Homéopathie : le « principe de similitude »
Ses partisans appellent le principe déterminant de l’homéopathie la « loi des similitudes ». (« guérir le mal par le mal. ») Cela suppose que les substances qui causent des symptômes chez les personnes en bonne santé peuvent soigner les maladies exprimant les mêmes symptômes. Cette idée est une forme de « pensée magique » semblable à l’idée primitive selon laquelle le fait de manger le cœur d’un lion rendra une personne courageuse.
Le fondateur de l’homéopathie, Samuel Hahnemann, MD, aurait fondé sa théorie sur une expérience dans laquelle il avait ingéré de l’écorce de quinquina, dont on utilisait la quinine pour traiter le paludisme. Après l’avoir pris, il a ressenti de la soif, des céphalées pulsatiles et de la fièvre – des symptômes que l’on retrouve dans le paludisme. Il en a déduit que le pouvoir thérapeutique du médicament venait du fait qu’il engendrait des symptômes similaires à la maladie concernée. Accompagné de ses premiers disciples, il a mené des “épreuves” dans lesquelles ils ont administré des herbes, minéraux ainsi que d’autres substances à des personnes en bonne santé, ainsi qu’à eux-mêmes, et ont produit des observations détaillées.
Les symptômes rapportés lors des épreuves ont été rassemblés dans de longs ouvrages de référence appelés Materia Medica, que les partisans considèrent comme un évangile. Cependant, la plupart des essais ont été réalisés il y a entre 100 et 200 ans, alors que la science médicale en était à ses balbutiements. On savait alors très peu de choses sur la santé, les maladies et sur la manière de conduire correctement des expériences sachant différencier un lien de cause à effet de simples coïncidences.
Le fait qu’un symptôme survienne après la prise d’une substance peut avoir plusieurs explications. Au cours d’une journée, la plupart des gens éprouvent des sensations désagréables et des douleurs. Pour déterminer si une substance provoque réellement un symptôme, il serait nécessaire de comparer les personnes qui reçoivent la substance à celles qui reçoivent une substance de contrôle. Pour éviter tout biais, ni les expérimentateurs ni les sujets du test ne doivent savoir qui obtient quoi.
Les ‘‘épreuves’’ qui composent Materia Medica n’ont pas été conduites de cette manière. On y trouve de grandes variations dans les dosages, la fréquence d’administration, la façon dont les données étaient consignées ainsi que sur la durée des études -- et il n’y avait pas de contrôles. Il est donc impossible de savoir s’il existe un lien entre les symptômes rapportés et les substances testées. En outre, de nombreux symptômes peuvent être liés à la suggestibilité des sujets.
« Un dictionnaire de la pratique de Materia Medica », ensemble de trois volumes très répandu, écrit par John Henry Clarke, MD, illustre la folie impliquée dans les ‘‘épreuves’’. Le livre contient environ 2 500 pages décrivant les symptômes qui auraient été signalés après l’administration d’environ 1 200 substances. La plupart des pages descriptives contiennent plus de 100 définitions, ce qui signifie que le nombre total de symptômes dépasse 200 000. Le livre n’indique ni quand ni comment les “épreuves” originales ont été réalisées, ni qui a rapporté la plupart des résultats. Il est donc impossible de déterminer si les études ont été correctement effectuées, qui les a réalisées et si les résultats ont été observés et enregistrés avec la précision nécessaire.
Bon nombre des symptômes énumérés sont étranges. Lac felinum mentionne « ne supporte pas l’odeur de palourdes, qu’elle affectionne habituellement. » Lacrodectus mactans précise « pousse des cris effrayants, s’exclame qu’elle va perdre son souffle et mourir ». Magnésie sulphurica inclut la “stupidité”. Oleum animale comprend « chansons, tintements et bourdonnements dans les oreilles ». Natrum carbonicum stipule « se dépêche de se lever le matin ». Certaines descriptions incluent des symptômes qui se manifestent de façon prédominante sur un côté du corps, tels que « sensation de dégoût au testicule gauche ». Tous sont supposés être utiles pour déterminer si le patient peut “convenir” à un remède particulier.
Même si les rapports de ces épreuves étaient cohérents, il n’y a aucune raison logique pour que les substances susceptibles de provoquer des symptômes guérissent ces symptômes. Il n’existe pas non plus de preuves apportées par des études bien conçues selon lesquelles le « principe de similitude » serait applicable. La vraie façon de tester si quelque chose fonctionne est de vérifier si cela aide les personnes malades. Cela nécessite des essais cliniques dans lesquels les personnes qui obtiennent la substance à tester sont comparées à celles qui ne la reçoivent pas. Aucun produit homéopathique n’a jamais prouvé son efficacité et la grande majorité des produits n’a même jamais été testée cliniquement.
Voir aussi:
Dernière mise à jour le 31 mai 2019.
Source: Quackwatch