Neurotoxicité des moisissures : validité, fiabilité et balivernes
La « neurotoxicité des moisissures » est une allégation de plus en plus courante dans les contentieux en matière de dommages corporels, bien qu’elle soit manifestement absente de la pratique médicale quotidienne. L’actuelle controverse à ce sujet est davantage le fait des avocats que des désaccords scientifiques. Les lésions alléguées sont appelées lésions cérébrales, encéphalopathie toxique, déficits cognitifs, déficits neurocomportementaux, troubles neurocomportementaux, troubles neuropsychologiques et syndrome des bâtiments malsains ou maladie environnementale. Les symptômes allégués comprennent des troubles de la mémoire, des difficultés de concentration, des problèmes de langage et de raisonnement, de la fatigue mentale, de la dépression et de l’anxiété. L’an dernier, un article du Time Magazine a fait cette mise en garde : « comme une sorte de peste biblique, les moisissures toxiques se sont répandues dans les maisons, les écoles et d’autres bâtiments aux États-Unis… Les grands gagnants sont les entreprises qui se nourrissent de la frénésie des moisissures. » (Hamilton 2001)

La prétendue « étude » le plus souvent citée comme preuve d’une atteinte neuropsychologique due à la neurotoxicité des moisissures n’est pas en fait une étude scientifique et n’a pas fait l’objet d’un examen par les pairs au sens habituel. La méthodologie était si faible qu’elle ne sera jamais acceptée pour publication dans une revue scientifique de haute qualité et — à ce jour — elle n’a été publiée dans aucune revue scientifique, quelle qu’en soit la qualité. L’étude prétend avoir évalué les personnes exposées à la moisissure Stachybotrys chartarum, mais elle ne comprenait aucun groupe témoin ni de batterie de tests standardisés administrés à tous les participants. Aucune autre exposition toxique n’a été étudiée, même pas l’exposition à d’autres moisissures. Les participants n’ont pas tous passé les mêmes tests et l’auteur a témoigné qu’il n’avait rapporté que des données provenant de quelques tests qu’il avait choisis comme étant plus susceptibles de produire ce qu’il cherchait. Les résultats des tests neuropsychologiques des sujets étudiés étaient remarquables parce qu’ils étaient normaux et non altérés, mais les avocats et certains de leurs experts considèrent ces résultats comme des preuves de la neurotoxicité des moisissures. De plus, un examen des données utilisées dans la préparation du livre montre que l’article ne reflétait pas exactement ce qui avait été fait. Dans la seule autre étude pertinente faisant appel a des tests objectifs (étude publiée dans une revue à comité de lecture), par opposition aux rapports subjectifs, la conclusion mentionne brièvement que les cas de moisissures ont donné de meilleurs résultats dans les tests cognitifs que dans les groupes de contrôle (Hodgson et collab., 1998). Malgré tout cela, il n’existe pas de modèle cohérent de symptômes ou de résultats de tests permettant de définir un diagnostic de « neurotoxicité des moisissures ». Il n’y a pas non plus de fondement scientifique à l’allégation selon laquelle le fait de respirer des spores de moisissure ou des mycotoxines à la maison et au bureau cause une déficience neuropsychologique. Les effets neuropsychologiques de ces expositions sont inconnus. Mais de prétendus experts utilisent des arguments simplets et vides de sens, par exemple en disant qu’ils ne peuvent imaginer aucune autre raison pour laquelle une personne qui intente une action en justice pour des millions de dollars pourrait formuler des plaintes subjectives si la littérature scientifique ne réfute pas leurs spéculations. Ce sont là des arguments de « pseudo-science ».
Sudakin (1998) a constaté une augmentation des symptômes neurocomportementaux autodéclarés dans une étude de cas, mais il a averti le lecteur que l’on avait rapporté à ces personnes les effets nocifs de l’exposition à des champignons toxigènes, avant qu’elles se plaignent de signes subjectifs par la suite. Ces symptômes se sont considérablement améliorés après que les sujets ont quitté le bâtiment. Plusieurs des sujets étudiés par Sudakin ont reçu une indemnité.
Établir une preuve sans démonstration
Comme leur méthode est dépourvue de preuves objectives montrant que l’inhalation de moisissures ou de mycotoxines cause des lésions cérébrales, les experts en matière de « moisissures toxiques » se fient beaucoup sur des rapports subjectifs de symptômes et sur des tests qui sont affectés par les biais de réponse inhérents aux contentieux. Leur approche est problématique pour au moins trois raisons :
- Comme nous l’avons mentionné plus haut, il n’existe aucun ensemble de plaintes constituant un syndrome neuropsychologique ou psychologique ou un trouble mental diagnostiquable associé à l’inhalation de mycotoxines ou à l’inhalation de spores de moisissures.
- Les experts en matière de litiges ignorent l’abondance croissante de la recherche qui démontre que les patients procéduriers se comportent, de façon importante, différemment des autres personnes, ce qui affecte directement les examens d’experts sur l’état du patient. Les plaignants déclarent souvent leurs antécédents prélésionnels en des termes inhabituellement bénins et écartent à un degré invraisemblable d’autres explications à leurs plaintes, par exemple les facteurs importants de stress dans leur vie. Ils répondent plus fréquemment à des tests neuropsychologiques dans une plage anormale, même si personne ne prétend qu’ils ont des lésions cérébrales — ni leurs avocats, ni leurs médecins, ni les plaignants eux-mêmes. En d’autres termes, les artéfacts associés aux contentieux ont une incidence sur les résultats des tests neuropsychologiques. Les plaignants qui présentent des réclamations pour lésions cérébrales légères réagissent souvent aux tests psychologiques d’une manière plus altérée que les personnes ayant une lésion cérébrale grave attestée.
- Les résultats des tests sont affectés par les biais résultant des litiges et ne reflètent pas véritablement l’ampleur du préjudice. Il est de plus en plus évident que les avocats et autres défenseurs associés à des actions en justice influencent suffisamment les preuves psychologiques et neuropsychologiques pour entraîner des résultats trompeurs et erronés.
- Parmi les personnes étudiées, l’effort fourni par le patient pendant les tests neuropsychologiques a un effet plus important sur les résultats des tests que l’intensité de la lésion, même en incluant les lésions cérébrales graves (voir par exemple Green et collab., 2001).
Des personnes vraiment perturbées se sont retrouvées, parfois à leur désavantage, engagées dans ces affaires. Par exemple, les individus ayant des troubles somatoformes et des personnalités histrioniques ont tendance à être influençables et donc vulnérables aux zélotes et aux défenseurs qui leur disent qu’ils sont atteints de lésions cérébrales et condamnés à subir des déficits permanents causés par leur environnement toxique. La plupart d’entre nous ignorent plus ou moins, ou remarquent et écartent les banals « symptômes de la vie » comme les douleurs passagères, la capacité variable de concentration, la fatigue temporaire, le stress ou l’incapacité de se rappeler toutes sortes d’informations comme un mot ou un nom ou l’endroit où nous avons laissé quelque chose. Cependant, lorsqu’un professionnel de la santé affirme qu’il s’agit de symptômes de neurotoxicité des moisissures, une personne crédule peut porter davantage attention à ces manifestations, s’alarmer et s’engager dans un cercle vicieux de surinterprétation de symptômes bénins, d’anxiété et voir se multiplier les symptômes causés par cette anxiété et devenir encore plus inquiète, parfois au point d’en devenir pratiquement obsédée. Ces ressentis étant plus perceptibles et plus fréquents ces derniers temps, il est facile de conclure, cqu'ils doivent avoir été causés par l’exposition aux moisissures.
Bien que la plupart d’entre nous ne pensent pas actuellement souffrir des effets d’une lésion cérébrale légère due à la moisissure ou à autre chose, les études empiriques ont montré à plusieurs reprises que des taux étonnamment élevés de symptômes de lésions cérébrales légères et des symptômes psychologiques sont courants dans la population adulte ainsi que chez les étudiants et les patients médicaux (par exemple, voir Dunn, Lees-Haley, Brown, Williams et English, 1995 ; Gouvier, Cubic, Jones, Brantley et Cutlip, 1992 ; Gouvier, Uddo-Crane et Brown, 1988 ; Fox, Lees-Haley, Earnest et Dolezal-Wood 1995a, 1995b ; Lees-Haley et Brown, 1993). De même, les études de prévalence montrent que les taux de maladies psychiatriques sont « plus élevés qu’on ne le pensait auparavant » (Kessler, McGonagle, Zhao, Nelson, Hughes, Eshleman, Wittchen, & Kendler, 1994, p. 8 ; voir aussi Regier, Boyd, Burke, Rae, Myers, Kramer, Robins, George, Karno et Locke, 1988 ; et Robins, Helzer, Weissman, Orvascel, Gruenberg, Burke et Regier, 1984). Ainsi, lorsque quelqu’un porte attention sur une recherche pour une psychopathologie, elle n’est pas difficile à trouver et elle est plus répandue que beaucoup de gens n’imaginent. Le recours à des procédures diagnostiques dans une population aléatoire ou sans contentieux conduit à la détection de faux positifs et à une affection réelle qui était silencieuse avant le test, de sorte qu’il n’est pas surprenant que le test d’un groupe de plaignants mène à la découverte d’un préjudice apparent, qu’il existe ou non. La personne moyenne sans antécédents de lésion cérébrale obtiendra des scores anormaux à plusieurs des tests d’une batterie de tests neuropsychologiques détaillés. Mais certains experts ignorent ces « taux de référence d’anomalie » et surinterprètent ces résultats comme une indication d’encéphalopathie toxique.
Enseigner aux témoins oculaires à voir des phénomènes invisibles
Dans des contextes ambigus tels que des arguments juridiques controversés sur notre connaissance de la neurotoxicité des moisissures, les influences psychologiques prennent une importance croissante dans la perception de ce qu’est la réalité. L’information diffusée par les médias, les politiciens, les militants, les parties au litige, les experts et les avocats peut provoquer d’importantes réactions émotionnelles chez les personnes touchées. Une allégation peut être fausse, mais elle peut causer une réelle inquiétude et une authentique détresse émotionnelle à des personnes naïves si des allégations trompeuses sont prises au sérieux.
Comme antidote à un plaidoyer sans fondement, il est crucial d’intégrer de bonnes données scientifiques dans les arguments sur la neurotoxicité des moisissures. Les parties intéressées encouragent la spéculation et font, d’une manière si catégorique, des allégations sans fondement, que nous sommes tentés de les croire pour des raisons illusoires. Les avocats et les cliniciens qui ne peuvent pas attendre les faits s’appuient en grande partie sur des techniques de propagande et d’influence sociale telles que :
- Preuve sociale : Si un avocat donne l’impression que plusieurs personnes crédibles sont arrivées à la conclusion que la moisissure leur avait causé des lésions cérébrales, on a une tendance humaine naturelle à être d’accord et à insinuer que vous manquez en quelque sorte de crédibilité si vous n’êtes pas d’accord. Trouver quelques personnes qui croient à une proposition et les encourager, de façon répétée, à en parler publiquement va donner l’impression qu’il y a beaucoup de gens qui viennent de découvrir quelque chose de réel.
- Affirmations répétées : Le simple fait de répéter votre affirmation encore et encore donne l’impression qu’elle est vraie. Car après tout, comme on sait tous, là où il y a de la fumée, il y doit y avoir du feu.
- Appels à l’autorité : plus de gens seront convaincus si une ou plusieurs des personnes qui affirment une croyance font autorité, p. ex. un expert ou une personnalité de la société civile. Parfois, les politiciens se laissent convaincre de partager une rhétorique non fondée, mais avantageuse politiquement. Si nous aimons l’origine d’une opinion, nous avons plus de chances de croire ce qui est dit. Donc, si un acteur populaire, une figure médiatique, un politicien ou un héros local se joignent au processus, nous serons plus nombreux à approuver cette perception de la réalité.
- Exemples frappants : plus que des exemples quantitatifs ennuyeux, mais plus rigoureux, les études de cas dramatiques influencent souvent notre jugement. Présenter de manière à faire peur, une image en plan rapproché de la moisissure noire, peut amener l’observateur à conclure que ce qui a l’air si sinistre doit causer le tort allégué.
En réponse aux critiques récentes de la pseudo-science, les arguments antiscientifiques sont en progression. Les militants nous disent : « Nous ne pouvons attendre la science. Nous devons agir maintenant » et « les scientifiques ne veulent pas que nous agissions ! Combien de personnes doivent mourir avant que les accusés fassent ce qui est juste ? » Ironiquement, l’un de ces critiques a déclaré : « Nous ne pouvons pas attendre la science, nous devons agir sur la base de preuves ! » Certes, nous prenons la plupart de nos décisions dans la vie sans d’abord mener une étude scientifique. Cependant, l’allégation selon laquelle les spores de moisissure qui nous entourent tous les jours causent des lésions cérébrales est une question factuelle à laquelle on ne peut répondre qu’en examinant les données et non par des réactions émotionnelles basées sur la spéculation, le sensationnalisme et les insinuations.
Différences entre plaignants et patients sans demande de réparation
Les patients qui intentent un procès rapportent des symptômes plus intenses, plus fréquents et plus persistants que les patients qui ne sont pas en contentieux. Par exemple, un certain nombre d’études prospectives ont montré que les personnes qui souffrent d’une lésion cérébrale légère, mais en dehors de litige se remettent généralement de leurs symptômes en quelques mois. (Barth, Alves, Ryan, Macciocchi, Rimel, Jane et Nelson, 1989 ; Dikmen, Ross, Machammer et Temkin, 1995 ; Dikmen, McLean et Temkin, 1986 ; Gronwall et Wrightson, 1974 ; Hugenholtz, Stuss, Stethem et Richard, 1988 ; Levin, Mattis, Ruff, Eisenberg, Marshall, Tabaddor, High et Frankowski, 1987). Cependant, le rétablissement des patients en litige n’est généralement pas conforme aux attentes, car les plaintes comme les pertes de mémoire, les maux de tête, les étourdissements, les difficultés de concentration, la vision trouble, la photophobie, les bourdonnements d’oreilles, l’irritabilité, la fatigue, l’anxiété et la dépression (Organisation mondiale de la Santé, 1978) continuent longtemps après la disparition normale de ces symptômes (Binder, Rohling, & Larrabee, 1997). De nombreuses études empiriques ont décrit des écarts entre les patients en litige et ceux qui sans demande d’indemnisation (voir, par exemple, Berry, Wetter et Youngjohn, 1995 ; Levin et collab., 1987 ; Youngjohn, Davis et Wolf, 1997). Fee et Rutherford (1988) ont comparé la fréquence des symptômes signalés chez les patients atteints d’un traumatisme crânien léger, en contentieux ou non. Après avoir estimé la gravité de la blessure initiale, les taux de signalement ont été évalués pour divers symptômes, dont les maux de tête, l’anxiété, l’irritabilité, les étourdissements, la dépression et l’insomnie. Lors du suivi, les patients portant contentieux ont signalé presque deux fois plus de symptômes que les autres patients.
Entre plaideurs et non-plaideurs, les différences des symptômes rapportés ont été établies pour les atteintes psychologiques autant que neuropsychologiques; les patients demandant une indemnisation ont déclaré des symptômes psychologiques plus durables que les patients sans demande d’indemnisation avec des atteintes similaires. Par exemple, Frueh, Smith, et Barker (1996) ont constaté que les anciens combattants cherchant à obtenir une invalidité liée au service pour syndrome de stress post-traumatique (SSPT) avaient des scores pathologiques nettement plus élevés sur un large éventail de diagnostics psychologiques et sur les échelles de validité MMPI-2 par rapport aux anciens combattants présentant le même tableau de SSPT sans demande d’indemnisation. Pope, Butcher et Seelen (1993) ont constaté que les profils MMPI des patients dont l’évaluation de l’invalidité était en attente montraient davantage d’exagération et de troubles. Leurs recherches ont également indiqué que les personnes qui sont réellement handicapées, mais qui n’attendent pas de décision sur leur handicap ont tendance à produire des profils MMPI avec des résultats normaux. La demande d’indemnisation des patients a été citée comme l’un des obstacles les plus sérieux à la réussite du traitement du SSPT dans le système d’évaluation VA des anciens combattants (Richman, Frueh, & Libert, 1994). Campbell et Tueth (1997) ont rapporté que le système d’indemnisation crée un effet dissuasif sur le désir de guérir et ont noté que « Compenser en payant les individus pour la douleur et l’invalidité, en particulier à long terme, peut avoir de nombreuses conséquences négatives et, en fin de compte, peut desservir le patient » (p. 42).
Les professionnels de santé ont noté des différences fondamentales entre les patients en contentieux et ceux qui ne le sont pas, et « se méfient de plus en plus de l’authenticité des symptômes présentés par les plaignants en raison de la grande disparité qui existe souvent entre les plaintes subjectives et les conclusions objectives » (Weissman, 1990, p.71). Les patients qui demandent une compensation financière peuvent se voir refuser un traitement parce que leur cas est perçu comme étant contre-indiqué aux soins de psychothérapie et de réadaptation. Dans un contexte de litige ou de demande similaire d’indemnisation où les motivations, telles qu’un règlement, peuvent l’emporter sur l’amélioration, le traitement peut être reporté ou même réclamé à des fins juridiques.
Des recherches récentes suggèrent non seulement que les patients en litige rapportent des symptômes plus intenses et de durée plus longue que les patients qui ne le sont pas, mais aussi que les patients en litige ont tendance à se rappeler que le fonctionnement psychologique et neuropsychologique antérieur aux blessures est supérieur à celui des patients sans contentieux (Lees-Haley, Williams et English, 1996 ; Lees-Haley, Williams, Zasler, Margulies, English et Stevens, 1997). Par exemple, Lees-Haley et collab. (1997) ont demandé aux deux groupes de se rappeler à quel point certains symptômes, comportements et aspects de la vie étaient problématiques dans le passé. Les patients qui cherchaient à obtenir une compensation se souvenaient de moins de problèmes de concentration, de mémoire, de fatigue, de dépression, d’anxiété, de disposition pour aller à l’école ou au travail, d’irritabilité, de maux de tête, de confusion, d’estime de soi, de couple ou de relation avec les enfants. Étant donné que la gravité apparente de la lésion ou de la perte fonctionnelle est essentiellement une comparaison entre les états antérieur et actuel, une différence plus tranchée entre les deux peut donner l’impression qu’une plus grande indemnisation est justifiée. Par conséquent, ne pas tenir compte de la tendance des plaignants à surestimer leurs fonctions antérieures à la lésion induit en erreur les examinateurs judiciaires et les juges des faits quant à la gravité de la lésion.
Exagération ou simulation
La simulation est définie comme la production intentionnelle de faux symptômes physiques ou psychologiques grossièrement exagérés, motivés par des raisons externes telles que le gain financier, l’obtention de médicaments, l’absentéisme au travail, l’abandon de poursuites pénales, etc. (Association américaine de psychiatrie, 1994). Contrairement à ce que beaucoup d’entre nous croient à la lumière de notre expérience clinique, des études empiriques ont révélé que la simulation est courante dans les évaluations judiciaires. Cependant, les tribunaux ont été plus sages que les cliniciens et ont reconnu ce défi depuis longtemps. Les mentions de réclamations frauduleuses et de faux témoignages sont présentes, tout au long de l’histoire du droit, dans les cas publiés et les commentaires juridiques. Dans le plus ancien code de lois connues, le Code de Hammurabi, les participants du système juridique s’attaquaient déjà au problème (la politique de Hammurabi était de tuer les témoins qui avaient fait un faux témoignage) (Johns, 2000). En effet, le problème du faux témoignage est la première question abordée avec chaque témoin à qui on demande : « jurez-vous de dire la vérité, toute la vérité, et rien que la vérité… ? »
Les patients qui cherchent à obtenir une indemnisation sont davantage portés à produire des rapports faux ou exagérés sur leurs symptômes que ceux qui cherchent à obtenir un traitement. Les estimations publiées de la proportion de plaignants simulant des déficits psychologiques varient de 1 % (Keiser, 1968) à plus de 50 % (Miller et Cartlidge, 1972). Dans les cas de lésions corporelles, la simulation de déficits cognitifs a été estimée à 64 % (Heaton, Smith, Lehman et Vogt, 1978) et 47 % de l’indemnisation des accidents du travail pourraient comprendre de la simulation (Youngjohn, 1991). Une autre étude a estimé que le pourcentage de déficits de mémoire fabriqué chez les patients présentant un syndrome post-commotion persistant se situait entre 33 et 60 % (Greiffenstein, Baker, & Gola, 1994). Ces études sont pertinentes parce que les plaintes déposées par les plaignants après leur commotion cérébrale sont très semblables à celles qui ont pour cause les « moisissures toxiques ». Et dans les deux cas, ils présentent des réponses avec un biais lié au contentieux. Les recherches de Binder (1993) montrent que 33 % des sujets atteints de lésions cérébrales légères pour lesquelles ils cherchent à se faire indemniser ont simulé un déficit cognitif lors de tests psychométriques. Les examinateurs judiciaires devraient envisager et exclure la possibilité que les symptômes rapportés et les résultats des tests aient pour origine de fausses déclarations des plaignants pendant leurs entretiens, et proviennent de l’exagération des symptômes par les questionnaires ou les tests autoévalués. Il est devenu courant dans les cas de médecine légale de soupçonner la simulation dans les diagnostics différentiels.
Certains psychologues et psychiatres affirment que les plaignants sont incapables de simuler des troubles mentaux ou des déficits neuropsychologiques sans être détectés par les experts en psychologie. Cependant, l’idée que des personnes inexpérimentées peuvent simuler avec succès des symptômes psychologiques et neuropsychologiques lorsqu’elles ne fournissent qu’un minimum d’informations sur les troubles est largement soutenue. (p. ex. Albert, Fox, & Kahn, 1980; Faust, Hart, & Guilmette, 1988; Lamb, Berry, Wetter, & Baer, 1994; Rogers, Bagby, & Chakraborty, 1993; Rogers, Ornduff, & Sewell, 1993; Wetter, Baer, Berry, Robison, & Sumpter, 1993). Une étude antérieure a démontré l’aptitude des étudiants universitaires à simuler avec succès la schizophrénie au moyen du test de Rorschach (Albert et collab., 1980). Après avoir regardé un film de 25 minutes sur la schizophrénie, 72 % des étudiants universitaires ont réussi à simuler le trouble, comparativement à 46 % qui ne l’avaient pas regardé. Lors d’une autre enquête analogue, les participants à qui on a demandé de simuler un traumatisme crânien ont reçu des renseignements détaillés sur le type d’échelles de validité de l’IPMM-2 et sur la façon d’éviter de se faire prendre. Les résultats ont montré que cette information a permis aux sujets de produire des profils cliniquement élevés dans les limites des échelles de validité (Lamb et collab., 1994).
Les personnes qui n’ont pas reçu d’information ont été en mesure de se reconnaître à travers des symptômes semblables à ceux de vrais patients sur certains types questionnaires, comme les listes énumératives de symptômes (Lees-Haley, 1989a, 1989b). La recherche indique que les personnes sans formation sont capables de reproduire avec précision les symptômes et le ressenti du syndrome post-commotion (Mittenberg, DiGiulio, Perrin et Bass, 1992) ainsi que la dépression majeure, le trouble anxieux généralisé et le SSPT (Lees-Haley et Dunn, 1994). La recherche montrant que des personnes ordinaires qui peuvent simuler une psychopathologie sans éveiller les soupçons de simulation sont un problème pour les examinateurs. Les informations relatives à certains troubles psychologiques et neuropsychologiques sont facilement accessibles aux plaignants déterminés à tricher. Berry (1995) souligne que « les tricheurs peuvent se familiariser avec les symptômes psychiatriques par le biais de connaissances personnelles, de la lecture de volumes comme le DSM-IV (APA, 1994), de manuels scolaires en psychiatrie, ou même par l’exposition à des sources non scientifiques comme des articles de magazines et des films sur des personnes atteintes de troubles mentaux » (p. 88).
Influence de l’avocat

L’influence des avocats constitue un autre facteur de confusion dans l’évaluation des patients engagés dans un contentieux. Bien que les experts en psychologie aient été lents à se rendre compte de l’ampleur du problème, la crainte de voir les avocats influencer les interrogatoires n’est pas un concept nouveau dans les milieux juridiques. En Californie, le problème est suffisamment important pour que le Code de procédure civile de la Californie n’autorise pas les avocats à participer aux évaluations psychologiques (voir CCCP 2032g). Dans la décision Ragge c. MCA/Universal Studios 165 F. 605 (Cal. 1995), le juge fédéral a décidé qu’un tiers observateur ne devrait pas assister à l’évaluation et que le psychologue ne devrait pas être tenu de divulguer à l’avance quels tests seraient utilisés. De telles divulgations sont une invitation à la fraude ainsi qu’aux causes involontaires de résultats non valides.
Les avocats sont censés apprendre les faits de leurs clients et non pas les inventer. Mais, comme l’a fait remarquer Geoffrey Hazard, professeur de droit à l’Université de Pennsylvanie et membre de l’American Bar Association Ethics 2000 Commission, « les avocats disent à leurs clients ce qu’ils doivent faire, indirectement… À quel point ils sont retors, à quel point ils sont rusés, cela varie. » (cité dans Dolan, 1994, p. A 17). Resnick note que « dès qu’une personne devient partie à un litige, dans le cadre d’une poursuite pour préjudice personnel… les efforts des avocats autant auprès du plaignant que du défendeur peuvent modifier l’attitude du patient et l’évolution de la maladie » (1988, p. 88).
Les avocats influencent les données psychologiques de plusieurs manières. Ils conseillent les clients sur les réponses aux tests psychologiques, font des suggestions sur ce qu’il faut dire aux psychologues examinateurs et sur ce qu’il faut souligner et incitent les patients à ne pas divulguer certains renseignements importants pour le psychologue. Les avocats peuvent inciter leurs clients à prendre des mesures qui influent sur les antécédents cliniques et créer des données trompeuses concernant les conséquences d’une lésion, p. ex. leur dire que cela « semblerait mieux » s’ils ne retournaient pas au travail, et que « cela pourrait valoir la peine de consulter un médecin chaque semaine » (Rosen, 1995, p. 84).
Certains avocats fournissent aux plaignants des informations non seulement sur la liste des symptômes, mais aussi sur les tests psychologiques permettant de détecter la simulation. (voir, par exemple, Baer, Wetter et Berry, 1995; Dolan, 1994; Legate, 1996; Lees-Haley, 1997; Platt & Husband, 1986; Rosen, 1995; Taylor, Harp et Elliott, 1992; Wetter et Corrigan, 1995; Youngjohn, 1995). Comme l’a fait remarquer Youngjohn (1995), « les psychologues et les neuropsychologues qui effectuent des examens médico-légaux supposent généralement que leurs patients n’ont pas été préparés ou “instruits” avant l’examen » (p. 282). Baer, Wetter et Berry (1995) notent que « compte tenu de la probabilité croissante que la supervision des personnes qui passent le test puisse se dérouler dans divers contextes, il est important que les cliniciens en comprennent les effets » (p. 198).
Wetter et Corrigan (1995) ont fourni d’autres preuves de la volonté des avocats à s’immiscer dans l’évaluation psychologique. Ces chercheurs ont mené une enquête dans laquelle 63 % des avocats interrogés estiment qu’ils devraient fournir aux plaignants des informations sur les mesures de validité des tests psychologiques (47 % des avocats interrogés ont déclaré qu’ils devraient « toujours ou habituellement » fournir ces informations à leur client avant le test et 16 % ont déclaré qu’ils devraient « parfois » le faire). Parmi les 63 % d’avocats qui estimaient devoir fournir de telles informations, 42 % ont déclaré qu’ils devaient fournir « autant d’informations que possible » et 42 % ont déclaré qu’ils estimaient devoir fournir une « quantité modérée d’informations », pour un total de 84 %. Youngjohn (1995) a rapporté les propos d’un avocat qui a soutenu que le fait de ne pas conseiller un plaignant avant le test psychologique est légalement une faute professionnelle. D’autres recherches menées auprès de plaignants dans des litiges de préjudices corporels confirment l’existence de la supervision, particulièrement dans les cas liés aux séquelles psychologiques d’événements traumatiques (Rosen, 1995).
Lorsqu’on demande aux plaignants qui subissent des évaluations neuropsychologiques si quelqu’un leur a parlé de leur évaluation, ils répondent presque toujours non, mais ajoutent souvent que leur avocat leur a dit de dire la vérité. Cependant, plus tard dans l’évaluation, il est fréquent qu’on réponde à une question avec des variantes de « Mon avocat m’a dit que je n’avais pas à répondre à ça ». Dans certaines évaluations, cette réponse est donnée à plusieurs reprises, malgré le démenti d’avoir parlé à qui que ce soit avant l’évaluation. Étant donné que les communications avocat client sont privilégiées sauf si l’avocat et le plaignant s'entendent pour commettre une fraude, par exemple, si l’avocat aide un plaignant simulateur, les psychologues n’explorent habituellement pas directement la supervision de l’avocat pendant l’entrevue. Cependant, des commentaires spontanés comme ceux-ci indiquent que de nombreux plaignants sont conseillés sur la manière de se conduire dans une évaluation psychologique. Larry Cohen, avocat à la faculté de droit de l’Université du Michigan (communication personnelle, mars 1997), a signalé que certains avocats considèrent que le fait de demander au client de nier que la supervision n’ait jamais eu lieu fait partie du privilège avocat client.
Bien que les avocats hésitent à discuter de communications privilégiées avec des clients particuliers, ils partagent publiquement des renseignements pertinents dans le cadre du cours de formation juridique continue. Prenons par exemple le conseil donné lors d’une réunion nationale d’avocats, au cours de laquelle il a été conseillé aux participants de négocier avec les psychologues retenus « quelle sorte d’histoire ils souhaitent adopter ». (Bureau des affaires nationales, 1994, p. 52). Une avocate présente à cette conférence a dit qu’elle s’entretient avec des psychologues avant leurs évaluations et « je leur dis quels domaines je ne veux pas qu’ils explorent » (p. 52). Dans le cadre d’un autre programme de formation juridique continue, on a enseigné aux avocats comment préparer les clients pour leurs évaluations indépendantes (EMI) (Legate, 1996). Dans ce cours, on leur a déconseillé d’envoyer leurs clients à des examens indépendants sans préparation préalable par un avocat. Ils ont été invités à examiner et à « clarifier » les symptômes du client avant l’EMI, et on leur a conseillé de ne pas présumer que le client non préparé serait cohérent. L’une des suggestions était « d’envisager la création d’une liste des symptômes que vous examinerez régulièrement avec votre client » (Legate, 1996, p. 5). Les plaignants ont-ils vraiment besoin d’avocats pour leur dire où ça fait mal ? Un enfant de deux ans peut vous le dire. Les avocats pensent-ils que les personnes qui souffrent beaucoup ne s’en rendent pas compte et oublient qu’elles souffrent en l’absence de protection et d’assistance de la part d’un avocat ?
Dans une revue juridique largement diffusée, Taylor, Harp et Elliott (1992) ont publié un article sur la « préparation » du plaignant souffrant de lésions cérébrales légères. Ces avocats suggèrent de « prendre des mesures pour améliorer la capacité du client à se souvenir des faits essentiels » (p. 67). Ils recommandent que « l’avocat commence à préparer le témoignage du plaignant dès le début du procès » et fournisse une liste d’étapes à suivre avant les dépositions et avant le procès (p. 68). Notant que les clients atteints de lésions cérébrales « ont tendance à être un peu mal à l’aise avec le fait [de témoigner (quelqu’un est-il à l’aise ?)] », ils suggèrent que « les avocats doivent prendre grand soin de les préparer à témoigner » (p. 68). Ils recommandent de fournir des « instructions concernant la présentation, le comportement et l’habillement » lors du témoignage. Il est difficile d’imaginer qu’il n’y a aucun effet sur la perception d’un plaignant après une exposition prolongée auprès d’un avocat persuasif qui a reformulé à maintes reprises, dans un langage convaincant, les données d’un point de vue particulier du plaideur.
Si les avocats se donnent autant de mal pour préparer un client en vue d’une déposition ou d’un procès, il est raisonnable de supposer qu’ils donnent des conseils similaires avant les examens médicaux et psychologiques qui pourraient avoir des répercussions considérables sur l’appréciation du litige. Des directives, comme des instructions sur le comportement, la présentation, l’habillement et la mémoire peuvent toutes avoir une incidence sur l’examen de l’état mental par l’expert en psychologie. Un plaignant histrionique, hypocondriaque ou tricheur bénéficiant de l’encadrement proposé dans cet article pourrait apprendre à se comporter d’une manière trompeuse. Les effets de ces instructions sur un patient borderline ou délirant sont imprévisibles, mais préoccupants.
Influence des professionnels de la santé
Les experts en psychologie peuvent également altérer les données dans les litiges en matière de préjudices corporels. Par exemple, dans l’affaire non publiée Lailhengue v Mobil (Civil Action No. 90-4425, United States District Court for the Eastern District of Louisiana), un psychiatre a interrogé les plaignants en présence d’un avocat, puis leur a remis des copies des critères diagnostiques du Manuel diagnostique et statistique afin qu’ils les examinent avant une deuxième entrevue pour déterminer s’ils souffrent du syndrome de stress post-traumatique. Dans une autre affaire non publiée dont le tribunal a prononcé la non-divulgation publique, un psychologue assez éminent et un avocat se sont présentés devant un auditoire de plaignants alors que le psychologue décrivait les symptômes du syndrome de stress post-traumatique, immédiatement après quoi les plaignants ont reçu un tableau du syndrome de stress post-traumatique de l’IPMM sans échelle de validité correspondante.
Même les plaignants honnêtes peuvent être amenés à grossir involontairement des plaintes existantes ou à en découvrir de nouvelles. Des examens physiques et psychologiques répétés effectués par des professionnels de la santé peuvent avoir ces effets inattendus. Comme le souligne Lishman (1986, p. 463), « la multiplication des répétitions des symptômes devant divers auditoires, certains encourageants, d’autres sceptiques, n’aident pas le patient à comprendre clairement ce qu’il vit vraiment ». Platt et Husband (1986) ont observé :
Lorsque le patient ou plaignant arrive au cabinet du clinicien, il a souvent consulté non seulement un avocat, mais aussi une foule de professionnels de la santé et les services de santé. Les patients peuvent très bien recevoir des indications de leurs avocats ou de leurs professionnels traitants quant aux symptômes qu’ils sont susceptibles de présenter. Les questions posées et les messages communiqués par ces professionnels sur l’état physique et mental du patient peuvent avoir pour effet d’alerter secrètement ou même ouvertement le patient sur d’autres symptômes qu’il n’avait pas signalés ou sur lesquels il n’avait pas insisté dans des évaluations antérieures, et de renforcer potentiellement des symptômes existants (p. 35).
Il est important de tenir compte des attentes des experts en matière d’évaluation, car elles peuvent avoir d’importants effets imprévus. Il existe une documentation abondante et croissante sur la nature et les conséquences des attentes des cliniciens en matière d’évaluation psychologique (voir, par exemple, Arkes, 1981; Blank, 1993; Chapman & Chapman, 1967; 1969; Dawes, 1994; Golding et Rorer, 1972; Salovey et Turk, 1991; Smith, 1988; Snyder, 1981; Snyder et Thomsen, 1988; Starr et Katkin, 1969; Turk et Salovey, 1988). Par exemple, Temerlin (1968) a montré comment les attentes peuvent influencer le comportement en milieu clinique. Avant d’écouter l’enregistrement d’une entrevue anodine avec un homme normal, les psychiatres ont entendu un collègue prestigieux qualifier la personne de malade mental. Même si l’entrevue n’a révélé aucun signe de psychopathologie, 60 % des psychiatres ont jugé l’homme psychotique et les 40 % restants ont diagnostiqué chez lui un trouble névrotique ou de caractère. En l’absence d’une orientation diagnostique, aucun des professionnels de contrôle n’a qualifié le cas de psychotique. Dans une étude connexe, les cliniciens qui s’attendaient à observer un « patient » ont jugé la personne plus perturbée que les cliniciens qui s’attendaient à observer un « demandeur d’emploi » (Langer et Abelson, 1974), sur la base de données par ailleurs identiques.
Ces études ont des implications importantes pour les examinateurs. Les croyances préconçues et les attentes antérieures peuvent façonner le comportement de manière à répondre aux attentes des examinateurs (voir, par exemple, Snyder et Thomsen, 1988). La collecte et l’interprétation des données peuvent toutes deux être influencées par ces idées préconçues. Par exemple, les cliniciens convaincus que l’exposition aux moisissures cause des déficits cognitifs peuvent, par inadvertance ou intentionnellement, communiquer leurs attentes aux patients, renforçant ainsi l’auto-évaluation. Les plaignants, à leur tour, minimisent souvent les données relatives aux autres explications possibles des déficits (p. ex. la consommation déclarée de drogues et d’alcool et les facteurs de stress importants), ce qui accroît l’importance des facteurs de causalité jugés pertinents par les examinateurs et les procureurs. L’hypothèse que les lésions des patients ont été causées par des facteurs identifiés dans les plaintes déposées devant la justice peut devenir une prophétie autoréalisatrice dans laquelle les relations entre la cause supposée et les déficits sont perçues là où elles n’existent pas. (Pour une discussion sur la prophétie autoréalisatrice, voir Rosenthal & Jacobson, 1968).
Finalement, les tactiques de certains experts en faillite intellectuelle dans les cas de moisissure méritent d’être exposées pour ce qu’elles sont. Au lieu d’argumenter à partir des faits et de la raison, ils utilisent des arguments pseudo-scientifiques. Dans un cas, un expert a qualifié les opinions des sceptiques quant aux allégations de neurotoxicité des moisissures de tactiques de l’« industrie du tabac » lorsqu’il ne pouvait réfuter les critiques avec des preuves et de la logique. Il a donc affirmé que les experts de l’accusé savaient en fait que les moisissures sont dommageables, mais n’en parleraient à personne. Certains experts partie prenante dans ces cas utilisent un langage alarmiste qui est plus susceptible de causer de la détresse émotionnelle chez un patient qui prend l’expert au sérieux, bien que les effets réels des moisissures demeurent inconnus.
La promotion sur Internet
De nombreux plaignants effectuent des recherches sur Internet ce qui les expose à des affirmations et à des opinions dont la fiabilité et la validité varient énormément. Au moment d’écrire ces lignes (décembre 2002), une recherche sur Google.com avec l’expression « toxic mold » donne environ 36 000 liens. (NDT 648 000 en 2019) En mars dernier, la liste était complétée avec un lien parrainé par le Personal Injury LawyerShop et intitulé « Découvrez les effets indésirables des moisissures toxiques?! », qui m’a mené au Toxic Mold InfoCenter, un site proposant « des informations sur les moisissures toxiques et l’accès à des avocats spécialisés dans les litiges relatifs aux moisissures ». Au cours du même mois, le site Web du docteur Fungus contenait des nouvelles au sujet d’une personne qui réclamait pour 65 millions de dollars.
Le site « Web Toxic Mold and Tort News Online Safety, Prevention, and Information » déclare : « Le site Web Toxic Mold est un guide complet d’information sur les moisissures, les moisissures toxiques, la sécurité et la prévention. Notre site fournit également d’importantes informations, notamment sur les droits garantis par la loi aux personnes touchées par la moisissure toxique à la maison, au travail ou ailleurs. » Ses paragraphes d’introduction sur les « dangers potentiellement mortels » et les droits garantis par la loi sont suivis de résumés de quatre cas de moisissures dans lesquels le plaignant a gagné plus d’un million de dollars.
La « Mold Source » contenait une liste d’experts médicaux et juridiques accompagnée de la déclaration suivante :
Les professionnels suivants se sont promus en tant qu’experts par leur dévouement, leur engagement et leur très grande préoccupation pour l’humanité. Ce sont les meilleurs que le monde peut offrir à nous, les contaminés par les moisissures. Collectivement, ils maintiennent la majorité des connaissances connues sur les moisissures et les maladies liées aux empoisonnements fongiques. Si la connaissance c’est le pouvoir, alors ma prière en vous fournissant cette liste est de vous donner le « pouvoir » de faire avancer les choses dans votre vie ou dans la vie de vos proches « exposés ».
La liste comprend le Dr William Rae, et plusieurs des principaux promoteurs du diagnostic bidon de « polysensibilité chimique ».
La page d’accueil du Toxic Mold Survivors Information and Support Group indique :
Empoisonné par des moisissures toxiques ?
Stachybotrys, Aspergillus et Penicillium.Les effets néfastes potentiels sur la santé comprennent : Allergies et asthme allergique, rhinite ou sinusite allergique, conjonctivite allergique, cancer, mycotoxicose, aspergillose, pneumopathie d’hypersensibilité, encéphalopathie neurotoxique : maux de tête, problèmes de mémoire et de langage, fatigue, malaise, vertige, étourdissements, dépression, sensation de brûlure à la gorge (laryngite), toux irritante, saignements de nez, tremblements, tachycardie (rythme cardiaque rapide), essoufflement à l’effort, oppression thoracique, respiration bruyante (bronchite et pneumopathie), lésions ciliaires des voies respiratoires (altération de la protection des voies respiratoires), saignements des poumons (hémoptysie), immunotoxicité (incidence accrue des infections), dermotoxicité (dermatite, éruption cutanée), perte de cheveux, entérotoxicité (nausées, vomissements, diarrhée, douleur abdominale de type vésiculaire). Toxiques pour le foie, le cerveau, les reins et le cœur, et en cas d’exposition chronique, les moisissures sont de puissants cancérogènes pour le foie.
La liste des effets néfastes sur la santé se poursuit… alors que les personnes empoisonnées tentent de survivre après avoir été exposées à des moisissures toxiques.
Bien qu’il s’agisse apparemment d’un site Web pour un groupe de soutien, le contentieux semble constituer un intérêt majeur pour ces « survivants ». Par exemple, la page d’accueil fournit dans les liens vers « Contentieux », un article intitulé « Moisissures toxiques : le prochain amiante ? » par Sylvia Hsieh (Lawyers Weekly USA), et les sites Web d’avocats et de témoins experts qui comparaissent dans des litiges en matière de responsabilité délictuelle toxique.
Conclusion
Les avocats spécialisés en responsabilité civile toxique et une poignée d’experts qu’ils privilégient aimeraient vous faire croire que la « moisissure toxique » handicape les gens dans des proportions épidémiques en leur causant des dommages au cerveau. Pour que cela soit exact, il faudrait que la majorité écrasante des médecins, des toxicologues et des professionnels de la santé mentale qui ont étudié cette question se trompent complètement et que les médecins dans la pratique quotidienne aient raté ce diagnostic. S’il y a un problème, je doute qu’il soit répandu. Un expert a estimé qu’il existe près de 100 000 espèces reconnues de champignons (Terr, 2001). Étant donné le nombre d’expositions possible, dans des circonstances environnementales différentes, à des personnes dont la condition mentale et physique est très différente, on peut spéculer et dire n’importe quoi. Mais la spéculation n’est pas une preuve.
Le débat sur la neurotoxicité des moisissures ne porte pas seulement sur les soins de santé et la science — l’accent mis sur l’argent et les contentieux est omniprésent dans les communications des partisans de la toxicité des moisissures. Comme l’a fait remarquer Paul Scroggins, un ingénieur en environnement de l’Environmental Protection Agency des États-Unis, le terme « moisissures toxiques » est un terme qui se vend bien. (Scroggins, 2002) La campagne menée pour convaincre les gens des dangers des « moisissures toxiques » n’est pas seulement un exemple amusant de folie dans la société moderne. Les gens qui contournent les preuves scientifiques et s’engagent dans la diffusion de rhétorique sur les « moisissures toxiques » ne sont pas des forces sans conséquence. S’il s’avère que ces expositions sont inoffensives sur le plan neuropsychologique, les déclarations hystériques et les alarmes non fondées des avocats, des médecins et autres auront néanmoins porté préjudice à de nombreuses victimes. Qui sera responsable de leur douleur, de leur souffrance ou de leur détresse émotionnelle lorsqu’on leur dira qu’ils vont mourir ou qu’ils subiront des lésions cérébrales permanentes ? D’autre part, si nous découvrons des preuves de la causalité des déficits neuropsychologiques dans ce domaine, les résultats devraient être présentés largement dans un style plus utile pour les patients affectés, et non dans une hyperbole sensationnaliste. Les effets de l’inhalation de mycotoxines et de spores de moisissures devraient être étudiés plus en profondeur par le biais d’études scientifiques de haute qualité et bien contrôlées, et non par la spéculation dans des contextes conflictuels.
Lectures complémentaires
- Les risques à la santé associés à la présence de moisissures en milieu intérieur - Document synthèse, Institut national de santé publique du Québec.
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Dernière mise à jour le 7 février 2020.
Source: Quackwatch