LES SCEPTIQUES DU QUÉBEC

Dictionnaire

Éléments de persuasion trompeurs

(biais cognitifs)

Terme employé par Geoffrey Dean et Ivan Kelly (2003) pour décrire les illusions ou biais cognitifs, perceptuels ou affectifs qui mènent à des croyances erronées. Les exemples abondent. Quelques-uns des plus importants font l'objet des articles suivants:

«De façon technique, on peut les décrire comme des "artéfacts statistiques et des erreurs inférentielles systématiques"» (Dean et Kelly 2003, p. 180). Selon les deux chercheurs, ces éléments trompeurs expliquent pourquoi tant d'astrologues continuent de croire en la validité de l'astrologie malgré l'abondance de preuves du contraire. Le psychologue Terence Hines, qui s'est penché sur toutes sortes de ces éléments (Hines 2003), leur attribue le fait que de nombreux psychologues se servent encore du test de Rorschach en dépit des preuves de son inutilité:

Les psychologues continuent de croire au test de Rorschach pour les mêmes raisons que les lecteurs de tarot lisent leurs cartes, que les chiromanciens scrutent les lignes de la main et que les astrologues tracent des cartes du ciel, c'est-à-dire à cause d'illusions cognitives bien connues qui favorisent les fausses croyances. On retrouve parmi celles-ci les preuves anecdotiques, le souvenir sélectif de succès apparents et le renforcement reçu des collègues (Hines 2003).

Ces éléments de persuasion nous viennent d'adaptations fort utiles. La capacité de dégager des relations de l'environnement immédiat, surtout des relations de cause à effet, s'est révélé très avantageux pour notre espèce. La possibilité de reconnaître comment les données soutiennent nos croyances et de faire partager ces croyances à d'autres membres du groupe également. Tirer des inférences rapidement peut faire la différence entre la vie et la mort. Avoir de l'espoir, réduire les tensions causées par des idées conflictuelles et dans certains cas, même, se tromper peuvent présenter des avantages. Malheureusement, toutes ces tendances positives peuvent finir jouer des mauvais tour et mener à l'erreur si on ne les contrôle pas. De nombreux sceptiques ont remarqué que les éléments de persuasion trompeurs semblent parfois toucher les gens en fonction de leur intelligence: plus on est intelligent, plus il est facile de développer des croyances erronées. En effet, (1) les éléments trompeurs touchent tout le monde à des degrés divers; (2) plus on est intelligent, plus il est facile de tirer des liens causaux de son environnement; (3) plus on est intelligent, plus il est facile de rationaliser, c'est-à-dire d'écarter les preuves, mêmes solides, contraires à nos croyances; et (4) les gens intelligents peuvent se montrer arrogants et penser à tort que rien, ni autrui ni les faits ni eux-mêmes, ne peut les tromper. Vance Packard a été un des premiers à écrire sur le sujet avec son livre La persuasion clandestine (The Hidden Persuaders, 1957). Il y répertoriait les nombreuses méthodes, parfois très évidentes, que les publicitaires emploient pour manipuler les pensées et les goûts des consommateurs. Packard a tenté de montrer comment la propagande des entreprises constituait une espèce de contrôle de l'esprit, spécialement par la publicité subliminale. Ce que Dean et Kelly décrivent, ce sont les nombreuses façons par lesquelles nous nous convainquons de fausses idées en érigeant des blocages perceptuels et conceptuels qui nous empêchent de penser clairement et justement sur certains sujets.

 

 

L'astrologie et les éléments de persuasion cachés, par Geoffrey Dean & Ivan Kelly.

Dernière mise à jour le 24 août 2019.

Source: Skeptic's Dictionary