Quelques notes sur Wilhelm Reich
Le Dr Wilhelm Reich (1897-1957), qui affirmait avoir découvert « l’énergie de l’orgone », la force la plus puissante de l’univers, en a abondamment décrit les manifestations. Toutefois, que ce soit dans les données de Reich ou ailleurs, les physiciens n’ont jamais pu trouver la moindre preuve qu’une telle substance existe.
Reich naît en Autriche et obtient son diplôme de médecin en 1922, puis étudie la neurologie et la psychiatrie. Cette même année, il devient le premier assistant clinique du dispensaire psychanalytique de Sigmund Freud dont il sera, en 1928, le premier directeur. En 1930, il s’installe à Berlin pour participer à la mise en place d’un programme d’éducation sexuelle destiné à la jeunesse. Au début de sa carrière de psychanalyste, Reich réalise des observations importantes sur la nature du caractère humain, et sur la manière d’agir sur sa structure lors de la thérapie. Mais au fil du temps, il devient de plus en plus paranoïaque et préoccupé par des théories étranges [1].
À la fin des années 1930, Reich quitte l’Allemagne pour échapper aux nazis [2]. En 1940, après un court séjour en Scandinavie, il fonde l’Orgone Institute Research Laboratories à Oregon, dans le Maine, où il conçoit puis se met à construire des « accumulateurs d’orgone ». La plupart d’entre eux sont de simples boîtes de la taille d’une cabine téléphonique, faites d’un assemblage de bois, de métal et de panneaux isolants [3]. Mais Reich affirme alors que la maladie peut être traitée en restant assis à l’intérieur, et en absorbant « l’énergie de l’orgone » prétendument piégée par l’installation. Des centaines de ses produits ont été vendues ou louées à des praticiens ou non, dans le but de traiter toutes sortes de maladies, y compris des cancers. La location revenait à environ 250 $ par mois. En 1954, la FDA intente une action en justice en vue d’obtenir une injonction pour mettre fin à l’escroquerie. Reich informe alors le tribunal que ni ce dernier ni la FDA ne sont en mesure de comprendre la science de l’orgone, et qu’il ne présentera donc aucune défense. Une injonction a alors été rendue sur la base des preuves apportées par le gouvernement. Comme Reich persistait dans la promotion de ses appareils à but curatif, il a été poursuivi pour outrage à la cour. Reconnu coupable, il est envoyé dans une prison fédérale où il meurt en 1957 [4].
William Reich, l’homme qui rêvait de demain, le livre écrit par deux de ses défenseurs avec l’accord de sa fille, Éva, raconte qu’entre 1940 et 1950, Reich était convaincu de l’existence d’une énergie biophysique subtile, qui imprégnerait tous les êtres vivants, et que :
L’orgone n’a pas de masse, imprègne l’espace entier dans des concentrations variables, est responsable de toute forme de vie, entre dans le corps par la respiration, est présente dans toutes les cellules… est particulièrement attirée par l’eau et forme des unités, à la fois vivantes… et non vivantes… [qui] tirent leur énergie de leur environnement…
En s’appuyant sur son travail avec les malades chroniques, notamment des patients atteints de cancers, Reich souligne que des déséquilibres du système énergétique de l’orgone sont probablement la meilleure explication aux maladies.
Reich a découvert le moyen de récupérer l’orgone de l’atmosphère… il en est arrivé au fait qu’il pouvait « produire » ou accumuler cette nouvelle énergie grâce à une boîte aux parois doublées de métal…
La boîte sert principalement à obtenir de l’orgone supplémentaire qui, selon Reich, possède des pouvoirs thérapeutiques [5].
Dès le début de ses difficultés avec le gouvernement des États-Unis, Reich s’est posé en martyr et a tenté de faire de son cas une cause célèbre. Ses partisans poursuivent cette ligne. La destruction (sur ordre du tribunal) des étiquetages saisis, présents sur les accumulateurs, a été qualifiée d’« autodafé ». En réalité, les seules publications détruites par le gouvernement américain sont celles qui accompagnaient les dispositifs commercialisés illégalement et saisis [4].
Les concepts de Reich relatifs à « l’énergie de l’orgone » persistent. L’American College of Orgonomy (ACO) et le Journal of Orgonomy, fondés à la fin des années 1960 par des disciples, sont toujours actifs. Il y a encore quelques sociétés à travers le monde qui commercialisent des accumulateurs d’orgone, des couvertures et vêtements, et un «pulsateur» d’orgone censé « maintenir l’énergie de la pièce à des niveaux appropriés et transformer toute l’énergie vitale négative en énergie vitale positive sans surcharger ou affaiblir votre lieu de vie » [6]. L’ACO, situé à Princeton, dans le New Jersey, propose des formations, tient toujours une conférence annuelle et commercialise du matériel éducatif. L’American Board of Medical Orgonomy, créé par l’ACO en 1973, permet la «certification» des médecins qui ont « suivi au moins pendant trois ans les cours et séminaires d’orgonomie médicale, une restructuration caractérologique auprès d’un orgonomiste médical agréé et passé avec succès les examens oraux. » [7]
De nombreux sites Web décrivent Reich comme un héros incompris et persécuté. Les sites les plus complets sont le Laboratoire de Recherche Biophysique sur les Orgones (OBRL) et le Public Orgonomic Research Exchange (P.O.R.E). OBRL, désormais situé à Ashland dans l’Orégon, est dirigé par James DeMeo, Ph.D., qui a commencé à s’intéresser aux travaux de Reich en 1970 et a fondé OBRL en 1978. On pouvait trouver sur le site de P.O.R.E les archives des documents relatifs aux poursuites judiciaires de la FDA de 1954 à 1957 (toujours visibles sur les archives du web).
Références
- Morrock R. Pseudo-psychotherapy : UFOs, cloudbusters, conspiracies, and paranoia in Reich's psychotherapy. Skeptic 2(3) :93-95, 1994. ↑
- J. Gordon Melton. Encyclopedia of Occultism & Parapsychology, 4th Edition. Farmington Hills, MI : Gale Group, 2001, pp 1297-1298 ↑
- Plans de l’accumulateur, site web de P.O.R.E, 23 juin 2019. ↑
- Janssen WF. The Gadgeteers. In Barrett S, Jarvis WT, editors. The Health Robbers : A Close Look at Quackery in America. Amherst, NY : Prometheus, 1993, pp 321-335. ↑
- Mann WE, Hoffman E. William Reich, The Man Who Dreamed of Tomorrow. Wellingborough, England : Thorsons Publishing Group, 1990 ↑
- P.O.R.E. online catalog, 15 février 2002. ↑
- The College. ACR site Web, 15 février 2002. ↑
Cet article a été publié le 15 février 2002.
Dernière mise à jour le 6 mars 2021.
Source: Quackwatch