Méfiez-vous des diagnostics populaires, en vogue
Un petit pourcentage de médecins et un grand pourcentage de chiropraticiens (ou chiros), naturopathes, et faux "nutritionnistes" étiquettent des patients avec des diagnostics non reconnus par la communauté scientifique. Certains de ces pratiquants utilisent ces diagnostics pour presque tous les patients qu'ils voient. L'industrie de produits naturels profite de cette pratique en vendant des livres qui encouragent ces conditions et les concoctions de suppléments qui sont supposer aider les patients. Certains diagnostics populaires existent depuis longtemps, d'autres sont des créations nouvelles.
Il y a plusieurs années, les gens qui étaient fatigués ou nerveux étaient diagnostiqués avec une "insuffisance des surrénales." La plupart de ces gens n'étaient non seulement mal diagnostiqués mais étaient aussi traités avec un extrait des glandes surrénales, une substance que la FDA a interdit parce qu'elle était trop faible pour traiter la dite maladie. La thyroïde en déficience (l'hypothyroïdie) aussi est un diagnostic non justifié dans bien des cas de fatigue et/ou d'obésité. Les diagnostics à la mode d'aujourd'hui utilisés pour expliquer beaucoup de symptômes communs sont le syndrome de fatigue chronique, l'hypoglycémie, les allergies alimentaires, les parasites, "la maladie environnementale," "l'hypersensibilité au candida," "le syndrome de Wilson," et la "toxicité à l'amalgame de mercure." Les quatre premiers de cette liste sont des conditions pouvant être vraies qui sont sur-diagnostiquées par les pratiquants non-scientifiques. Les autres sont des inventions d'imagination pseudoscientifique.
Seulement un petit pourcentage de la population diagnostiquée comme ayant le syndrome de fatigue chronique (ou CFS) l'ont réellement. Selon les critères développées par les Centers for Disease Control and Prevention des E-Unis, le CFS devrait jamais être diagnostiqué à moins que la fatigue persiste ou se répète au moins depuis 6 mois et soit assez sévère qu'elle réduit le niveau d'activité du patient de plus de la moitié. De plus, la fatigue doit être associée à d'autres symptômes, tel que céphalées intenses, ou de fièvre légère, douleur articulaire ou musculaire, faiblesse musculaire, dérangement du sommeil, et symptômes psychologiques variés. Consumer Reports aurait appelé la CFS "un aimant pour charlatans," et a mis la population en garde que "certains pratiquants crée des patients avec le CFS chez des personnes qui ne l'ont pas du tout."
Les cas présentant de l'hypoglycémie existent, mais ils sont rares et devraient être évalués par des épreuves de laboratoire avant de poser le diagnostic. Le diagnostic devrait être considéré lorsque le patient présente des symptômes 2 à 4 heures après un repas, ayant un taux de glucose inférieur à 45 mg par 100 ml à ce moment-là, et qui est soulagé immédiatement quand son taux de glucose est augmenté. L'épreuve de tolérance au glucose n'est pas fiable pour l'évaluation de la plupart des cas d'hypoglycémie soupçonnée. Un taux bas de glucose sanguin sans symptômes aussi n'a pas de signification parce que c'est normal chez des individus qui consomment des grosses quantités de sucre. Le seul moyen fiable de diagnostiquer l'hypoglycémie c'est de prouver que le taux de glucose sanguin est bas lorsque les symptômes surviennent durant les activités normales du patient. Le moyen le plus pratique d'accomplir cela c'est en faisant usage d'un appareil pour faire des tests de glucose à la maison.
Les médecins qui sur-diagnostiquent l'hypothyroïdie souvent se basent sur une température basse prise avec un thermomètre dans l'aisselle. Ceci n'est pas un test valide de fonction thyroïdienne. Le diagnostic précis nécessite des tests sanguins qui mesurent les niveaux d'hormone thyroïdienne.
"La maladie environnementale" aussi appelée la "sensibilité à multiple produits chimiques de l'environnement" est basée sur la notion que lorsque la tolérance corporelle à la charge totale de stress psychologique et physique n'est plus tolérée, le système immunitaire perd le contrôle et l'hypersensibilité à des quantités discrètes d'aliments communs et à des produits chimiques survient causant une grande variété de symptômes. Les médecins croyants cette notion se nomment des "écologistes cliniques" ou des spécialistes de "médecine environnementale." Leur approche au traitement consiste en l'élimination ou exposition aux aliments et substances de l’environnent auxquels ils considèrent le patient allergique. Des restrictions extrêmes peuvent inclure demeurer dans la maison pendant des mois, ou demeurer dans une roulotte fait en sorte que l'exposition aux produits de pollution ou aux produits synthétiques est empêchée. Dans bien des cas, la vie du patient devient directement basée sur le traitement. L'American Academy of Allergy and Immunology, la plus grande organisation professionnelle allergologistes du pays, a émis l'avertissement suivant: "Malgré que l'idée que l'environnement soit responsable d'une multitude de problèmes de santé soit très attrayante, présenter des idées de ce genre comme des faits, ou conclusions, ou même comme mécanismes possibles sans évaluation adéquate est de la pauvre pratique médicale ."
Le diagnostic fait par les écologistes cliniques est fondé sur les résultats de tests de "provocation" et "neutralisation" qui sont faits en se fiant sur les symptômes rapportés par les patients survenant dans 10 minutes suite à application de l'aliment évalué sous la langue ou injecté dans la peau. Si des symptômes surviennent, le test est considéré positif et des concentrations plus faibles sont administrées jusqu'au moment où aucun symptôme survient, et cette dose est alors appelé "neutralisante." Des chercheurs de l'Université de Californie ont démontré que ces procédures sont sans valeur. Dans une étude à double insu et aveugle, 18 patients ont reçu trois injections d'extrait d'aliments soupçonné et neuf injections de sérum physiologique (eau salée diluée) durant une période de trois heures. Les tests ont été faits sous la direction et dans les bureaux d'écologistes cliniques qui traitaient ces personnes. Dans des études non-aveugles, ces patients avaient rapporté de façon consistante des symptômes quand exposés à ces extraits alimentaires et aucun symptôme suite à l'injection de sérum physiologique. Mais durant l'expérience aveugle (en ne sachant pas ce qu'ils recevaient), ils rapportèrent autant de symptômes lorsqu'injectés avec le sérum physiologique qu'avec les extraits alimentaires, signifiant que leurs symptômes n'étaient rien d'autre que des réactions dits 'placebo.' "Les doses neutralisantes" étaient aussi efficaces qu'elles soient des extraits alimentaires ou de l'eau salée diluée.
"L'hypersensibilité au candida" est une condition diagnostiquée dont les symptômes sont multiples incluant la fatigue, dépression, incapacité de se concentrer, hyperactivité, céphalées, problèmes cutanés (incluant l'urticaire), douleur abdominale et ballonnement, constipation, diarrhées, symptômes respiratoires, et problèmes urinaires et des organes de reproduction. Celui qui a fait la promotion de cette "hypersensibilité au candida" de façon particulière est William G. Crook, M.D., de Jackson, Tennessee, qui a écrit le livre intitulé: The Yeast Connection, According to Crook, "si un check-up bien fait ne révèle pas la cause de vos symptômes, et votre histoire médicale [telle que décrite dans ce livre] est typique, il est possible et même probable que vos problèmes de santé soient reliés à la levure (champignons)." Pour corriger ces problèmes, il recommande des extraits allergéniques, des médicaments antifongiques, des suppléments vitamines-minéraux, et des diètes qui suppriment les hydrates de carbone raffinés, les aliments traités, et (au début) les fruits et le lait.
L'American Academy of Allergy and Immunology considère le concept de l'hypersensibilité au candida comme "spéculatif et non-prouvé" et note que tout le monde présente certains de ces symptômes occasionnellement. L'académie a émit un avertissement au fait que les patients qui prennent les médicaments antifongiques prescrits de façon inappropriée vont présenter des effets secondaires et que l'usage prolongé peut se traduire par le développement de microbes résistants qui peuvent mettre la vie de tout le monde en danger.
Plusieurs pratiquants douteux maintiennent que les allergies alimentaires pourraient être responsables pratiquement de tout symptôme qu'un individu peut présenter. Ils appuient cette déclaration - qui est fausse - avec l'administration de tests variés qui apparemment identifieraient les aliments en cause. L'épreuve la plus utilisée est le test dit cytotoxique. Ce test est fait en observant ce qui se produit aux globules blancs du sang du patient quand elles sont placées sur une lame de microscope contenant des extraits d'aliments séchés. Les résultats de ces tests sont alors utilisés pour expliquer les symptômes du patient et pour élaborer un "programme de diète personnalisé" qui va inclure des vitamines et minéraux -- vendus par ceux qui font faire le test. Des études d'évaluation de cette procédure n'ont jamais démontré qu'elle était fiable, et certaines études ont prouvé qu'elle n'était absolument pas fiable.
Un autre test popularisé comme étant capable d’identifier des allergies cachées, est le ELISA/ACT, développé par Russel Jaffe, M.D., Ph.D., et réalisé par Serammune Physicians Lab (SPL), de Reston, Virginie, que Jaffe dirige. Ce test est fait en cultivant les lymphocytes du patient et les faisant réagir avec plus de 300 différents aliments, minéraux, préservatifs, et autre substances environnementales. Une fois le test complété, le pratiquant (habituellement un chiropraticien) recommande des modifications diététiques et l'addition de suppléments. Malgré que le test ELISA/ACT puisse évaluer les niveaux de certaines réactions immunitaires, celles-ci ne sont pas nécessairement reliées à l'allergie et n'ont absolument rien à faire avec le besoin de suppléments alimentaires d'un individu. De plus, beaucoup des symptômes énumérés dans le pamphlet du SPL ne sont pas reliés à l'allergie et ne sont pas traités de façon appropriée avec les produits de la famille des suppléments alimentaires.
La façon d'évaluer une allergie alimentaire soupçonnée ou une intolérance est de commencer avec un quotidien exact de la consommation d'aliments et les symptômes durant une période de plusieurs semaines. Si des symptômes significatifs surviennent, la prochaine étape est de voir si supprimer les aliments soupçonnés pendant plusieurs semaines va empêcher l'apparition des symptômes reliés à l'allergie. Si oui, les aliments soupçonnés peuvent être ré-introduits un à la fois, pour apprécier si les symptômes vont être reproduits. Toutefois, si les symptômes incluent l'urticaire, les vomissements, enflure de la gorge, des sibilances, ou autre difficulté respiratoire, la poursuite de tests sur soi-même pourrait être dangereuse, et un allergologiste devrait être consulté.
Le "syndrome de Wilson" a fait son entrée sur le marché de la santé en 1990, quand E. Denis Wilson, M.D., de Longwood, Floride, a créé le nom. Ses manifestations incluent la fatigue, les maux de tête, le PMS (syndrome pré-menstruel), la perte de cheveux, l'irritabilité, la rétention d'eau, la dépression, la mémoire réduite, le manque de libido, des ongles anormaux, l'augmentation de poids facile, et près de soixante autres symptômes. Toutefois, Wilson prétend que son "syndrome" puisse être la cause d'"à peu près tous les symptômes possibles." Il prétend aussi que c'est le "plus commun de tous les malaises chroniques" et probablement a un plus grand impact sur la société que toute autre condition." Wilson croit avoir découvert un type de fonction anormalement réduite de la glande thyroïde, condition dans laquelle les tests sanguins de routine sont souvent normaux. Il déclare que la condition est "particulièrement provoquée par le stress" et peut persister après contrôle de la situation stressante. Il prétend que le signe principal est une température corporelle qui se maintient en moyenne sous 98.6 degrés Farenheit (prise par voie buccale), et que le diagnostic serait confirmé si le patient répond au "traitement hormonal thyroïdien spécial." (NB: malgré que le "syndrome de Wilson" soit un faux diagnostic, il y a une maladie qui s'appelle la maladie de Wilson, une condition rare causée par un défaut dans la capacité corporelle de métaboliser le calcium.)
En 1991, une femme de 50 ans est décédée suite à avoir prise des quantités excessives d'hormone thyroïdienne prescrite par Wilson qui lui aurait causé une tachycardie qui a produit une crise cardiaque. En 1992, le Florida Board of Examiners aurait imposé une pénalité de $10,000 à Wilson, suspendu son droit de pratique pour six mois, et demandé une évaluation psychologique. Si son droit de pratique lui est remis, il doit prendre des cours d'endocrinologie, la méthode scientifique, et l’éthique professionnelle. A date, je ne sais pas s'il a repris sa pratique. Il a , toutefois, fondé la Fondation du Syndrome Wilson et a installé un système téléphonique à recevoir des appels de médecins et patients qui seraient intéressés à se renseigner sur le syndrome.
Un autre diagnostic qui devient populaire avec les promoteurs de suppléments alimentaires est la "parasitose" qui peut être traitée avec les laxatifs, et autres "nettoyeurs intestinaux," l'irrigation colonique, des enzymes de plantes, des diètes et des remèdes homéopathiques.
Un petit groupe, mais très vocal, de dentistes, médecins, et d'autres partisans "holistiques" maintiennent que les obturations dentaires ("plombages") avec l'amalgame de mercure (de couleur argentée) seraient toxiques et causeraient une grande variété de problèmes de santé incluant la sclérose en plaques, l'arthrite, des céphalées, la maladie de Parkinson, et stress émotionnel. Ils recommandent que les obturations soient remplacées par de l'or ou du plastique et que des suppléments vitaminiques soient pris pour prévenir des problèmes durant et après la procédure. Des évaluations scientifiques ont démontré que le montant de mercure absorbé des obturations n'est qu'une fraction minime de la moyenne quotidienne absorbée par l'alimentation normale et est non significative. L'American Dental Association Council on Ethics, Bylaws and Judicial Affairs considère l'exérèse des obturations d'amalgame illogique et immorale.
Quelques dentistes maintiennent que la douleur faciale, la maladie cardiaque, l'arthrite, et une variété de problèmes de santé sont causé par l'infection des cavités osseuses de la mâchoire, qui ne seraient pas détectables par radiographies et non traitables avec antibiotiques. Appelant cette condition "ostéopathose cavitationnelle", ils maintiennent qu'ils peuvent guérir le patient en localisant et raclant le site pour débarrasser les tissus affectés. Ils peuvent aussi enlever toutes les dents qui ont eu des traitements de canal et la plupart des dents saines près de l'espace où ils prétendent l'infection serait. Il n'y a aucune évidence scientifique pour appuyer cette hypothèse ou le diagnostic et le traitement rattachés. Les disciples de cette théorie douteuse ont fondé l'American Academy of Biological Dentistry.
Je crois que les conseils de révision de l'état devraient retirer le droit de pratique aux professionnels qui s'embarquent dans des activités comme celles décrites ci-haut et que les commissions réglementaires mettent un arrêt de la vente de tous les produits impliqués.
Dernière mise à jour le 8 juin 2019.
Source: Quackwatch