LES SCEPTIQUES DU QUÉBEC

Dictionnaire

Profilage criminel

(lecture à froid pour affaires non résolues)

Le psychologue Ray Hyman raconte comment il s'est intéressé à la notion d'aveuglement en psychologie. Pendant ses études, il gagnait de l'argent en lisant dans les lignes de la main. Il avait lu plusieurs ouvrages sur cette pratique, sans en croire aucun. Il eut cependant tant de réactions positives de la part de ses clients qu'il commença à se dire qu'il avait peut-être des pouvoirs psychiques. Toutefois, cet aveuglement ne dura pas longtemps. Dans un entretien avec Michael Shermer, Ray Hyman s'explique :

Le regretté Stanley Jaks m'avait convaincu de lire dans les lignes de la main de quelqu'un et de dire exactement le contraire de ce que j'aurais annoncé en temps normal. C'est ce que j'ai fait. Par exemple, si j'avais cru voir dans la paume de la main d'une cliente qu'elle avait eu une maladie cardiaque à l'âge de cinq ans, je disais : « Eh bien, vous avez un cœur très solide », des choses comme ça. Mais dans ce cas précis, ce fut vraiment bizarre, parce qu'elle est restée simplement assise là, sans réaction. D'habitude, la personne faisait beaucoup de commentaires. En effet, je comptais sur les réactions de mes clients, mais cette femme n'avait rien laissé échapper. C'était étrange. Je crus avoir fait un fiasco. Mais il se trouve que la raison d'un tel silence, c'était sa stupéfaction. Elle me dit que c'était la plus impressionnante lecture des lignes de la main qu'on lui ait jamais faite. Je répétai l'expérience avec plusieurs autres clients, et je compris soudain que le phénomène n'avait rien à voir avec mon discours, mais avec la façon dont les choses étaient présentées. Ce fut l'une des raisons qui m'orientèrent vers la psychologie - je voulais savoir comment des gens, y compris moi-même, pouvaient être si facilement abusés. C'est aussi pourquoi je ne suis pas aussi virulent que Randi, parce qu'en fait je me dis « si les circonstances avaient été différentes, j'aurais pu être dans l'autre camp ».

Il s'avère que Ray Hyman avait découvert que peu importait le discours qu'il tenait à ses clients, ceux-ci trouvaient habituellement un moyen de le faire tomber juste. Plus tard, Ray Hyman allait devenir un expert dans la compréhension de la lecture à froid et de la validation subjective, termes actuellement usités pour décrire la technique consistant à faire des affirmations non fondées sur des faits ou des études, et de les faire reconnaître comme vraies par autrui. En tant que chiromancien, Ray Hyman était devenu habile dans la lecture à froid, aidé par les efforts de ses clients, qui, de manière sélective, ne tenaient pas compte de ses erreurs et de ses échecs, et se concentraient sur les points dans lesquels ils pouvaient percevoir un sens ou auxquels ils pouvaient donner une signification. Comme le remarque Ray Hyman, ses clients désiraient le voir réussir dans sa lecture et auraient fait tout ce qui était en leur pouvoir pour lui venir en aide.

On considère aujourd'hui que les processus de lecture à froid et de validation subjective expliquent comment les voyants, les détectives extralucides, les astrologues, les lecteurs de cartes de tarot, les chiromanciens, les graphologues, les médiums et leurs semblables réussissent si bien aux yeux de nombre de clients satisfaits. D'aucuns ont également fait valoir que certaines méthodes utilisées en psychologie, apparemment très précises, sont en réalité des exemples de lecture à froid et de validation subjective, comme le test de Rorschach.

Dans quelques cas, la lecture à froid s'appuie sur la simple observation. Par exemple, on peut en apprendre beaucoup sur un individu à partir de son âge, de son sexe et des vêtements qu'il porte. Parfois, certaines personnes vous disent des choses sur elles-mêmes, et quand on leur répète, elles oublient que ce sont elles qui vous ont fourni l'information. Le test de Rorschach de Linus Pauling a été rendu public, et de la façon dont il y a répondu, n'importe qui pourrait l'interpréter :

« Les deux petites bosses au sommet évoquent une courbe sinusoïdale... » « Cela me fait penser à du sang, et le noir de l'encre à du carbone et à la structure du graphite... » « Cela me rappelle les montres de Dali... »
 
Même un néophyte peut deviner que la personne qui a fourni ces réponses au test de Rorschach a appris les mathématiques (la courbe sinusoïdale) et la chimie (la structure du graphite), et s'intéresse probablement à différents sujets culturels (la référence au peintre Salvador Dali).*

Certaines lectures à froid utilisent l'effet Barnum, n'importe qui pouvant être d'accord avec ces affirmations :

« Par leurs conséquences, les émotions du sujet tendent à être en contradiction avec un comportement de réflexion, de résolution de problèmes et de prise de décision. Parfois,  les sentiments vont fortement influencer la pensée ; à d'autres moments, pourtant dans des circonstances similaires, les émotions pourront être écartées et ne jouer qu'un rôle mineur... »

Des déclarations vagues ou ambiguës fonctionnent souvent dans la lecture à froid parce qu'elles peuvent être modifiées pour s'adapter à des événements ayant déjà eu lieu.

Le mentaliste Ian Rowland a écrit précisément sur la lecture à froid. Dans la troisième édition de son livre Full Facts Book of Cold Reading1, il énumère 38 différents stratagèmes à employer, onze d'entre eux étant destinés à recueillir l'information à partir du client. Il donne un exemple révélateur de ce qu'est vraiment la lecture à froid en expliquant « la mise en avant d'une affirmation » (destinée à être rejetée par le client dans un premier temps). Dans une conférence d'études télévisée, il en a fait une démonstration en avançant l'affirmation de « la chaussure et la fête » (récit d'une impression ressentie à propos d'une chaussure et d'une fête) et le nom de « Charles ».2 Personne à cette réunion ne pouvait relier ce nom à une chaussure ou à une fête. Dix minutes après la fin de la réunion, une jeune femme lui dit fiévreusement qu'elle se souvenait d'une fête de son adolescence où elle avait brisé sa chaussure en dansant avec Charlie ! Elle était très impressionnée que Rowland ait perçu ce détail de son passé dont elle-même pouvait à peine se souvenir. Rowland n'avait rien perçu de tel, mais peu importe. L'histoire illustre le principe d'une lecture à froid réussie : cela fonctionne parce notre espèce est façonnée pour trouver des significations, et parfois le cerveau se laisse entraîner par son imagination.

Venons-en maintenant à un groupe de psychologues de l'Université de Liverpool qui conclut que le profilage criminel du FBI n'est guère plus qu'une mise en œuvre de la lecture à froid et de la validation subjective. Cela est devenu évident pour beaucoup de gens lorsque Ted Kaczynski alias Unabomber fut arrêté, et qu'on le compara à son profil. D'après le FBI, Unabomber devait avoir à peu près 40 ans. Kaczynki avait 53 ans au moment de son arrestation. Le profil avait correctement prédit que c'était un homme blanc, bien que cela ne semble pas une particularité difficile à deviner. D'apès le FBI il devait mesurer entre 1,78 et 1,83 mètre,  peser 75 kg, avoir une chevelure d'un blond vénitien, une fine moustache et le teint coloré. Kaczynski mesurait 1,73 mètre, pesait 65 kg, avait les cheveux bruns, le teint pâle et portait la barbe. Le profil en faisait un ouvrier diplômé de l'enseignement secondaire. Kaczynski n'avait pas travaillé depuis 25 ans et avait obtenu un doctorat en mathématiques à l'université du Michigan, en plus d'être diplômé de l'université de Harvard. Le profil du FBI voyait Unabomber comme un individu méticuleux et organisé, solitaire, ayant des difficultés dans ses relations avec les femmes. Kaczynski vivait en solitaire (là encore, ce n'était pas trop difficile), négligé et débraillé, et qui n'avait apparemment aucune relation féminine. Dans son profil, le FBI avait presque tout faux sur un homme qu'il avait poursuivi pendant des années.

Les psychologues de Liverpool affirment que le profilage ne peut fonctionner comme le FBI le croit (ce qui suppose, chez les délinquants, une relation constante entre des types de comportements et leur histoire personnelle, hypothèse non confirmée par les recherches). Ensuite, ils remarquent que le FBI allègue un haut degré de précision alors que la méthode n'est pas censée fonctionner ;  ils expliquent cette illusion d'exactitude par la validation subjective. Tous les dessous de cette histoire sont détaillés par Malcom Gladwell dans un article du New Yorker, « Personnalités dangereuses - le profilage criminel facile.»

D'après Gladwell, les psychologues ont examiné les profils du FBI concernant des criminels sexuels tueurs en série, répartis par les profileurs en deux catégories selon leur degré d'organisation.

D'abord, ils [les psychologues] ont établi, à partir de scènes de crime, une liste des particularités tenues généralement comme une marque d'organisation : soit la victime était peut-être vivante pendant les relations sexuelles, soit le corps était disposé d'une certaine façon ou bien avait été dissimulé, soit l'arme du meurtrier avait disparu, ou encore les actes dénotaient l'utilisation de la force et de la torture ;  ensuite ils dressèrent une liste d'éléments révélant l'absence d'organisation : la victime avait peut-être été frappée, ses affaires avaient été éparpillées, le corps avait été abandonné dans un endroit écarté, ou bien l'arme du crime était improvisée.
 
Ils inféraient que, si le FBI avait raison, les détails des scènes de crime de chacune de ces deux listes devaient se correspondre - c'est-à-dire que si l'on observait un ou plusieurs signes de l'aspect organisé d'un crime, on devait estimer raisonnablement élevée la probabilité d'observer d'autres éléments révélant une organisation. Cependant, quand ils examinèrent un échantillon d'une centaine de crimes, ils ne purent découvrir aucun argument à l'appui de la distinction établie par le FBI. Certains crimes ne rentraient dans aucune catégorie. Il se trouve qu'il y avait presque toujours un mélange de quelques signes d'organisation et une combinaison aléatoire d'éléments contraires.*

En fait, on ne devrait pas s'étonner que le profil soit quelque chose d'illusoire, n'étant pas fondé sur un échantillon représentatif. Selon Gladwell, les profileurs du FBI qui ont décrit le profil du tueur en série, John Douglas et Robert Ressler, se sont seulement entretenus avec des condamnés des prisons de Californie. En outre, ils n'avaient établi aucun protocole pour interroger leurs sujets. Il existe d'autres raisons qui entraînent l'inexactitude des profils du FBI.3 Même si les profileurs obtiennent un échantillon représentatif de violeurs en série par exemple, ils ne peuvent interroger ceux qui ne sont pas arrêtés ou ceux qui ne sont pas condamnés. Il serait également naïf de croire que les violeurs ou les tueurs en série vont être francs et dire toute la vérité lors des entretiens.

Les profils du FBI sont fondés sur une hypothèse de modèle qui en réalité n'existe pas : une correspondance entre les faits concernant le crime et les événements de l'histoire personnelle du criminel. Les psychologues de Liverpool ont étudié cette hypothèse :

Le groupe de Liverpool a sélectionné une centaine de viols commis dans des circonstances insolites au Royaume-Uni, les classant selon vingt-huit variables telles que le port d'un déguisement,  le fait que la victime ait été ligotée, bâillonnée ou ait eu les yeux bandés, qu'elle ait reçu des compliments ou des excuses, ou se soit fait voler des biens personnels, etc. Ils ont ensuite vérifié si les modèles bâtis à partir des crimes correspondaient aux caractéristiques des criminels - tels l'âge, la profession, l'origine ethnique, le niveau de scolarité, la situation familiale, le nombre et la nature des condamnations antérieures, et la consommation de drogues. Les violeurs qui ligotaient, bâillonnaient ou bandaient les yeux de leurs victimes se ressemblaient-ils plus que ceux qui, par exemple, adressaient des compliments ou des excuses ? La réponse est non, pas même faiblement.*

Comme l'exprime un critique résolu du profilage du FBI, Brent Turvey : « Le fait est que différents délinquants peuvent présenter des comportements identiques pour des raisons complètement différentes ».* Turvey défend une méthode de profilage dénommée Behavioral Evidence Analysis4. « Prenons le cas d'un violeur qui attaque une femme dans un parc et remonte son chemisier sur son visage », déclare Turvey. « Pourquoi ? Qu'est-ce que ça signifie ? Ça peut vouloir dire dix choses différentes : pour ne pas la voir, ou ne pas être vu par elle ; ou alors pour voir sa poitrine, ou imaginer quelqu'un d'autre, ou encore immobiliser ses bras - tout est possible. On ne peut pas étudier un comportement sur un acte isolé. »

Cela ne rappelle-t-il pas quelque chose ? C'est le même problème avec le polygraphe, l'outil préféré du FBI et autres forces de l'ordre. L'appareil mesure des paramètres comme la fréquence cardiaque, la pression artérielle, le rythme respiratoire. Le polygraphe n'est pas un détecteur de mensonges parce que beaucoup de choses peuvent provoquer des changements dans les mesures : l'agitation, la colère, la tristesse, l'embarras et la peur peuvent tous causer des variations de fréquence cardiaque, de pression artérielle, de rythme respiratoire. De même l'envie d'aller aux toilettes, ou de nombreuses affections comme un rhume, des céphalées, une constipation, des maladies neurologiques ou musculaires peuvent modifier les valeurs physiologiques mesurées par le polygraphe. L'affirmation qu'un expert est capable de distinguer si les variations sont dues à un mensonge ou à d'autres facteurs n'a jamais été démontrée. Pourquoi tant de gens, chez les forces de l'ordre ou dans le public, croient-ils que le polygraphe est un détecteur de mensonges ? Pour la même raison que la plupart croient que le profilage est une méthode précise, que leur horoscope quotidien est exact, que celui qui lit dans les tarots voit l'avenir, que John Edward5 reçoit des messages des morts, que la graphologie peut révéler la vraie personnalité d'un individu et que les émissions de Rush Limbaugh6 représente une richesse pour la nation : une croyance enracinée dans la lecture à froid et la validation subjective, qui grandit sur un terrain alimenté par de nombreux biais de confirmation et de renforcement de groupe.

Laurence Alison, un des principaux membres du groupe de Liverpool et l'auteur de The Forensic Psychologist's Casebook: Psychological Profiling and Criminal Investigation7 a étudié la validité de la méthode de profilage du FBI sur l'un de leurs premiers cas exposés, le profil de celui qu'on avait nommé le « tueur sur le toit ». D'après Gladwell, Laurence Alison a constaté que le profil était écrit dans un langage vague, ambigu et contradictoire si bien qu'il pouvait admettre pratiquement n'importe quelle interprétation.

 


 

Extrait de l'article de Malcolm Gladwell, « Personnalités dangereuses »

Imaginons que nous soyons profiler au FBI. Première question : l'origine ethnique ; puisque la victime est blanche, nous dirons que l'agresseur est blanc.  Supposons qu'il soit âgé de vingt-cinq à moins de trente-cinq ans, fourchette d'âge, quand ils ont commencé à tuer, des trente-six hommes de l'échantillon du FBI.  Le crime est-il organisé ou non ? Manifestement désorganisé. Sur un toit, dans le Bronx, en plein jour, c'est hautement risqué. Que fait donc le tueur dans la bâtiment à six heures trente du matin ? Ce pourrait être un technicien, ou un habitant du quartier. Dans un cas comme dans l'autre, il semble connaître le bâtiment. Cependant, il est désordonné, il est donc instable. S'il exerce un emploi, c'est un ouvrier, dans le meilleur des cas. Il a sans doute déjà commis un délit, de nature violente ou sexuelle. Ses relations avec les femmes sont soit absentes, soit extrêmement difficiles. Et le fait de mutiler sa victime et de déféquer auprès d'elle est tellement insolite qu'il souffre probablement d'une maladie mentale, ou bien qu'il présente une forme de toxicomanie. Que peut-on en penser ? En fin de compte, c'est parfaitement exact.

---

À un groupe d'officiers supérieurs de la police et de criminologistes anglais, Alison a donné les détails du crime, le profil établi par le FBI, et la description du criminel qui avait été arrêté. Ils ont trouvé le profil très fidèle. Alison a renouvelé l'expérience avec un autre groupe d'officiers, cette fois en inventant le portrait du tueur. De nouveau, les policiers ont trouvé le profil très fidèle. Comme Ray Hyman l'avait découvert plusieurs années auparavant, peu importe ce que vous direz à vos interlocuteurs : ils appuieront vos affirmations s'ils veulent vous donner raison. Ils ne tiendront pas compte de ce qui ne va pas et s'acharneront à donner une signification et de l'importance à votre discours ou à votre profil.

Espérons que les membres de la police lisent l'article de Glawell et reconnaissent que ce n'est pas par hasard si certains d'entre eux croient que les soi-disant voyants semblent avoir quelquefois raison. Au moins, ils feront rire comme on peut le faire lorsque Gladwell rapporte que John Douglas, qui dressait devant un groupe d'enquêteurs le profil du délinquant qu'ils pourchassaient, se vit demander par un des participants s'il était voyant. Le policier  posait la question parce que le profileur du FBI reproduisait les paroles du voyant qui s'était exprimé devant eux la semaine précédente.

 


 

Notes du traducteur

 

1 - Que l'on pourrait approximativement traduire par : Pour tout savoir sur la lecture à froid.

2 - « Je ressens l'impression d'une fête ou d'une célébration que je vois se dérouler aux environs d'une période de fêtes, comme Noël et tout ça, mais pas nécessairement la soirée de Noël. Cela concerne une voiture, et une difficulté avec cette voiture ou un moyen de transport. Et je vous vois tenant une chaussure, ou bien avec un ennui avec une de vos chaussures. Ce pourrait être comme un talon cassé, ce qui est plutôt banal, mais je ressens quelque chose de moins banal que ça, comme une bride qui s'est cassée ou prise dans quelque chose, ou que quelque chose a abîmé la chaussure, et manifestement vous n'êtes pas contente. Et je perçois que vous exprimez très clairement vos sentiments aux gens autour de vous. Est-ce que ça vous dit quelque chose ? » Ian Rowland, Full Facts Book of Cold Reading, 3e édition, page 66-67.

3 - Certaines d'entre elles ont été rapportées dans ce bulletin d'information.
[La nature des données collectées n'est pas fiable : celles-ci ne comprennent pas tous les crimes ; ceux qui sont enregistrés n'aboutissent pas toujours à une arrestation ; les sujets arrêtés ne sont pas toujours reconnus coupables ; certains de ceux qui sont condamnés ne sont pas coupables ; les données de crimes peu fréquents sont insuffisantes ; le profil établi sur une série de crimes ne comporte pas les données de ceux, commis par le même individu, qui seraient ignorés des enquêteurs.]

4 - Méthode déductive d'analyse des scènes de crime et de profilage criminel nécessitant l'observation et l'interprétation des indices matériels, des spécificités de la scène du crime et l'examen médico-légal de la victime.  
Turvey B. Criminal profiling: An Introduction to Behavioral Evidence Analysis, 4th edition, Academic Press, p. 123.

5 - Auteur américain et animateur de télévision qui se présente comme médium.*

6 - Animateur de radio américain, politologue conservateur et leader d'opinion influent du mouvement conservateur aux Étas-Unis.*

7 - Recueil de psychologie judiciaire : profilage psychologique et enquête criminelle.

 


 

Addenda


Le profilage psychologique pire qu'inutile.

... D'après une équipe de psychologues de l'université de Birmingham, la méthode de profilage criminel est particulièrement non scientifique et risque de discréditer la psychologie... Le profilage comportemental n'a jamais conduit directement à l'arrestation d'un tueur en série, d'un assassin ou d'un meurtrier de masse.

Une histoire policière.

Autrefois, les profileurs étaient les héros de l'action policière, attrapant les criminels grâce à leur étonnante perspicacité psychologique. Alors pourquoi ce fiasco ?

Le 15 juillet 1992, Rachel Nickell âgée, de 23 ans, est retrouvée assassinée à Wimbledon Common. Elle a été poignardée à quarante-neuf reprises devant son fils de deux ans. Comme il est devenu d'usage en pareil cas, la police a demandé au fameux profileur Paul Britton de dresser un profil de l'assassin. Britton s'est représenté la scène du crime : « En fermant les yeux, j'ai essayé de remonter le temps dans la jolie clairière de la forêt de Wimbledon Common... Je me suis frotté les yeux  jusqu'à voir des étoiles rebondir sur le plafond » écrira-t-il plus tard, « Je me suis concentré si fort qu'il a été difficile de remettre mes idées au clair » pour en arriver à dire que le tueur devait avoir agi seul, que ce devait être un travailleur manuel qui vivait chez ses parents ou dans une chambre meublée à une faible distance de Wimbledon Common, et possédait une collection pornographique. Il a ajouté qu'il devait y avoir une aggravation de son comportement déviant  ; ce devait être son premier meurtre (commis en amateur, de façon désordonnée), mais il devait avoir déjà fait parler de lui pour des délits sexuels de moindre importance.

Rétrospectivement, on peut comprendre pourquoi les policiers ont cru à tort que Colin Stagg était l'homme qu'ils recherchaient. Par un tragique concours de circonstances, il répondait en fait bien mieux au profil établi par Britton que le véritable tueur, Robet Napper. Par exemple, Stagg vivait vraiment dans une chambre meublée à courte distance des lieux du crime, tandis que Napper habitait à Plumstead, à 27 kilomètres de l'autre côté de Londres.

Coquecigrues et Logogriphes.

D'après cet article, la police et le public pensent que le profilage « marche » pour les mêmes raisons qu'ils croient que les détectives extralucides sont utiles à l'action policière. Ses tenants se fient à des témoignages et à des anecdotes. Dans cette conviction, il y a un important renforcement de groupe et un large consensus fondé sur la pensée sélective et les biais de confirmation. Très répandue est la croyance que les profileurs et les voyants possèdent une sorte de capacité absente chez le commun des mortels ; il n'en est rien. Qu'elles viennent des profileurs ou des voyants,  les déclarations sont souvent imprécises ou ambiguës, autorisant la validation rétrospective  d'à peu près toutes leurs affirmations. Les médias entretiennent l'incapacité de beaucoup de gens à distinguer la réalité de la fiction, en diffusant nombre d'émissions télévisées et de films qui décrivent les exploits des profileurs et des voyants. En outre, en ce qui concerne le profilage criminel, la police et de nombreux profanes accordent trop d'importance aux traits de personnalité et pas assez aux facteurs circonstanciels dans l'évaluation du comportement (erreur fondamentale d'attribution).

 

À lire aussi :

Dernière mise à jour le 24 août 2019.

Source: Skeptic's Dictionary