LES SCEPTIQUES DU QUÉBEC

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NAET, la technique d’élimination des allergies de Devi Nambudripad

Dr Stephen Barrett

La technique d’élimination des allergies de Nambudripad (NAET) est une étrange méthode de diagnostic et de traitement. Elle repose sur une notion disant que les allergies sont causées par un « blocage énergétique », qui peut être détecté grâce à des tests musculaires, et traitées définitivement par des techniques d’acupression, parfois associées à de l’acupuncture (ces allégations étaient présentes sur son ancien site Web). On doit son développement à Devi S. Nambudripad, infirmière formée en acupuncture, chiropraxie, kinésiologie, et titulaire d’un diplôme en médecine attribué par une université qui n’est plus reconnue par la Californie depuis 1995 (ce point est développé ici). En octobre 2002, la base de données « Doctor Locator » du site recensait 803 praticiens NAET aux États-Unis (contre 776 en 1999) et 51 au Canada, la majorité étant chiropraticiens ou acupuncteurs. Nambudripad a également créé la fondation Nambudripad's pour la recherche sur l’allergie (Nambudripad's Allergy Research Foundation, NARF), qui envoie aux membres une lettre d’information bimensuelle pour une suscription annuelle de 36 $.

Histoire douteuse.

Dans son livre « Say Goodbye to Illness » (« Dis au revoir à la maladie »), Nambudripad déclare avoir souffert d’une multitude de problèmes de santé dans son enfance, en particulier d’un eczéma sévère jusqu’à l’âge de sept ou huit ans, et une arthrite qui aurait débuté vers ses huit ans. Jeune adulte, elle souffrait de sinusites, bronchites, voire de pneumonies, avait fréquemment des insomnies et des migraines, et montrait une dépression clinique. Pendant cette période, elle dit avoir essayé de nombreux médicaments, consulté plusieurs médecins et nutritionnistes, mais :

Tous les médicaments, vitamines, et herbes me rendaient bien plus malade, et c’était encore pire en suivant les conseils nutritionnels. Je me sentais constamment nauséeuse, chaque centimètre de mon corps me faisait mal. Je tenais grâce à l’aspirine, avec des doses allant jusqu’à 30 comprimés par jour [1: xi].

Au cours de sa formation en chiropratique, elle s’est sentie mieux grâce à une séance d’acupression administrée par une conférencière qui, par la suite, lui a préconisé de ne plus consommer aucun aliment sauf du riz blanc et des brocolis. Ensuite :

Après une semaine de régime, j’ai essayé de réintroduire d’autres aliments. Mes anciens troubles réapparaissaient progressivement. J’ai recommencé à ne me nourrir que de riz blanc et de brocolis et je m’y suis maintenue durant trois ans et demi. De temps en temps, j’essayais de petites quantités d’autres aliments mais les symptômes d’arthrite revenaient. Je ne pouvais pas manger de salade, fruits ou légumes, parce que j’étais très allergique à la vitamine C. Je ne pouvais pas manger de céréales complètes, car elles contiennent des vitamines du complexe B. Je ne pouvais pas manger de fruits, de miel ou d’autres produits riches en sucres, qui engendraient une fatigue extrême, car je suis très allergique au sucre. Je ne pouvais pas consommer de lait ou de produits laitiers, car j’étais allergique au calcium. J’étais extrêmement allergique à tous les poissons, à cause de mon allergie à la vitamine A. J’étais allergique aux produits à base d’œufs, qui causaient des problèmes dermatologiques. J’étais allergique à tous les types de haricots, dont le soja, qui provoquaient de fortes douleurs articulaires. Les épices me donnaient de l’arthrite de toutes les petites articulations. Presque tous les tissus, excepté la soie, me démangeaient et généraient des douleurs articulaires et une fatigue extrême. Mon professeur d’acupuncture confirma mes doutes. J’étais tout simplement allergique à tout ce qui se trouve sous le soleil, ainsi qu’au rayonnement solaire [1: xiii-xiv].

Après « avoir mangé du riz et des brocolis pendant trois ans et demi », elle s’est soudainement sentie mieux durant une séance d’acupuncture qu’elle s’administrait tout en étant en contact avec des carottes. Elle a alors tenté à nouveau de manger des carottes et découvert qu’elle n’y était plus allergique. Elle explique cet événement par le fait que les carottes se situaient à l’intérieur de son champ électromagnétique :

Pendant la séance d’acupuncture, mon corps est probablement devenu un chargeur suffisamment puissant pour modifier la charge contraire de la carotte afin qu’elle corresponde à ma charge. Cela a supprimé mon allergie aux carottes. J’ai testé et traité mon mari et mon fils, et en quelques semaines nous n’étions plus allergiques à de nombreux aliments qui nous rendaient malades… Plus tard, j’ai étendu cette pratique à mes patients qui souffraient de multiples symptômes liés à des allergies [1: xvi].

Je n’ai pas moyen de déterminer ce qu’a réellement vécu Nambudripad, mais je peux dire que son histoire n’est pas crédible.

Théories particulières

Nambudripad décrit NAET comme « une méthode innovante et totalement naturelle pour retrouver une santé parfaite, avec une suppression totale et permanente des allergies et des maladies qui y sont liées » [4]. Elle affirme qu’ « il n’y a guère de maladies ou d’affections qui n’impliquent pas un facteur allergique » [1:3] et que « la majorité des pathologies courantes, comme les céphalées, les douleurs lombaires ou articulaires, les dépendances, le syndrome prémenstruel, l’indigestion, la toux, les courbatures et bien d’autres sont en fait des allergies non diagnostiquées. »

Scientifiquement, l’allergologie définit le phénomène allergique comme une réaction du système immunitaire survenant lorsque l’organisme est sensibilisé à une substance (l’allergène), généralement une protéine. La combinaison entre protéines responsables de l’allergie et anticorps (majoritairement les immunoglobulines de type E, IgE) déclenche la libération d’histamine et d’autres composés, responsables des éruptions cutanées et des autres symptômes.

Nambudripad affirme que les allergènes qui entrent dans l’organisme provoquent un conflit entre le « champ d’énergie » de l’allergène et celui des personnes allergiques. Elle déclare :

Une allergie se définit par l’effet d’une substance sur le flux énergétique corporel. Les allergies résultent de déséquilibres énergétiques au sein du corps humain, ce qui entraîne une dégradation du fonctionnement normal d’un ou de plusieurs organes.
Quand l’on entre en contact avec un allergène, celui-ci provoque des blocages des voies énergétiques, que l’on appelle les méridiens. Pour le dire autrement, il perturbe le flux normal de l’énergie qui circule par les voies électriques du corps. Ce blocage énergétique provoque des interférences dans la communication entre le cerveau et le corps via le système nerveux. Ce flux d’énergie bloqué est la première étape de la série d’événements pouvant générer une réaction allergique [4].

Nambudripad affirme également que :

Méthodes diagnostiques et thérapeutiques douteuses

Bien que Nambudripad recommande de réaliser un bilan standard des antécédents allergiques, sa principale méthode diagnostique consiste en un test musculaire (on peut regarder une démonstration ici) au cours duquel des substances sont placées dans la main du patient et où le praticien évalue la résistance du bras du sujet à une tentative de mobilisation. Une faiblesse musculaire est censée indiquer une allergie provoquée par la substance. On peut également réaliser un « test de substitution » pour les jeunes enfants et les adultes affaiblis ou diminués. Le substitut touche alors la peau du patient pendant que le praticien effectue le test musculaire sur cette personne de substitution. Certains praticiens utilisent un appareil d’ “électrodiagnostic” permettant de mesurer la résistance cutanée grâce à l’émission d’un faible courant électrique [5].

À la suite du test, le praticien traite des points spécifiques d’acupuncture sur le dos en utilisant une forte acupression, soit manuelle, soit avec un appareil de pression pendant que le patient tient l’allergène dans sa paume et palpe l’échantillon du bout des doigts. Tous les patients âgés d’au moins 10 ans reçoivent également un traitement d’acupuncture par aiguilles ou d’acupression sur l’avant du corps. Alors :

Après 15 à 20 minutes d’attente au cabinet, les patients sont à nouveau soumis au test musculaire avec l’allergène en main. Si le traitement a réussi, le bras du patient oppose une forte résistance à la pression du praticien. Le patient doit alors se laver les mains ou se les frotter pendant une minute. On leur demande d’éviter toute exposition à l’allergène pour lequel ils viennent d’être traités pendant 25 heures. Il leur est également recommandé de lire « The NAET Guidebook » afin de savoir quels aliments consommer durant ces 25 heures. Pour le traitement NAET de la colonne vertébrale, le praticien NAET et le patient doivent être seuls dans la pièce afin d’éviter toute « interférence électromagnétique » [6] Nambudripad affirme qu’une tierce personne pourrait “voler” le traitement [3:6].) À la visite suivante, le praticien effectue à nouveau un test avec l’allergène. Si le résultat est satisfaisant, le praticien peut alors travailler sur une autre substance. On recommande généralement un cycle de 30 à 40 visites, avec une ou deux par semaine. Nambudripad affirme également que NAET peut être utilisée de manière préventive chez les personnes en bonne santé [3:14].

Selon le guide NAET (« The NAET Guidebook »), on peut estimer les carences en suppléments spécifiques en faisant tenir en main au patient un supplément tandis que le praticien tire sur l’autre bras. Le guide nous indique qu’une faiblesse montre une allergie. Si le patient résiste suffisamment, le praticien ajoute alors des pilules une à une jusqu’à ce que le bras du patient soit ressenti “faible”. Le nombre de pilules que le patient tient en main indique alors « la carence totale de ce jour, en l’état actuel. » Selon le livre,

Ce nombre peut aller de 1 ou 2 comprimés à plusieurs milliers, en fonction de la carence. Par exemple, dans certains troubles nerveux, la carence en vitamines du complexe B peut atteindre de 20 000 à 30 000 grammes.

Si la carence est de 1 à 6 comprimés, il n’est pas utile de prendre des suppléments. Des repas équilibrés répondront aux besoins.

Si la carence est supérieure à 6 – 10 comprimés (ou de 6 à 10 fois l’apport journalier recommandé, AJR), il faut prendre un comprimé de supplément par jour. Si la carence se compte en plusieurs dizaines, centaines ou milliers, il faut supplémenter avec 4 à 6 fois l’apport journalier recommandé en ce supplément…

Des suppléments aux mégadoses sont souvent utilisés durant plusieurs mois dans les cas suivants : arthrite, fibromyalgie, fatigue chronique, troubles chroniques liés à l’allergie, perte de cheveux, constipation, maladies dégénératives, cancer, etc. [3:21]

La procédure de test musculaire NAET est une émanation de la kinésiologie appliquée, discipline pseudo-scientifique basée sur la notion que chaque dysfonction organique s’accompagne d’une faiblesse musculaire spécifique. Il n’y a aucune preuve scientifique que cela soit vrai, et les variations d’un test à l’autre sont dues à la suggestibilité, la fatigue musculaire (à cause des tests répétés) ou aux variations de la technique de test. L’idée que la quantité de pilules tenues en main puisse être perçue d’une façon qui pourrait influencer la force musculaire est absurde. Qu’une personne puisse être “carencée” de 20 000 à 30 000 grammes est une notion encore plus absurde. On parle tout de même de 20 à 30 kilos ! En outre, la majorité des suppléments vitaminiques contient moins d’un gramme de vitamines et/ou minéraux. Sans oublier que 20 000 pilules ne peuvent pas tenir dans une seule main.

Curieusement, le site web de Nambudripad met en garde les patients envers « les cliniques où des médecins promettent des traitements de suppression de l’allergie NAET qui n’en sont pas. » Les méthodes listées sont : (a) positionnement de lames colorées à divers endroits du corps, (b) rester allongé sur un lit spécial en tenant un allergène, (c) manipuler une sorte de « repas numérique » dans une machine aux nombreuses lumières clignotantes tandis « qu’il se prononce tout un charabia », (d) toucher certaines parties du corps en restant assis seul tout en pensant à l’allergène ou bien à « la pensée allergique », (e) prescrire entre 400 et 500 dollars de compléments, vitamines, enzymes ou gouttes sublinguales dès la première visite sans ôter l’allergie, et (f) utiliser un laser sur le dos du patient pendant qu’il tient l’allergène en main [6].

BioSET

BioSet (« Bioenergetic sensitivity and enzyme therapy », Sensibilité Bioénergétique et Thérapie Enzymatique) est une variante de NAET développée par Ellen Cutler, DC, qui officiait alors au BioSET Institut à Larkspur en Californie. Ses prétentions sont que BioSET permet des résultats plus durables par l’ajout d’enzymes digestives et par une méthode de “détoxification” du corps [7]. Dans le livre de Cutler, « The Food Allergy Cure » (« le traitement de l’allergie »), on peut trouver ce type d’informations :

Cutler a essayé de déposer comme marque déposée BioSET, mais l’office des brevets des États-Unis ne l’a toujours pas approuvée à l’heure actuelle. Bioset® est une marque déposée pour Bioset, Inc., fondée à Houston, Texas, et qui n’a aucun lien avec les activités de Cutler. Cette société, qui produit et commercialise le processus BIOSET pour la gestion des boues, existe depuis 1995 et s’est opposée à la demande de dépôt de Cutler.

Cutler affirme que plus d’un millier de praticiens dans le monde utilisent BioSET [8:5], mais son site n’en référence aucun. En octobre 2002, une recherche Google renvoyait plus de 10 fois plus de liens vers des praticiens NAET que vers des praticiens BioSET. Comme NAET existe depuis plus longtemps, et compterait moins de 1000 praticiens, il est probable que le nombre donné par Cutler soit le nombre de praticiens de NAET, selon la base de données de Nambudripad, additionné au nombre de praticiens affiliés à BioSET.

En 2002, Cutler et Nambudripad ont obtenu le diplôme “MD” de l’université des sciences de la santé d’Antigua (UHSA), qui propose un cursus diplômant en médecine que les chiropraticiens peuvent compléter en 27 mois. Les étudiants reçoivent des crédits pour deux ans de cours de base de sciences suivis dans une école de chiropraxie. Le cursus de l’UHSA est constitué de 3 mois de cours préparatoires (pouvant être suivis en ligne) et de 24 mois de sciences cliniques. Pour cette formation clinique, les étudiants doivent d’abord trouver un hôpital qui leur fournira cette formation, soit aller dans un hôpital affilié à l’UHSA en Ohio. (L’UHSA ne divulgue le nom de l’établissement que lorsque l’étudiant est inscrit et a réglé ses frais de scolarité.) Le programme de l’UHSA est manifestement inférieur à la formation médicale standard aux États-Unis, et l’école n’est pas accréditée par l’Accreditation Council for Continuing Medical Éducation (l’agence chargée de délivrer les accréditations des facultés de médecine reconnue par le département américain pour l’éducation.) Toutefois, ses diplômés qui passent l’examen américain de licence médicale (USMLE) semblent être admissibles à une formation complémentaire et à un permis d’exercer – mais pas en Californie, où Nambudripad et Cutler exercent.

NAET “émotionnelle”

La forme la plus étrange de NAET que j’ai pu rencontrer est apparue dans une affaire récente intentée par une femme envers Walter J. Crinnion, ND., un naturopathe semi-retraité pratiquant depuis plusieurs années près de Seattle, dans l’état de Washington. Crinnion enseigne également la « médecine environnementale » à l’université Bastyr (une des écoles de naturopathie les plus connues) et a rédigé un chapitre sur ce sujet dans le principal manuel de naturopathie. Parmi d’autres requêtes, il était demandé le remboursement du coût des séances. Les pièces versées au dossier montrent qu’elle a versé à Crinnion 30 521 $, pour 286 visites en 3 ans, durant lesquelles il la traitait pour des céphalées qu’il attribuait à des abus sexuels subis durant l’enfance et à des toxines environnementales.

Les services de Crinnion comprenaient des séances durant lesquelles il tenait la main de la patiente dans la sienne pendant qu’elle lui parlait ou qu’ils restaient assis silencieusement. Au cours des séances, qui se passaient à son domicile personnel, Crinnion se posait des questions en plaçant le troisième doigt de son autre main sur son propre index et en appuyant dessus pour « tester la force » de ce doigt. Dans sa déposition, Crinnion déclare que la résistance de son index lui indiquait s’il devait répondre par oui ou par non. À diverses reprises, il a pressé le dos de la patiente pour la “désensibiliser” des substances ou émotions qu’il supposait être à la source du problème. Il a également prétendu « équilibrer son énergie » avec ses mains, en touchant sa tête ou en effectuant des mouvements dans l’air à quelques centimètres de son corps [9]. Dans le rapport remis au juge, j’ai décrit les sessions comme « deux personnes se tenant la main avec l’une qui rémunère l’autre pour appuyer sur son dos et penser à elle. » Crinnion qualifie cette procédure de « NAET émotionnelle ». Je considère qu’il s’agit d’une combinaison d’abus et de fraude.

NAET vétérinaire

NAET a également conquis certains vétérinaires. Ses principaux promoteurs sont Roger Valentine, D.V.M., et Rahmie Valentine, O.M.D., L. Ac., qui tenaient auparavant un centre “holistique” pour animaux de compagnie à Santa Monica en Californie. Ils affirment que « NAET vétérinaire est une méthode idéale de diagnostic et de traitement pour toute pratique vétérinaire holistique » [8]. Leur site web « NAET veterinary », désormais inaccessible, recensait environ 100 praticiens. Les troubles allergiques qu’ils prétendent soigner avec NAET comprennent « lésions éosinophiles, réaction aux produits chimiques, réaction vaccinale, pathologies intestinales “idiopathiques”, gingivite, gastrite, cystite, sinusite, rhinite, asthme, constipation, diabète sucré, infections chroniques récurrentes, conjonctivite, otite externe, pellicules, dermatite séborrhéique et pancréatite, ainsi que les affections allergiques communément admises : surtoilettage, dermatite allergique aux piqûres de puce, intolérances alimentaires et bronchite allergique. » [10] (On trouve aujourd’hui une clinique aux prétentions similaires à San Diego, mais les Valentine n’y exercent pas.) Pour l’évaluation, ils effectuent un test musculaire dit de “substitution” au niveau du rachis d'une personne (le substitut), qui touche l’animal :

Le traitement NAET destiné aux animaux consiste en une stimulation des nerfs spinaux du substitut. En maintenant le contact avec l’animal et l’allergène identifié, de l’acupression est appliquée en des points méridiens spécifiques le long de la colonne vertébrale du sujet. Cela active l’ensemble des nerfs spinaux, ce qui déclenche ainsi une nouvelle reconnaissance de l’allergène par le système nerveux. Il s’agit d’une reprogrammation réelle du système nerveux qui va alors reconnaître l’allergène différemment. Cet allergène n’est alors plus perçu comme irritant et “mauvais”, mais comme une nouvelle substance neutre. Le corps se trouve alors dans un état d’équilibre en présence de l’allergène et n’y réagit plus. Pour les humains, on complète le protocole par une stimulation de points d’acupuncture pour renforcer la nouvelle identification [10].

En 2012, des sanctions disciplinaires ont été menées envers Roger Valentine par le conseil médical vétérinaire (le ‘‘Veterinary Medical Board’’ est l’organisme qui réglemente les activités de médecine vétérinaire en Californie). Il a été décidé de suspendre les 3 années de probation et de maintenir sa révocation, avec une date d’effet au 24 mai 2012. Les motifs retenus sont : négligence et/ou incompétence avec 3 chefs d’accusation pour négligence, défaut de tenue administrative correcte des dossiers, pratique illégale de la médecine, pratique de la médecine sans autorisation d’exercer, défaut de conformation à la législation [11].

Un cas fatal

En 2009, un journal irlandais rapporte qu’un homme de 43 ans, Thomas Schatten, a subi un choc anaphylactique au cours d’une visite chez un chiropraticien qui utilisait NAET pour traiter son allergie aux cacahuètes. Durant la séance, après avoir mangé un petit morceau de cacahuète, il fut pris de toux suivie d’une sensation d’oppression thoracique et décida de rentrer chez lui. Ni lui, ni le chiropraticien n’ont reconnu les symptômes d’une réaction anaphylactique. L’état de Schatten a continué à se dégrader une fois à domicile, et il est décédé 90 minutes plus tard [12].

Actions réglementaires

Dans deux états, des commissions réglementaires ont pris des mesures concernant l’utilisation de NAET :

En 2011, la cour fédérale d’Australie a confirmé une décision de la commission australienne de la concurrence et de la consommation. Celle-ci concerne trois entreprises et deux personnes physiques ayant émis des allégations fausses et induit en erreur les consommateurs quant aux capacités de NAET à diagnostiquer et à soigner les allergies [16].

Conclusion

NAET est en opposition totale avec les concepts d’anatomie, de physiologie, de pathologie, de physique et d’allergie validés par la communauté scientifique. L’histoire de sa “découverte” est fortement invraisemblable. Son approche diagnostique fondamentale – le test musculaire pour les “allergies” – n’a aucun sens et dépiste à coup sûr des problèmes qui n’existent pas. Les restrictions alimentaires qu’elle préconise, basées sur des allergies inexistantes, exposent fortement le patient à un risque élevé de carences nutritionnelles, et chez les enfants, au risque de développer des troubles des conduites alimentaires ainsi qu’à des troubles sociaux. Je pense que les praticiens utilisant NAET ont une capacité de jugement bien trop médiocre pour continuer à être autorisés d’exercer. Si vous entrez en contact avec un praticien s’appuyant sur ces pratiques, demandez aux autorités compétentes de votre état ou pays d’ouvrir une enquête.

Références

  1. Nambudripad DS. Say Goodbye to Illness. Buena Park, CA : Delta Publishing Co., 1993.
  2. Goodman AG, Goodman LS, Gilman A. The Pharmacological Basis of Therapeutics, 6th edition. New York : Macmillan Publishing Co., 1980, p 695.
  3. Nambudripad DS. The NAET Guide Book : The Companion to « Say Goodbye to Illness. » Third edition. Buena Park, CA : Delta Publishing Co., 1999, p 21.
  4. Nambudripad DS. What is NAET? NAET Web site, Oct 11, 1999.
  5. Cutler EW. Winning the War against Immune Disorders & Allergies. Albany, NY : Delmar Publishing, 1998.
  6. Nambudripad DS. An open letter to NAET patients. NAET Web site, accessed Oct 14, 1999.
  7. Zacherl TW. What is BioSet ? About.com Web site, accessed Oct 25, 2002.
  8. Cutler EW. The Food Allergy Cure. New York : Harmony Boks, 2001.
  9. Crinnion WJ. Deposition in Superior Court of the State of Washington (King County) Case No. 00-2-30314-9 KNT, Jan 3, 2002, pp 50-55.
  10. Valentine R, Valentine R. Veterinary NAET : The veterinary application of NAET ; a breakthrough approach to allergy resolution. Veterinary NAET Web site, accessed Aug 10, 2000.
  11. Department of Consumer Affairs Veterinary Medical Board, Disciplinary Actions July 2011 – June 2012.
  12. O'Halloran G. Man died an hour after being treated for peanut allergy. Independent.ie, April 25, 2009.
  13. Barrett S. Dylan Lévesque, DC sanctionné deux fois pour marketing inapproprié. Casewatch, Nov 26, 2011.
  14. Barrett S. Action disciplinaire contre Eric Berg, DC. Casewatch, Feb 5, 2008.
  15. Policy statement regarding experimental treatments (p. 63). Kansas Board of the Healing Arts, April 6, 2008.
  16. Court finds allergy treatment claims misleading. ACCC news release, March 11, 2011.

Dernière mise à jour le 15 janvier 2020.

Source: Quackwatch