Comment choisir un dentiste
Les dentistes sont des praticiens autorisés qui détiennent soit un diplôme en chirurgie dentaire, soit l’équivalent d’un diplôme de médecine dentaire. Il faut au moins deux ans de formation prédentaire dans un établissement postsecondaire, suivis de quatre ans en école de dentisterie pour devenir dentiste. Cependant, presque tous les étudiants qui entrent en école de dentisterie ont un diplôme de premier cycle universitaire.
Le programme des deux premières années de dentisterie consiste principalement en l’étude des sciences fondamentales et précliniques. Les deux dernières années sont avant tout consacrées à la pratique dentaire sous supervision. On acquiert le diplôme étatiquea en passant des examens étatiques et nationaux. Les dentistes qui veulent se spécialiser passent deux ans ou plus de formation approfondie. Pour être officiellement reconnus aux États-Unis, ils doivent réussir un examen administré par un jury de spécialistes reconnu par l’Association dentaire américaine.
Les huit spécialités reconnues sont les suivantes :
- Santé dentaire publique : prévention et contrôle des maladies dentaires, et promotion de la santé dentaire collective.
- Endodontie : prévention et traitement des maladies de la pulpe de la racine et structures apparentées (traitement des canaux radiculaires).
- Traitement des maladies buccales et maxillo-faciales : diagnostic des tumeurs et d’autres maladies, ainsi que des blessures à la tête et au cou.
- Chirurgie buccale et maxillo-faciale : avulsion de dents; traitement chirurgical des maladies, des blessures et des défauts de la bouche, de la mâchoire et du visage.
- Orthodontie et orthopédie dentofaciales : diagnostic et correction des irrégularités dentaires et des déformations faciales.
- Dentisterie pédiatrique : soins dentaires des bébés et des enfants.
- Périodontie : traitement des maladies de la gencive et structures apparentées.
- Prosthodontie : traitement des dysfonctionnements de la bouche à l’aide de prothèses, telles que couronnes, bridges et dentiers.
Signes positifs
Les bons dentistes s’intéressent personnellement à la santé de leurs patients. Ils sont orientés vers la prévention, mais sans tenir compte des pratiques à la mode. Ils usent des rayons X et proposent généralement à leurs patients de faire une radio complète de leur bouche à moins que l’on puisse consulter des radios convenables faites par un dentiste précédent.
Un examen dental complet consiste en une inspection des dents, des gencives, de la langue, des lèvres, de l’intérieur de la joue, du palais et de la peau du visage et du cou; il faut de plus tâter le cou à la recherche d’éventuels ganglions lymphatiques anormaux et pour vérifier si la glande thyroïde n’est pas trop grande. Chez les adultes, l’on doit insérer une sonde parodontale entre les gencives et les dents pour rechercher d’éventuelles cavités anormalement grandes. Les bons dentistes font également un schéma détaillé de leurs résultats.
Les bilans de santé réguliers permettent de dépister les problèmes tôt. Les nettoyages dentaires réguliers, l’observation des mouvements de la mâchoire, les examens parodontiques, les interventions précoces et les traitements au fluor peuvent souvent épargner aux patients des réparations onéreuses. La fréquence des interventions (ce qui comprend le détartrage et les radios) doit être calculée en fonction de la fréquence de la formation des cavités, de la vitesse de formation du tartre, de la condition des gencives et de tout autre problème. Dès qu’un traitement est achevé, le patient doit être mis dans un calendrier de rappel et être contacté lors du prochain bilan de santé.
Un travail dentaire de bonne qualité a une durée de vie généralement très longue, alors qu’un travail de mauvaise qualité peut se décrocher ou se dégrader en l’espace de quelques années. Le prix d’un soin dentaire n’est pas le meilleur moyen d’en juger la qualité, il faudrait plutôt voir le temps que le dentiste prend pour faire la tâche. Les soins de bonne qualité ne peuvent être faits à la chaîne, ils exigent du temps et une attention méticuleuse aux détails.
Avant de vous engager dans un traitement, ayez à votre niveau une idée précise de ce qui sera fait et des conséquences. Envisagez les différentes options, car il peut exister plusieurs manières de réaliser les soins; par exemple, on peut remplacer une dent manquante par un bridge amovible, un bridge fixe ou un implant; ces options ont des avantages, des inconvénients et des coûts différents.
Signes négatifs
Méfiez-vous des publicités tapageuses, souvent signes d’un travail à la chaîne plutôt que d’un travail de qualité. Quand le prix d’un soin pris séparément est bas, le nombre de soins peut être plus grand que la moyenne, ce qui se solde par un coût total plus élevé [1].
Les dentistes dont la publicité exagère quant aux effets de la sédation conscienteb, de la dentisterie cosmétique, ou qui proposent un tout-compris-en-une-visite peuvent se désintéresser d’un suivi médical sur le long terme financièrement peu rentable.
L’usage routinier d’anesthésiants en intraveineuse est également un mauvais signe, car il indique que les patients sont exposés à des risques inutiles. L’anesthésie générale a beau être adéquate aux enfants [2, 3], aux adultes épileptiques et dans d’autres cas, la grande majorité des patients n’en a pas besoin pour les soins habituels.
Un faible pourcentage de dentistes adhèrent ou se livrent à des pratiques non scientifiques. Évitez les dentistes qui :
- vendent des vitamines ou tout autre supplément diététique;
- préconisent systématiquement le remplacement des amalgames ou l’extraction des dents qui ont des canaux radiculaires;
- sont « spécialisés » dans le traitement des maux de tête, des maux de dos, des douleurs dans les muscles du visage ou dans les problèmes de l’articulation temporo-mandibulaire;
- prétendent que la fluoration est dangereuse;
- s’identifient comme des praticiens de la dentisterie « holistique » ou « biologique »;
- font des diagnostics de « névralgies causant une ostéonécrose cavitationnelle (NCOC) »;
- outrepassent leur spécialité de dentiste en diagnostiquant une « intoxication par des métaux lourds » ou des pathologies autres que celles touchant la bouche, les gencives, les dents et les tissus attenants.
Autres conseils
Il est judicieux de se faire suivre par un dentiste attitré avant qu'une urgence ne survienne. On peut demander des recommandations auprès d’amis, de connaissances et de professionnels de la santé. Votre médecin de famille peut vous recommander un dentiste. Cependant, les meilleurs professionnels à interroger sont souvent les parodontistes, qui peuvent, grâce à leur pratique quotidienne, évaluer le travail de leurs confrères dentistes généralistes. L’on peut obtenir d’autres conseils auprès d’une association dentaire locale ou d’une école dentaire s’il y en a une à proximité.
Un bon moyen de commencer est de faire une première visite pour faire connaissance avec le praticien et voir si vos personnalités et vos visions de la santé s’accordent. Enquérez-vous des tarifs et des possibilités d’étaler les paiements. La plupart des dentistes préfèrent que les patients soient les premiers à aborder la question des frais étant donné qu’ils connaissent mieux leur propre situation financière. Quand des soins majeurs aux tarifs élevés sont en jeu, il vaut mieux se mettre d’accord par écrit sur les montants engagés et leurs échéances.
L’association américaine Consumers Research a dressé une liste de questions à se poser pour juger des qualités d’un dentiste après que celui-ci vous a prodigué des soins :
- Que ressentez-vous quand vous mordez ?
- Les soins dentaires ont-ils irrité les gencives ?
- La dent soignée ressemble-t-elle toujours à une dent ?
- Le fil dentaire ou votre langue s’accrochent-ils à des aspérités sur la dent ?
- Le dentiste a-t-il pris le temps de polir les amalgames ?
- Avez-vous mal quand vous buvez des boissons chaudes ou froides ?
- Restait-il des débris dans la bouche après le traitement ?
- Le dentiste refroidissait-il vos dents à l’eau pulvérisée pendant le fraisage ? [4]
Méfiez-vous des dentistes qui mettent en avant des programmes de traitement détaillés. En 1996, un reporter en mission pour le Reader’s Digest rendit visite à 50 dentistes dans 28 États et remarqua que les tarifs, les examens dentaires et les recommandations variaient considérablement. Les visites coûtaient entre 20 $ et 141 $. Le reporter apportait ses propres radios dentaires et disait aux dentistes qu’il avait une couverture d’assurance étendue. Avant de s’engager dans l’étude, le reporter fut examiné par quatre dentistes, qui dirent unanimement qu’il n’y avait qu’un problème immédiat (une molaire avait besoin d’un amalgame ou d’une couronne) et qu’il serait souhaitable qu’une autre dent fût soignée. Seulement 12 dentistes furent d’accord avec cette évaluation, tandis que 15 autres ne remarquèrent pas le problème à la molaire. Un dentiste voulut lui couronner toutes les dents au prix de 13 440 $. Chez d’autres, les estimations variaient entre 500 $ et 29 850 $. Le reporter alla également dans une clinique-école dentaire, où un étudiant et un directeur de département recommandèrent indépendamment la pose de couronnes sur les deux dents à soigner, au prix de 460 $ [5].
En 1997, « le programme Prime Time Live » de la chaîne ABC-TV mena une enquête similaire où, après évaluation par un comité d’experts, deux patients à la bouche entièrement saine furent examinés par six dentistes. L’un d’eux se vit proposer des devis de 645 $, de 1175 $, de 1195 $, de 2220 $, de 2323 $ et de 2563 $; l’autre en reçut de 2135 $, de 2410 $, de 2829 $, de 3140 $, de 3190 $, de 3700 $, de 4061 $ et de 7960 $. On ne diffusa aucune émission à ce sujet, mais les chiffres furent rendus publics par l’un des membres du comité d’experts [6].
Les frais les plus élevés qui nous ont été proposés le furent par des dentistes qui fondent leur pratique selon un « modèle dentaire idéal (mâchoire idéale) » que la plupart des dentistes récusent. Les « dentistes bio-esthétiques » et autres à l’approche similaire proposent de rectifier la mâchoire du patient, et implantent des couronnes ou font d’autres types de soins à la plupart, voire à toutes ses dents. Les coûts engagés s’étendent typiquement de 5000 $ pour des soins relativement mineurs à plus de 40 000 $ pour un couronnement quasi complet de la mâchoire. Toujours est-il que l’implantation d’une couronne requiert l’arrachage de structures dentaires saines, et qu’un bouleversement des dents saines et fonctionnelles peut à long terme se traduire par des complications [7].
Ces enquêtes révèlent que, lorsqu’on envisage de recevoir des soins dentaires approfondis, il est bon d’avoir un second avis, de préférence de la part d’un dentiste affilié à une école dentaire. Aucun praticien ne devrait avoir peur que vous cherchiez un second avis, ni ne devrait vous empêcher de le faire. Si un programme de soins est raisonnable, en particulier s’il est étendu et/ou dispendieux, il devrait résister à un examen par les pairs.
Notes du traducteur
a) Dans la langue américaine, « étatique » fait référence à chacun des 50 États fédérés, et non à l’État fédéral.
b) En anglais twilight sleep, mise du patient dans un état où il est insensible à la douleur, mais sans perte de connaissance.
Références
- Friedman JW and others. Complete Guide to Dental Health: How to Avoid Being Overcharged and Overtreated. New York, 1991, Consumer Reports Books.
- Clinical guideline on the elective use of conscious sedation, deep sedation and general anesthesia in pediatric dental patients. American Academy of Pediatric Dentistry, revised May 1998.
- Policy statement on the use of deep sedation and general anesthesia in the pediatric dental office. American Academy of Pediatric Dentistry, May 1999.
- How to choose a dentist. Consumers Research, March 1997, pp. 2024.
- Ecenbarger W. How honest are dentists? Reader's Digest, February 1997, pp 50-56.
- Dodes J. Coverage questioned (letter to the editor). ADA News, Sept 15, 1997.
- Barrett S. Baratz RS. La dentisterie bio-esthétique est-elle valable ?. Dental Watch, March 4, 2010.
Cet article fut mis à jour le 9 mai 2010.
Traduction en français le 14 septembre 2019 par Frédéric Derbesse.
Dernière mise à jour le 27 septembre 2019.
Source: Quackwatch