, et dans la péninsule arabique. On se sert de ses graines pour la cuisine et à des fins thérapeutiques depuis des milliers d'années. Il s'en trouve quelques-uns pour parler de « remède miracle » aux « pouvoirs curatifs étonnants ». Ces enthousiastes se fondent sur le fait qu'on a découvert quelques graines de nigelle dans la tombe du roi Toutankhamon. Et alors? Les chamanes prescrivent des placebos depuis des millénaires, non?

Gary Null déclare sans ambages que « l'huile graine de nigelle est probablement la meilleure huile que l'on puisse ingérer ». Les faits contredisent cependant ce bel optimisme.

L'un des grands porte-étendards de l'huile de nigelle comme anticancéreux se nomme Bharat B. Aggarwal, Ph.D., auteur de Healing Spices: How to Use 50 Everyday and Exotic Spices to Boost Health and Beat Disease. Dans l'huile, on retrouve entre autres de la thymolquinone, ou TQ, qu'Aggarwal et d'autres scientifiques disent capable de freiner la croissance tumorale chez les animaux de laboratoire. Apparemment, la TQ protège les cellules contre les dommages dus à l'oxydation et possède des propriétés anti-inflammatoires. Aggarwal affirme que la plante pourrait être efficace contre les cancers de l'ovaire, de la prostate, du sein, du côlon et du pancréas. Attention au terme équivoque par excellence « pourrait être efficace ». Aggarwal prétend également que la nigelle peut provoquer la mort des cellules cancéreuses et enrayer le processus de progression des métastases. Peut-être qu'elle le peut, mais le fait-elle effectivement chez l'être humain? La chose demeure à prouver.

Bharat B. Aggarwal

Malheureusement, le travail d'Aggarwal fait l'objet d'une enquête à propos d'images qu'il a utilisées comme preuves de ses nombreuses affirmations au sujet des propriétés curatives et anticancéreuses des plantes et épices. Aggarwal est un auteur respecté de calibre international; il a signé une centaine d'articles, possède plus de 30 brevets, et a coédité plus d'une dizaine d'ouvrages. Actuellement, il enseigne à la Faculté de thérapeutique expérimentale au MD Anderson Cancer Center de l'Université du Texas, à Houston.

Certains lecteurs trouvent leur information sur les anticancéreux naturels dans un site Web qui s'appelle CancerActive, alors qu'ils feraient mieux de s'en méfier. Ainsi, dans le site, on peut lire: « On n'a découvert aucune forme de cancer qui n'était pas susceptible à la curcumine » - MD Anderson Cancer Center, Texas. Cette citation est trompeuse, car tronquée, ce qui arrive fréquemment dans CancerActive. La véritable déclaration dit: « On n'a découvert aucune forme de cancer, à ma connaissance, qui n'était pas susceptible à la curcumine », et elle ne vient pas du MD Anderson Cancer Center, mais bien de Bharat B. Aggarwal, dont les travaux sont entachés de suspicion. Aggarwal justifie son affirmation que la curcumine prévient le cancer en notant que « L'incidence des quatre principales formes de cancer aux États-Unis - du côlon, du sein, de la prostate et du poumon - est dix fois plus faible en Inde », où le curcuma est traditionnellement employé en cuisine. Mais est-ce bien vrai? Nita J. Kulkarni, journaliste indépendante et écrivaine vivant en Inde, se demande pourquoi « L'Inde présente l'un des taux de cancer les plus élevés au monde ». Aggarwal tait le fait que les Indiens ont une espérance de vie moins élevée que celles des Américains, ce qui signifie qu'il n'y a pas autant d'habitants du sous-continent qui vivent assez longtemps pour contracter un cancer. Il ne parle pas non plus du fait que les taux de cancer buccaux et œsophagiens en Inde sont parmi les plus élevés au monde. Est-ce parce que les Indiens consomment du curcuma régulièrement?

Le chardon-Marie

Et qu'en est-il des graines du chardon-Marie, qui contiennent du silymarine, un antioxydant?

Des études laissent penser que la silymarine pourrait être utile dans le traitement de certains types de maladies du foie chez l'humain, comme la cirrhose ou l'hépatite chronique. La plupart des essais n'ont pas montré une survie améliorée, bien que les tests en laboratoire ont révélé une amélioration de la fonction hépatique chez certains patients. Selon une petite étude, la plante semblait aider à protéger la fonction hépatique chez les enfants subissant une chimiothérapie contre le cancer. Il faudra des essais cliniques randomisés beaucoup plus importants pour savoir si ces effets sont fiables. Des essais préliminaires sur des animaux de laboratoire et des tissus cancéreux indiquent que la silymarine pourrait s'avérer intéressante pour la prévention et le traitement du cancer. Des études sur l'humain permettront d'établir ce qu'il en est vraiment.

Pour le cancer du foie, le chardon-Marie semble prometteur, mais il faut encore du temps et du travail pour établir les doses sûres et efficaces dans le traitement du cancer.

Le trèfle rouge

Trèfle rouge

« Le trèfle rouge contient des isoflavones, substances semblables à des hormones qui semblent causer des problèmes reproductifs chez certains animaux. Les experts pensent qu'un régime riche en isoflavones pourrait être responsable de l'infertilité et des maladies du foie de guépards vivant en captivité. » En grandes quantités, le trèfle rouge peut causer la stérilité du bétail.* Ceux qui préconisent son utilisation comme remède naturel contre le cancer, comme Cancer Active, croient qu'il peut « aider à contrer le cancer du sein et de la prostate ». Des scientifiques ont montré que les isoflavones tuent les cellules cancéreuses en éprouvettes. Tout comme le font l'arsenic, les javellisants, et bien d'autres choses. Une étude modeste sur 20 sujets masculins atteints du cancer de la prostate qui avaient reçu du TrinovinTM, un supplément alimentaire tiré du trèfle rouge, avant de subir une résection de la prostate aurait montré davantage de cellules cancéreuses mourantes dans les tissus qu'on avait retirés. L'étude ne comportait ni double insu ni randomisation.*

Le University of Maryland Medical Center rappelle que du côté des chercheurs, on craint qu'en raison de ses effets semblables à ceux de l'œstrogène, le trèfle rouge « puisse également contribuer à la croissance de certains cancers, tout comme le font les œstrogènes. Tant qu'il n'y aura pas eu davantage de recherches, les médecins ne pourront pas recommander le trèfle rouge pour la prévention du cancer ». La American Cancer Society est d'avis, quant à elle, que « Les données cliniques disponibles ne montrent pas que le trèfle rouge est efficace pour le traitement ou la prévention du cancer ». Sloan Kettering rapporte que le trèfle rouge « inhibe la croissance des cellules normales de la prostate et accroisse la résistance des cellules du cancer de la prostate aux doses élevées de radiations, in vitro. Les patients devraient éviter de consommer du trèfle rouge contre le cancer de la prostate... Les patients souffrant d'un cancer lié aux hormones devraient éviter le trèfle rouge en raison de son activité œstrogénique.

On compte Jerry Lee Hoover, naturopathe travaillant maintenant au Nicaragua, parmi les partisans du trèfle rouge. Il écrit:

Jerry Lee Hoover
Plusieurs plantes peuvent servir contre le cancer, mais celle que je recommande, c'est le trèfle rouge. Il faut consommer la fleur seulement, ni la tige ni la racine. Le trèfle rouge contient les substances suivantes: biotine, choline, cuivre, coumarines, glycosides, inositol, magnésium, manganèse et sélénium. Il contient en outre les vitamines A, B1, B3, B5, B6, B9, B12, B17, C, P, ainsi que du zinc. [De la B12? Vraiment? Quiconque s'y connaît un tant soit peu à propos de la B12 sait que seuls les produits animaux renferment « naturellement » cette vitamine. De la B17? Ah oui? On ignore d'où il tient ces données, mais la source n'en est sûrement pas fiable.] C'est tout un assortiment de minéraux et de vitamines pour une seule plante. À l'avenir, on en découvrira sans doute bien d'autres ingrédients importants. Aux États-Unis, on utilise le trèfle rouge depuis plus de 100 ans pour traiter et prévenir le cancer. Il vaut pour n'importe quel type de cancer. Je l'utilise depuis de nombreuses années à ma clinique, et j'ai vu bien des cancéreux guérir. N'employez que des fleurs de trèfle rouge en vrac, ni les tiges ni les racines, et pas de capsule de trèfle rouge, non plus. Préparez-vous un thé en faisant bouillir de l'eau, que vous retirez du feu avant d'ajouter la plante. Laisser infuser pendant au moins 20 minutes. Une ou deux cuillers à thé par tasse. Le meilleur moment pour en boire, c'est avant d'aller au lit, l'estomac vide. Si l'on préfère deux fois par jour, la première fois doit être au saut du lit, toujours l'estomac vide.

Hoover déconseille la consommation de suppléments, mais préconise une promenade quotidienne de dix minutes à l'extérieur, pieds nus.

Il recommande également le crudivorisme: « Toute nourriture cuite est morte. Plantez n'importe quelle graine, et elle poussera. Faites la cuire avant de la planter, et elle ne poussera pas, puisque son principe vital a été détruit. La Société du Cancer est au courant, mais n'en a jamais informé le public. Mettez des cellules cancéreuses dans un médium cuit, et elles proliféreront. Placez-les plutôt dans un médium non cuit, et elles disparaîtront! » À l'appui de cette perle de sagesse, Hoover cite Allen Banik (1901-1992), un optométriste. Banik fait de telles révélations dans son ouvrage de 1987, The Choice is Clear, où il conseille en outre de ne pas boire l'eau du robinet. Il faut de l'eau douce ou de l'eau distillée, « de l'eau sans minéraux, car les minéraux que contient l'eau sont inorganiques et néfastes pour la santé ». Le lecteur daignera peut-être s'intéresser à l'origine de ces mythes au sujet des minéraux.

Le jus d'herbe de blé

Toute discussion sur les vertus du jus d'herbe de blé doit commencer par une citation de la Bible, car le livre sacré semble à l'origine de la croyance que manger de l'herbe, n'importe quelle herbe, est bon pour les humains.

4.31 La parole était encore dans la bouche du roi, qu'une voix descendit du ciel: Apprends, roi Nebucadnetsar, qu'on va t'enlever le royaume. 4.32 On te chassera du milieu des hommes, tu auras ta demeure avec les bêtes des champs, on te donnera comme aux boeufs de l'herbe à manger; et sept temps passeront sur toi, jusqu'à ce que tu saches que le Très Haut domine sur le règne des hommes et qu'il le donne à qui il lui plaît.

D'après William T. Jarvis, Ph.D., l'idée que le blé en herbe guérisse des maladies graves vient de Ann Wigmore (1909-1994). Elle s'est fondée sur le récit biblique de Nabuchodonosor, le roi fou de Babylone dont on dit qu'il a passé sept ans à vivre comme un animal sauvage, en broutant l'herbe des champs. « Comme il s'est rétabli, Wigmore en a conclu que c'était l'herbe qui l'avait guéri de sa folie. »

Ann Wigmore
Nous avons tous vu des chats ou des chiens brouter de l'herbe, peut-être lorsqu'ils se sentent malades. Ce genre d'observations a renforcé la croyance de Wigmore à propos du pouvoir curatif de l'herbe. Elle a concocté une théorie selon laquelle les aliments en décomposition dans l'intestin forment des toxines qui circulent ensuite dans le sang (c'est la théorie de la toxicité intestinale) et causent le cancer. Selon elle, la durée de vie du jus d'herbe de blé est de moins de trois heures, il faut donc consommer le produit très frais, à partir des pousses qu'on vient tout juste de récolter. Les enzymes présentes dans le blé en herbe sont vivantes et peuvent « détoxifier » le corps lorsqu'on les prend par voie orale ou sous forme de lavements. On prépare le jus d'herbe de blé en faisant germer des grains de blé, qu'on laisse croître jusqu'à ce que les pousses produisent de la chlorophylle. C'était la chlorophylle des plantes qui enthousiasmait tant Wigmore. Elle en faisait « la source de vie de la planète ». Selon elle, toute cuisson « tuait » les enzymes. Dès que l'équilibre « sacré » acide-base de 7,4 (celui du sang humain) était rompu, l'efficacité du jus était réduite.*

Voici ce que dit la American Cancer Society du jus d'herbe de blé:

Bien que la plupart des gens voient dans le jus d'herbe de blé un supplément alimentaire ou une simple portion de légumes, certains prétendent qu'un programme alimentaire appelé le plus souvent « régime à l'herbe de blé » peut faire régresser le cancer et prolonger la vie des personnes qui en sont atteintes. On semble croire que ce régime renforce le système immunitaire, tue les bactéries nocives du système digestif, et débarrasse le corps de ses toxines et déchets... On rapporte bien des cas individuels de régression de tumeurs et de survie prolongée chez les adeptes de ce régime, mais aucun essai clinique, dans les publications scientifiques actuelles, ne permet d'affirmer ce genre de choses (nous soulignons).

L'herbe de blé est très populaire chez ceux et celles qui croient à sa valeur médicale éprouvée. Pourtant, « Il n'y a presque pas eu d'études cliniques chez l'humain qui permettraient d'affirmer ce que valent l'herbe de blé ou les régimes qui l'emploient. Une seule étude très modeste laisse entrevoir qu'elle pourrait être utile aux personnes souffrant de colite, une inflammation du côlon. »*

L'absence de preuves scientifiques à ce sujet ne freine pas Webster Kehr dans ses ardeurs, par contre:

Si l'oxygène est une balle qui tue les cellules cancéreuses, l'herbe de blé est une véritable décharge de tromblon. Le nombre de façons dont elle contre le cancer est phénoménal. Tout d'abord, elle contient de la chlorophylle, qui présente pratiquement la même structure moléculaire que l'hémoglobine. La chlorophylle accroît la production d'hémoglobine, ce qui signifie que davantage d'oxygène se rend jusqu'aux tumeurs. Elle contient aussi du sélénium et du laétrile, deux anticancéreux. La chlorophylle et le sélénium contribuent à renforcer le système immunitaire. Qui plus est, l'herbe de blé est l'un des aliments les plus alcalins connus de l'homme, et il y a bien plus.

Sans aucun doute... ad nauseam. La chlorophylle n'est pas identique au sang dans sa structure, et elle ne joue pas un rôle parallèle au sang chez les plantes. Le fait que les herbivores ne sont pas épargnés par les maladies infectieuses ou dégénératives malgré leur forte consommation de chlorophylle montre bien ses limites. « De plus, la chlorophylle ne peut avoir d'effet interne chez l'être humain puisqu'elle n'est pas absorbée. Il n'y a aucune raison de considérer les produits contenant de la chlorophylle comme naturels. On extrait la chlorophylle en exposant de la matière végétale à des produits chimiques comme l'acétone, l'hexane et le cuivre. »* Les études sur le sélénium dans le traitement du cancer n'ont produit que des résultats mitigés.

L'acide dichloro-acétique

Bien qu'on dise l'acide dichloro-acétique « naturel »), autant lui que le sodium dichloro-acétate (une forme « tamponnée », non acide, de l'acide dichloro-acétique) sont des produits chimiques fabriqués par l'homme qui ne se trouvent pas dans la nature.

En 2007, une étude canadienne a mis en lumière le fait que des rats atteints du cancer à qui l'on administrait de l'acide dichloro-acétique par leur eau potable présentaient une croissance tumorale moins rapide que les autres. L'acide dicholoro-acétique tuait également, in vitro, les cellules cancéreuses du poumon, du sein et du cerveau, mais pas les cellules saines.
 
Depuis, plusieurs études ont été menées en laboratoire relativement aux effets possibles de l'acide dichloro-acétique sur des cellules cancéreuses in vitro ou des animaux de laboratoire. Des cellules du cancer de la prostate semblaient plus faciles à tuer par radiothérapie lorsqu'on les avait exposées auparavant à l'acide dichloro-acétique. Des cellules du cancer du sein implantées dans des queues de rats migraient moins vers d'autres parties du corps lorsqu'on avait administré de l'acide dichloro-acétique aux animaux. Les cellules malignes de l'endométriose étaient plus susceptibles de mourir après une exposition à l'acide dichloro-acétique, mais la chose ne valait que pour les cellules cancéreuses légèrement à modérément invasives. Les plus agressives n'étaient pas touchées... Fin 2009, aucune étude chez l'humain n'avait encore montré que l'acide dichloro-acétique peut aider à traiter le cancer. Les données scientifiques actuelles n'autorisent pas l'utilisation de l'acide dichloro-acétique contre le cancer pour l'instant.*

Il faut souligner qu'on ne peut se procurer de l'acide dichloro-acétique légalement aux États-Unis, sauf dans le cadre d'essais cliniques. Évidemment, la chose a fait naître chez certains esprits soupçonneux l'idée que la FDA et les grandes pharmaceutiques veulent priver le public de ce moyen de défense tout simple contre le cancer. Ces personnes aiment bien ramener ce bon vieux Dr Warburg pour expliquer comment l'acide dichloro-acétique peut faire disparaître le cancer:

Les patients demandent souvent comment l'acide dichloro-acétique cible le cancer. Il semble qu'en grande partie, l'acide tue les cellules cancéreuses en agissant sur leur fonction mitochondriale, le « centre d'énergie » de la cellule. L'acide nuit peut-être à la façon dont la cellule maligne utilise l'énergie, ce qui la rend plus vulnérable. C'est là une nouvelle manière de cibler les cellules cancéreuses d'un point de vue métabolique qui découle d'une recherche très ancienne menée par le Dr Otto Warburg (qui a remporté le prix Nobel en 1931). En gros, il avait montré comment les cellules cancéreuses utilisent le sucre pour croître (ce qu'on appelle l'effet Warburg). En agissant sur ce processus métabolique, il est possible qu'on perturbe les cellules malignes les plus sensibles.*

Toutes les cellules ont besoin de sucre (de glucose) pour croître. Le cancer n'est pas amateur de friandises.

Le 714X

Le 714X est l'invention de Gaston Naessens (né en 1924), qui prétend pouvoir guérir le cancer et bien d'autres maladies en renforçant le système immunitaire. « Selon une analyse chimique effectuée par la FDA, le 714X contient 94 % d'eau, environ 5 % de nitrate, 1,4 % d'ammonium, moins de 1 % d'éthanol, de sodium et de chlorure, ainsi que moins d'un centième de 1 % de camphre. »*

Gaston Naessens
Aucune étude en laboratoire sur l'innocuité ou l'efficacité du 714-X n'a été publiée dans une revue scientifique à comité de lecture. Quelques expériences ont été menées sur des animaux, mais on n'en a jamais vu les résultats dans des journaux scientifiques. Les essais sur des animaux portaient sur un modèle de lymphosarcome chez des rats, et sur un modèle de lymphome chez des chiens et des vaches. Le produit n'a présenté aucune efficacité contre le cancer dans ces études...
 
Aucun essai clinique ni aucune autre étude portant sur des patients cancéreux démontrant l'innocuité ou l'efficacité du 714-X n'est jamais parue dans une publication scientifique à comité de lecture.*
Somatoscope

Les fabricants du 714-X, Cerbe Distribution Inc., racontent dans leur site Web qu'en raison des propriétés uniques du produit, on ne peut le tester de la même façon que les autres préparations pharmaceutiques: « ... car le 714-X, comme pour n'importe quel produit naturel (par exemple, la vitamine C) ou n'importe quel traitement spécial (comme la massothérapie), voit toujours son effet dépendre du terrain biologique unique à chaque individu, ainsi que du contexte de vie dans lequel chacun évolue ». Cerbe dit du 714-X qu'il s'agit d'un « immuno-modulateur qui vise à renforcer un système immunitaire faible ou à ralentir un système immunitaire hyperactif ».

Le 714-X n'a jamais reçu l'approbation de la FDA, mais on peut se le procurer au Canada, où la loi permet son utilisation en tout dernier recours.

Le créateur de cette concoction est le type même du savant fou solitaire. Il a inventé un microscope qu'il appelle le somatoscope, et qui lui permet, dit-il, de voir des animalcules vivant dans le sang, les somatides.

Selon le Dr Lawrence Wilson, les somatides

ne sont pas des entités physiques, ce qui les rend invisibles au microscope ordinaire. Pour les voir, il faut un appareil spécial qui s'appelle microscope à fond noir. Les somatides font partie de ce qu'on nomme parfois la théorie des somatides ou du polymorphisme. Selon Royal Rife, MD, et le Dr Gaston Naessans [sic] du Canada, les somatides sont des animalcules ou des créatures qui cohabitent en nous, à l'intérieur du corps de chacun, au niveau microscopique. Ils vivent à l'intérieur de nos cellules et ne sont pas facilement détectables, car ils ne sont pas purement physiques. On pourrait les décrire comme des êtres éthériques qui aident l'enveloppe corporelle à vivre sur Terre dans les conditions qui y règnent.*

Naessens a échafaudé une théorie à propos des somatides et du cancer. On peut la décrire ainsi :

Il y a trois formes de base des somatides qui, selon Naessens, sont essentielles à la vie parce qu'elles produisent une particule responsable de la division cellulaire. Le corps en santé en maintient le nombre à un niveau adéquat, mais la maladie leur permet de changer de forme de façon polymorphique et d'adopter une des seize formes à sa disposition. C'est là un fait d'une énorme importance, car la plupart des microbiologistes croient de nos jours que le polymorphisme n'est qu'une invention farfelue.* (Nous soulignons.)

La plupart des scientifiques croient que les idées de Naessens ne sont que des inventions farfelues parce qu'ils ne peuvent voir ce que lui voit, et qu'il n'a jamais pu prouver l'existence de ces bestioles, et encore moins qu'elles pouvaient causer le cancer. En 1967, la American Cancer Society a publié les résultats de son enquête sur Naessens.* Naessens affirme avoir étudié la biologie à l'Université de Lille, en France, ce qu'aucun document officiel ne corrobore. Plus tard, il est allé s'établir au Québec. En 1956, on l'a condamné, pour pratique illégale de la médecine, à payer une amende de 300 000 francs anciens, et à verser 600 000 francs anciens à l'ordre professionnel et syndicat des médecins. En 1964, le professeur Pierre Denoix, directeur de l'Institut Gustave-Roussy à Villejuif, en France, a mené une enquête sur Naessens, qui racontait avoir inventé un traitement contre le cancer appelé Anablast.

Denoix a conclu que dans la mise au point de son sérum, Naessens s'était basé sur des prémisses erronées. L'enquête sur des cas de cancers et de leucémies traités à l'aide d'Anablast révélait que le sérum n'avait aucune valeur thérapeutique. (Pour chaque guérison que Naessens s'attribuait et que Denoix a pu vérifier, le patient avait reçu le traitement standard.) Peu après, Naessens a été condamné pour pratique illégale de la médecine et de la pharmacologie. D'après Denoix, les particules qu'il avait vues sont bien connues des hématologistes, et résultent simplement de la désintégration des globules rouges. Il concluait également que les micro-organismes que Naessens cultivait étaient le résultat d'une contamination secondaire des substances étudiées.*

Sans surprise, Naessens a ses partisans. Ils proclament qu'il est un génie persécuté et censuré par l'industrie du traitement du cancer. L'un des plus actifs à ce sujet s'appelle Billy Best. Il dit avoir été guéri par le 714-X et le thé Essiac, une espèce de tisane. Les données scientifiques actuelles ne permettent pas de conclure que les ingrédients de cette tisane, ensemble ou individuellement, sont efficaces dans le traitement du cancer chez l'humain.

La levure chimique (bicarbonate de soude)

Tullio Simoncini

Naturellement, Webster Kehr trouve rempli de bon sens le fait de traiter le cancer avec de la poudre à pâte, d'autant plus que le bicarbonate de soude est 300 000 fois moins cher que la chimiothérapie (nous donnons les chiffres de Kehr). À l'origine de cette idée géniale, on retrouve l'oncologue italien Tullio Simoncini. Il fonde son traitement sur la notion que le cancer est causé par un champignon. Simoncini croit que le Candida provoque le cancer, malgré le fait que « la recherche actuelle ne montre pas que le cancer résulte d'une infection venant d'une levure nommée Candida albicans. Elle ne montre pas non plus que le bicarbonate de soude soit utile comme traitement de la moindre forme de cancer ni qu'il guérisse les infections à levure ou les infections fongiques. En fait, il existe des preuves significatives que de telles affirmations sont fausses ».* Soit dit en passant, Simoncini a perdu son permis d'exercer la médecine en Italie après le décès de plusieurs de ses patients, ce qui ne l'a pas empêché de poursuivre sa pratique.

Le calcium et la vitamine D

Comme la levure chimique, on préconise le calcium contre le cancer parce que -- qu'a dit le Dr Warburg, déjà, à propos de l'oxygène et des cellules cancéreuses? - « le cancer ne peut survivre que dans un milieu acide. Pour guérir n'importe quelle forme de cancer, il faut porter son niveau de pH au maximum, afin d'éliminer toute présence d'acide du corps. Une fois la chose faite, les cellules cancéreuses meurent très rapidement. C'est un fait éprouvé. Et l'une des meilleures façons d'accroître le niveau de pH, c'est en prenant du calcium. Mettez-vous bien ces mots en tête et ne les oubliez jamais: Le calcium tue l'acide ».* Voilà le dogme de la religion des traitements naturels contre le cancer, mais la science s'oppose à cette version des faits. « Davantage de recherche est nécessaire pour comprendre le rôle du calcium dans la prévention du cancer ou la régression des tumeurs, mais il ne fait pas de doute qu'un apport de calcium adéquat est impératif pour prévenir la perte de masse osseuse. Chez les cancéreux, le calcium et la vitamine pourraient contribuer à garder des os forts. »*

Des études in vitro et sur des modèles animaux, de même que des études observationnelles épidémiologiques permettent de croire à une relation entre un apport élevé en vitamine D et un risque moins important de contracter un cancer. Les études observationnelles ne font que colliger des renseignements sur les sujets sans changer quoi que ce soit à leur comportement. Elles ne permettent pas de prédire avec confiance les effets qu'aurait un accroissement du taux de vitamine D.
 
Ces études laissent entrevoir que le risque de contracter certaines formes de cancer est moins élevé chez ceux qui prennent davantage de calcium et de vitamine D (ce qui peut inclure la vitamine D provenant de l'alimentation et de l'exposition au soleil). Des niveaux plus élevés de vitamine D dans le sang ont également été liés à des risques plus faibles pour certains types de cancer, en particulier le cancer colorectal. Un chercheur, après avoir analysé 60 de ces études, a remarqué que l'apport en calcium semblait avoir un effet plus protecteur que la vitamine D contre le cancer du côlon et du rectum. Étant donné l'interaction de la vitamine et du calcium, il pourrait s'avérer difficile de séparer les effets.
 
Il faut des essais cliniques soigneusement conçus pour confirmer si de faibles niveaux de vitamine D font croître le risque de cancer, et pour savoir si prendre davantage de vitamine D (avec ou sans suppléments de calcium) réduit le risque de cancer. En attendant, il est trop tôt pour conseiller à qui que ce soit de prendre des suppléments de vitamine D pour la prévention du cancer.*
 
Il n'y a pas d'essai clinique avec groupe de contrôle liant la vitamine D à une maladie quelconque autre que l'ostéoporose.*
 
[Des études] indiquent que les personnes souffrant d'un mélanome ou d'un cancer de l'intestin pourraient bénéficier d'un apport plus élevé en vitamine D, soit par l'alimentation, par des suppléments, ou par une exposition aux ultraviolets. Toutefois, il faut se rappeler que les suppléments de vitamine D (et les quantités excessives dans l'alimentation) peuvent causer des problèmes lorsqu'on en absorbe des doses importantes sans supervision médicale.*

Le calcium et la vitamine D sont essentiels pour la santé, mais en faire un traitement naturel contre le cancer semble prématuré.

Le crudivorisme

Paul Nison

Encore une fois, le paradigme de l'oxygène qui tue le cancer et le Dr Warburg se cachent derrière ce « traitement » naturel. L'un de ses grands enthousiastes s'appelle Paul Nison (dont le site Web, www.rawlife.com, mène directement à sa boutique en ligne, pour faciliter la vie des visiteurs). Dans son essai « Diet for Cancer Patients », Nison écrit:

Le cancer ne peut survenir et croître que dans un corps où l'oxygène est manquant. De nos jours, le sujet moyen, en particulier celui qui est atteint du cancer, présente une grave insuffisance d'oxygène. Les conseils suivants sont impératifs pour ceux qui désirent vraiment vaincre le cancer.

D'abord, il faut éliminer ce qui cloche: les aliments transformés (« Chaque bouchée d'un aliment qui vient d'un contenant, d'une boîte, d'une conserve, d'une bouteille ou d'un sachet mène au cancer »), les nouveaux aliments (« Si ce n'était pas de la nourriture il y a cent ans, ne considérez pas que c'en est aujourd'hui »), les aliments morts (« Les aliments auxquels il manque des enzymes sont morts, et mènent à la mort... la cuisson détruit toutes les enzymes des aliments, et quiconque tente de guérir du cancer devrait consommer des aliments vivants, crus à 100 % »), et les sucres (« Évitez tous les sucres, même celui des fruits »).

Vous avez bien lu. Les fruits sont des aliments nocifs. Pourquoi? Voici l'explication de Nison, convaincante pour qui n'y connaît rien en nutrition:

[Le sucre] produit de la fermentation dans le corps, une fermentation qui favorise la croissance de levure et de bactéries nocives. Une consommation excessive d'aliments sucrés cause de la constipation et des gaz, et ces gaz peuvent congestionner le réseau sanguin. C'est là l'origine de la plupart des maladies, des infections à Candida au cancer, et toutes les maladies imaginables entre les deux.

Vous avez peut-être retenu de vos cours de biologie que la fermentation est en fait avantageuse pour les muscles. Ceux qui cherchent des preuves que le sucre cause le cancer seront déçus. Le sucre ne cause pas le cancer, mais « quelques données montrent que la consommation de quantités importantes de sucre est associée à un risque accru relatif à certains cancers, y compris du cancer de l'œsophage. Elle peut également mener à des gains de poids, ainsi qu'à un risque accru d'obésité et de diabète, ce qui peut faire croître le risque de cancer ».*

Le sucre n'accélère pas la croissance du cancer. Toutes les cellules, y compris les cellules malignes, dépendent du sucre dans le sang (le glucose) pour obtenir de l'énergie. Mais donner plus de sucre aux cellules cancéreuses ne favorise pas leur croissance. De même, priver ces cellules de sucre ne la ralentit pas.*

Maintenant, en regardant ce qui précède d'un peu plus près, on se rend compte que les seuls aliments encore permis par Nison sont les légumes, les noix et les champignons crus, ainsi que quelques autres choses. Selon Nison:

Lorsqu'on souffre du cancer, il faut traiter son corps le mieux possible, ce qui signifie consommer ses aliments crus, mûrs, frais, biologiques et vivants. Une fois guéri, on peut baisser la garde et suivre ce régime à 80 %, mais 100 % vaudra toujours mieux.

Franchement, n'est-il pas préférable de traiter son corps le mieux possible même quand on ne souffre pas du cancer? Et où se trouvent les preuves que la chose veut dire consommer des aliments crus, mûrs, frais, biologiques et vivants? Nison ajoute:

La majeure partie de votre assiette devrait contenir des pousses et légumes crus, comme des légumes verts, de l'herbe de blé, des algues, des légumes de mer, et des pousses de tournesol. La raison pour laquelle ces aliments verts sont si importants pour le corps est qu'ils contiennent de la chlorophylle: le sang des plantes.

Nous avons déjà parlé de cette idée fausse à propos de la chlorophylle dans la section traitant de l'herbe de blé. Selon Nison, les noix et graines (trempés dans l'eau pendant douze heures) sont bénéfiques, parce qu'elles contiennent des enzymes. On ne nous dit pas comment les enzymes guérissent du cancer. Certes, un régime équilibré devrait comporter des aliments offrant une grande variété d'enzymes.

Y a-t-il la moindre preuve que le crudivorisme puisse guérir du cancer? Nison oublie de les mentionner. Si cet homme et ses disciples ressemblent moins à des experts en diététique qu'à des évangélistes, c'est parce que ce sont des évangélistes. Nison enseigne à l'Institut Hippocrate, qui se proclame « l'institut de santé spécialisé dans le traitement des cancéreux le plus à l'avant-garde au monde »* C'est Ann Wigmore, la dame à l'herbe de blé déjà mentionnée, qui a fondé l'établissement. Tout comme elle, Nison croit que son régime alimentaire est sanctionné par la Bible :

C'est notre Créateur qui a séparé l'eau salée de l'eau douce, qui a fait émerger les terres, et qui a planté un jardin. Il a créé les animaux et les poissons avant même d'avoir suscité un seul être humain. Il nous a pourvus de tout le nécessaire avant de nous faire venir au monde. S'Il a créé notre corps et s'il connaît jusqu'au moindre cheveu de notre tête, je suis sûr qu'il sait ce que nous devons manger, et quand.
 
Il a créé le ciel et la terre, y compris les humains, la nourriture, le soleil et la lune. Le soleil et la lune règlent l'horaire que nous devons suivre... Quand le soleil est dans le ciel, mangez selon votre faim; lorsqu'il est couché, arrêtez... C'est la règle numéro un de la Diète diurne. Respectez ce principe fondamental, et vous en constaterez l'effet positif sur votre santé, votre énergie, votre sommeil - sur tout votre être - car c'est ainsi qu'on vous a conçu. La nuit est faite pour dormir.
Brian Clement

Le patron actuel de l'Institut s'appelle Brian Clement, qui a fait les nouvelles récemment (14 nov. 2014) pour avoir traité deux jeunes filles des Premières Nations de l'Ontario atteintes de leucémie. Il a eu recours à « un laser froid, des injections de vitamine C, et un régime strict à base d'aliments crus ». Étrangement, « l'institut de santé spécialisé dans le traitement des cancéreux le plus à l'avant-garde au monde » se fait appeler un « centre de santé », et ne possède qu'un permis de « salon de massage ». C'est sans doute pour des raisons juridiques, car aucun des membres de l'Institut n'est qualifié pour traiter le cancer. La télévision anglaise de Radio-Canada a enquêté sur Clement lorsqu'il s'est rendu au Canada pour faire la promotion de son régime anticancéreux.

CBC News s'est intéressé aux titres de Clement.
 
Ces derniers mois, il a prononcé des conférences dans les communautés des deux jeunes filles, ainsi qu'aux environs.
 
Dans une vidéo obtenue par CBC News, Clement dit que son institut enseigne à ses patients comment « se guérir soi-même » du cancer en mangeant des légumes biologiques crus et en maintenant une attitude positive.
 
« Nous comptons plus de cancéreux en rémission que n'importe quel institut de toute l'histoire des soins de santé », dit-il.
 
« Alors quand McGill ou Toronto échouent, ils viennent nous voir. Leurs cas de cancer en stade quatre, nous les réglons. »

Quelles sont les preuves de ce que Clement raconte? Il n'y en a pas; il faut le croire sur parole et se fier aux témoignages affichés dans le site Web de l'Institut Hippocrate. « Selon les autorités de santé de l'État de la Floride, l'Institut Hippocrate est un centre de massothérapie licencié. Brian Clement n'est ni médecin ni naturopathe. »* et ses titres viennent d'usines à diplômes.* Même alors, il est difficile de comprendre d'où il tire certaines de ses idées. Selon Clement, « Dans les viandes cuites, les molécules de gras éclatent et deviennent cancérigènes. La chose est également vraie pour les huiles végétales, y compris l'huile d'olive. La viande ne donne pas de protéines complètes. Comparativement aux végétariens, les mangeurs de viande présentent une carence en protéines huit fois supérieure. »* Dans une autre vidéo, Clement montre qu'il peut dire autant de bêtises que les plus grands dans le domaine:

Les photons en arrivent ensuite au second stage: ils frappent la terre. Ils se transmuent en différentes fréquences. Ce sont ces fréquences qui créent le corps physique ou le corps énergétique qui nous constitue véritablement. Lorsque nous parlons, pensons, écoutons, c'est le corps énergétique qui agit. Le corps physique que vous voyez maintenant, c'est la création de l'effet microbien du sol, composé des mêmes protons, mais recyclés, cachés à nouveau.

Merci, Monsieur Clement. C'est très clair.

Enfin, l'un des refrains les plus fréquents chez les enthousiastes du crudivorisme veut que la cuisson des aliments leur enlève leur valeur nutritionnelle. « Contrairement à ce qu'affirme la propagande des partisans de l'alimentation crue, la cuisson peut aider à absorber davantage de nutriments. »*

La vitamine C intraveineuse

L'administration de vitamine C par intraveineuse est considérée par les adeptes de médecine parallèle comme un traitement contre le cancer depuis les années 1970, mais les seuls essais cliniques effectués par de véritables scientifiques à ce sujet remontent aux années 1970 et 1980, quand des chercheurs de la clinique Mayo qui se penchaient sur les effets de la vitamine C sous forme orale ont constaté qu'elle n'avait pas d'effet anticancéreux.* Les choses tendent à changer dans ce domaine, mais avant de voir dans quel sens, rappelons-nous cette mise en garde de David Gorski, M.D.: « Un bon médicament contre le cancer doit, à tout le moins, agir contre les tumeurs ciblées à des concentrations faibles ou raisonnables, et de ce côté, la vitamine C n'est pas du tout à la hauteur. Pire, il y a quelques indications montrant que la vitamine C pourrait nuire à la chimiothérapie dans certains cas ».*

Des études donnent à penser que des niveaux élevés de vitamine C peuvent tuer des cellules cancéreuses en laboratoire, mais de tels niveaux ne s'obtiennent que par voie intraveineuse. L'Université du Kansas (KU) possède une faculté de médecine intégrative qui a récemment publié les résultats d'une étude sur la vitamine C par intraveineuse et le cancer de l'ovaire. Son centre d'infusion offre ce traitement depuis quelque temps. Dans un communiqué de presse l'Université a déclaré: « Les chercheurs du Centre de médecine de l'Université du Kansas sont arrivés à la conclusion que des doses élevées de vitamine C, administrées par intraveineuse concurremment avec la chimiothérapie traditionnelle, aident à tuer les cellules malignes tout en réduisant les effets toxiques de la chimiothérapie chez certains cancéreux ». Les résultats de cette étude ont paru dans Science Translational Medicine. « L'essai clinique des chercheurs concernait 27 patientes chez qui on venait de découvrir un cancer de l'ovaire de stade 3 ou 4. Toutes les participantes ont reçu le traitement conventionnel au paclitaxel ou au carboplatine, tandis qu'un petit sous-groupe recevait également de fortes doses de vitamine C par intraveineuse. On a suivi les participantes pendant cinq ans. Les patientes ayant reçu la vitamine C tendaient à rapporter moins d'effets toxiques causés par la chimiothérapie. » Il s'agit d'une étude modeste, et l'expression « tendaient à rapporter moins d'effets toxiques » ne donne pas vraiment de quoi pavoiser. D'un autre côté, nous savons grâce à d'autres études que de fortes doses de vitamine C tuent les cellules malignes dans des boîtes de Pétri et chez des rats de laboratoire.

Le Dr Jeanne Drisko, qui a co-signé l'étude de la KU, est directrice de la médecine intégrative du Centre de médecine de l'Université du Kansas. Évidemment, elle est enthousiaste à propos du traitement à l'étude. « En faisant grimper le taux sanguin de vitamine C, on peut faire pénétrer la vitamine dans l'espace entourant les cellules cancéreuses », explique-t-elle. Dans cet espace, la vitamine est convertie en peroxyde d'hydrogène. Il s'agit d'un processus assez semblable à celui qu'accomplissent nos globules blancs. Ils produisent du peroxyde d'hydrogène pour combattre l'infection. »*

Le Dr Stephanie Bernik, chef de l'oncologie chirurgicale de l'Hôpital Lenox Hill, à New York, lance une mise en garde: il faut des études plus étoffées. « Il faut également s'assurer que ces traitements ne vont pas à l'encontre de ceux qu'on administre actuellement », ajoute-t-elle. L'efficacité de ce nouveau traitement n'est pas encore prouvée. Le Dr Michael Seiden, chef du Service médical pour le US Oncology Network, fait écho à ses propos. « On doit insister sur le fait que bien des traitements aux vitamines ont montré des résultats intéressants en laboratoire, mais, jusqu'à présent, ces approches demeurent typiquement inefficaces chez l'humain, et s'avèrent même parfois nocives », dit-il. « Pour l'instant, rien ne montre que de fortes doses de vitamine C devraient faire partie du traitement des femmes souffrant du cancer de l'ovaire ». Le Dr Gorski pense que l'étude « laisse entrevoir une certaine utilité de l'ascorbate (la vitamine C) contre le cancer de l'ovaire », mais il reste beaucoup de travail à faire avant de prouver qu'il s'agit d'un traitement sûr et efficace. Le Dr Gorski donne une analyse technique fouillée des problèmes que présente l'étude de la KU et le raisonnement qui en découle. Selon lui:

Ici, nous avons un petit essai clinique dont le taux d'abandon était de 19 %, et qui n'était même pas à double insu. Il ne rapportait aucune différence dans le taux de survie total (pour un cancer des ovaires rendu à ce stade, comme on devait s'y attendre, il est abyssal, avec ou sans vitamine C) ni aucune différence statistiquement significative quant à la durée avant la rechute ou la progression. En toute justice, il aurait fallu un effet énorme pour qu'une aussi petite étude produise une différence statistiquement significative dans ces domaines, mais ce sont là deux points cruciaux qui seraient les moins touchés par l'absence de double insu, car leur définition dépend de l'interprétation de tomographies. Il est également difficile de ne pas voir que les différences de toxicités ne concernent que les plus faibles, de niveau 1 et 2 (sur une échelle de 1 à 5, où 1 correspond à une faible toxicité ne nécessitant aucune intervention, et 5, une toxicité mortelle). Il n'y avait pas de différence statistiquement significative (ni même quoi que ce soit s'en approchant) pour les toxicités de niveau 3 et 4, qui sont plus graves.

Les avantages de la vitamine C sont bien connus, mais au cas où le lecteur ne serait pas au courant:

Nombre d'études scientifiques ont montré que des régimes à teneur élevée en fruits et légumes (dont beaucoup contiennent de la vitamine C, ainsi que bien d'autres vitamines, fibres, et substances phytochimiques) font diminuer le risque de contracter le cancer du pancréas, de l'œsophage, du larynx, de la bouche, de l'estomac, du côlon et du rectum, du sein, du col de l'utérus et des poumons. Beaucoup de ces études montrent que consommer ces aliments procure un taux élevé de vitamine C, ce qui réduit le risque de souffrir d'un cancer d'environ 50 % par rapport aux gens qui en consomment moins. De même, ceux qui ont un taux sanguin de vitamine C plus élevé tendent à présenter un risque moindre de souffrir du cancer par rapport aux gens dont le taux est moins élevé, bien que la chose provienne sans doute de meilleures habitudes nutritionnelles que d'une utilisation de suppléments.*

Thomas Lodi et son « Oasis of Healing » est un des grands partisans de la vitamine C par intraveineuse comme moyen de lutte naturel contre le cancer, mais il s'agit là du moins dangereux des traitements naturels qu'il préconise, puisqu'il se fait également le promoteur de la chimiothérapie à faibles doses potentialisée par l'insuline.

Thomas Lodi
L'idée derrière cette nouveauté, c'est que les cellules cancéreuses aiment le sucre, ce qui est vrai. Ces cellules tendent en utiliser la glycolyse, et comme la glycolyse est une façon inefficace d'extraire l'énergie du glucose, comparativement à la respiration aérobie, elles ont besoin de beaucoup de glucose. Joignez à cette idée celle qui veut qu'une baisse de la concentration en glucose va rendre les cellules cancéreuses plus sensibles à la chimiothérapie, et vous obtenez une nouvelle discipline charlatanesque particulièrement périlleuse. Le médicastre administre d'abord de fortes doses d'insuline, assez pour faire plonger de taux de sucre sanguin du patient à des niveaux négligeables. À ce moment-là, on passe à la chimiothérapie, habituellement à des niveaux sous-thérapeutiques. (Rappelez-vous: le manque de glucose est censé rendre les cellules cancéreuses sensibles à la chimio.) Après, on injecte du glucose au patient pour mettre fin à l'hypoglycémie causée par l'insuline. Si cette pratique est si dangereuse, c'est qu'elle ne donne aucun droit à l'erreur. Un taux de glucose trop bas, et c'est la mort.*

Mais d'un autre côté, qu'y a-t-il de plus « naturel »?

Conclusion

Que conclure de ce bref examen de quelques-uns des traitements naturels les plus populaires? De toute évidence, qu'il n'y a pas assez de preuves de leur efficacité. La plupart des partisans des traitements naturels vous diront que la faute en revient au fait qu'il n'y a pas d'argent à faire avec les traitements naturels. C'est faux, car ces gens gagnent des sommes rondelettes en vendant des traitements qui ne s'appuient nullement sur la science. Sans doute, les grandes pharmaceutiques n'ont pas intérêt à investir dans la recherche sur des champignons ou du peroxyde d'hydrogène, dont il n'y a à tirer aucun brevet. Mais il n'y a pas que la grande entreprise qui peut mener des recherches sur le sujet. Beaucoup d'universités mettent les remèdes naturels à l'épreuve. Aux É.-U., les National Health Institutes ont consacré des millions à ces traitements, sans grands résultats, il faut bien le dire. L'idée que les grandes pharmaceutiques et la « mafia médicale » conspirent pour tenir cachées les connaissances sur les traitements naturels contre le cancer, afin d'éviter de perdre des milliards si le public commençait à se traiter lui-même peut séduire les naïfs, mais elle n'est soutenue par aucune preuve. La médecine scientifique tolère certains de ces traitements, parce qu'ils sont sans danger, mais elle met le public en garde contre ceux qui sont nuisibles, ou qui peuvent avoir un effet négatif sur la chimiothérapie ou la radiothérapie. Elle peut aussi s'opposer aux traitements inutiles ou dangereux en soi.

Même les dinosaures souffraient du cancer. Était-ce parce que leur régime ne leur apportait pas assez d'oxygène? Quoi qu'il en soit, malgré ses points faibles, il faut accorder sa confiance aux traitements de la médecine scientifique. Il existe une centaine de formes différentes de cancer, et la science n'a pas encore trouvé la panacée. Plus nous en apprenons sur le cancer, plus nous constatons qu'il reste beaucoup à apprendre. On peut douter qu'on trouve un jour un remède contre le cancer, un comprimé magique qui débarrasserait le corps de la moindre trace de la maladie, peu importe la forme sous laquelle elle se présente.

Ceux qui souffrent du cancer se retrouvent dans une position difficile, où ils doivent accepter beaucoup d'incertitudes, et l'incertitude est une grande source de stress. L'un des principaux avantages qu'on peut voir dans la croyance envers les traitements naturels est qu'elle procure un soulagement de l'anxiété. Sont à l'œuvre ici l'illusion de contrôle, l'illusion de compréhension, le préjugé de confirmation, et le renforcement collectif. Apprendre qu'on souffre du cancer, c'est se sentir frappé d'impuissance. Personne ne veut être à la merci d'une maladie, et en accepter passivement les effets. La croyance relative aux traitements naturels donne l'illusion qu'on maîtrise la situation, qu'on comprend les sources du mal et qu'on sait comment l'éradiquer. Une fois qu'on croit aux remèdes naturels, et qu'on pense que la mafia médicale cache de l'information d'importance vitale, il est facile de ne retenir que tout ce qui va dans le sens de ce qu'on pense et de faire fi de tout ce qui va à l'encontre de sa croyance. Il y a une pléthore de Joe Mercola, de Mike Adams, de Webster Kehr, de Brian Clement, qui renforcent les croyances à propos des médicaments naturels pour lesquels la médecine scientifique affirme qu'il n'y a pas assez de preuves. Toutes sortes d'idées fausses poussent des patients cancéreux à croire qu'il existe une façon simple, non invasive et peu chère de juguler la maladie dont ils souffrent. C'est là une source de grand réconfort. Personne ne veut mourir d'une maladie qu'on ne comprend pas, et contre laquelle on ne peut rien. Le plus souvent, on préfère entendre qu'on ne va pas mourir, qu'on peut lutter victorieusement, que c'est facile! La chirurgie, la radiothérapie font peur, à cause de leurs effets indésirables potentiels et de l'incertitude des résultats. Mieux vaut se faire dire qu'on n'a pas besoin de chimiothérapie ou de radiothérapie. Tout cela est réconfortant, mais ce n'est qu'illusion. Un sentiment de maîtrise et un soulagement de l'anxiété sont peut-être les plus grands avantages des traitements naturels contre le cancer, mais malheureusement, ces avantages n'incluent pas la guérison du cancer.

 

Voir également: Médecine intégrative; Noni; Produits biologiques; Vitamines et minéraux.

 

Dernière mise à jour le 2 mars 2020.

Source: Skeptic's Dictionary