LES SCEPTIQUES DU QUÉBEC

Dictionnaire

Psychologie

Science des processus mentaux et du comportement.

Pour l’auteur Neil Postman (1992), le psychologue est une personne capable de dire sans rire – et même avec la conviction qu’elle contribue grandement à l’avancement de la science – des choses comme: «La dépression est presque toujours un facteur à l’œuvre dans les quelque 30 000 suicides qui se produisent chaque année aux États-Unis». Ou «Dans le cadre de deux nouvelles études d’envergure sur la dépression, des chercheurs ont découvert que des événements stressants, comme un décès, un divorce ou d’autres types de crises émotionnelles – peuvent causer chez des gens pourtant en santé l’apparition de symptômes de dépression en une semaine à peine». Ces deux études «d’envergure» avaient mesuré «le temps s’écoulant entre événements causant du stress et épisodes dépressifs. Dans 60 % des cas de premières dépressions, on pouvait établir un lien avec un élément de stress». «Plus du quart des patients considérés en bonne santé sont devenus déprimés à l’intérieur de la semaine suivant l’événement, la majeure partie d’entre eux réagissant ainsi à l’intérieur d’une période de quatre semaines» (National Institute of Mental Health, cité dans «Everyday life may cause depression», par Trisha Gura, Chicago Tribune, repris dans le Sacramento Bee du 31 juillet 1994, p. A8). Pour le commun des mortels, pas besoin d’études scientifiques pour savoir qu’on peut subir une dépression après un divorce ou le décès d’un être cher. Ce semble être une simple question de bon sens.

Mais on peut également voir les psychologues comme des gens qui ont reçu une formation soignée dans des institutions agréées d’études supérieures, qui doivent être versés en statistique et s’y connaître dans la logique qui sous-tend la méthodologie de la science expérimentale. Une bonne partie de la recherche qui se fait en psychologie montre la même rigueur que celle que l’on retrouve dans n’importe quelle science. En fait, plus d’un jeune étudiant en psychologie doit se sentir déconcerté lorsqu’il se rend compte qu’on attend de lui qu’il fasse preuve de logique, qu’il comprenne la manipulation de variables et de concepts comme p = 0,05, la nécessité de groupes de contrôle, l’effet placebo, les écarts types, et ainsi de suite. C’est que bon nombre d’entre eux ont puisé l’image qu’ils ont de la psychologie dans les médias. Pour eux, le Dr Joyce Brothers, le Dr Ruth, Shere Hite et tous les auteurs ou travailleurs sociaux que l’on voit dans le circuit des variétés à la télé sont les «vrais» psychologues. Ou alors, ils prennent des philosophes spéculatifs tels que Freud et Jung pour des archétypes du psychologue. Quelle déception, pour tant de futurs psy, de constater que leurs professeurs attendent d’eux qu’ils pensent en scientifiques plutôt qu’en philosophes ou en auteurs de fiction!

Ce doit être encore plus décourageant pour les psychologues en recherche de voir que le public ne connaît de leur domaine que des incompétents et des escrocs. À propos de la psychologie, tout ce que les médias montrent aux masses, ce sont des thérapies Nouvel-Âge plus ou moins loufoques ou dangereuses, des thérapeutes qui soignent les victimes d’enlèvements par des extraterrestres, des parapsychologues incompétents ou malhonnêtes, d’ineptes défenseurs de la communication facilitée, des spécialistes par trop zélés des souvenirs réprimés et des sévices infligés aux enfants, des études complètement bidon sur l’estime de soi, etc.

Pourquoi les médias n’accordent-ils pas davantage d’attention aux psychologues qui mènent des études contrôlées adéquates? Pourquoi ne claironne-t-on pas partout que rien ne prouve que les personnes très pieuses sont plus honnêtes et altruistes que les autres? [Invitation to the Psychology of Religion, de R.F. Paloutzian (Scott Foresman, 1983) ou «Faith Without Works», dans le Journal of Applied Social Psychology, (1975)]. Pourquoi la presse et la télé ne disent-elles rien des études qui ont montré que la pleine lune ne pousse pas les gens au crime ou que les aveugles n’ont pas une ouïe particulièrement développée? Qui reçoit toute l’attention quand un psychologue chercheur compétent infirme ce que tout le monde croit à propos de la mémoire chez l’enfant, ou qu’il démolit le témoignage en cour d’un thérapeute nouvel-âgeux?

Enfin, ce doit être un choc chez nombre de jeunes étudiants songeant à faire carrière en aidant son prochain par la psychologie de constater que la plupart des psychologues universitaires ne croient pas en l’existence du psi, et que la majorité des manuels standards dans le domaine ne considèrent pas la parapsychologie digne d’une simple mention. Selon Wagner et Monnet, dans une étude de 1979 à laquelle ont répondu 1 100 professeurs du niveau collégial aux États-Unis, seuls 34 % des psychologues consultés croyaient que l’existence de la perception extra-sensorielle est établie ou probable, chiffre bien différent de ceux des autres disciplines: 55 % pour les sciences naturelles, 66 % pour les sciences sociales (en excluant les psychologues), et 77 % pour les arts, les lettres et sciences humaines et l’éducation. Il était cependant moins encourageant d’apprendre que 34 % des psychologues répondants croyaient que le psi correspondait à une impossibilité. Seuls 2 % des autres répondants maintenaient une position aussi forte («Attitudes of College Professors toward Extra-sensory perception», Zetetic Scholar, 5, pages 7-17, 1979). Du très bon travail effectué par des psychologues et autres spécialistes des sciences sociales (par exemple, David Marks, George P. Hansen, Andrew Neher, Graham Reed, Leonard Zusne and Warren Jones, ainsi que Stuart A. Vyse.) cherche cependant à établir pourquoi les gens croient au paranormal.

 

Voir également: Codépendance, Communication facilitée, Hypnose, Mémoire, Pléthysmographe pénien, Souvenirs réprimés, Thérapie des souvenirs réprimés, Thérapies du Nouvel-Âge, Traitement de l’alcoolisme et de la toxicomanie, et Trouble de la personnalité multiple.

Autres lectures:

 

Québec
  Université de Montréal
  Département de psychologie
Format PDF
Éléments psychologiques de l’expérience mystique
(réflexion et état des études empiriques et phénoménologiques).
Travail effectué dans le cadre du cours PSY-3046 (psychologie de la conscience)
© Louis Bourbonnais  (hiver 2000)

Dernière mise à jour le 24 août 2019.

Source: Skeptic's Dictionary