Détecteur de cancer LEC-03C
Le détecteur de cancer LEC-03C est censé mesurer la vitesse à laquelle les cellules cancéreuses se reproduisent. Il est promu par le laboratoire de recherche électronique Leszlauer, une société basée à Budapest, en Hongrie. Le dispositif a été développé par Zoltán Leszlauer, qui affirme qu’il :
- Peut être utilisé en laryngologie, otologie, rhinologie, chirurgie dentaire, dermatologie, urologie ou gastroentérologie
- Peut diagnostiquer des tumeurs malignes de tout type dans les 5 à 10 secondes
- Peut déterminer l'emplacement exact et l'étendue des tumeurs malignes
- Peut surveiller l'efficacité du traitement
- A une précision proche des 100 %
- Est breveté dans 20 pays
- A été approuvé par l'Institut national de génie hospitalier et médical (ORKI) à Budapest et par le Physikalisch-Technische Prufanstaldt fur Radiologie und Elektromedizin à Vienne, en Autriche.
Analyse des allégations
Certaines propriétés électriques des cellules tumorales diffèrent de celles des tissus normaux qui les entourent. Les cellules tumorales présentent une plus grande permittivité (capacité à résister à la formation d'un champ électrique) et une meilleure conductivité du courant électrique. On pense que ces résultats sont dus au fait que (a) les cellules cancéreuses ont tendance à avoir une teneur en sodium et en eau plus élevée que les cellules normales et que (b) leurs membranes cellulaires ont des propriétés électrochimiques différentes.
Le courant électrique circulant dans les tissus biologiques rencontre une résistance (impédance) mesurable. Plus la concentration est élevée en ions sodium, potassium et autres, plus la résistance est faible. Les chercheurs pensent que l’imagerie par résonance magnétique (IRM) pourrait être utilisée pour détecter de telles différences. Des expériences en laboratoire ont montré que les mesures d'impédance différaient entre les tumeurs et les tissus normaux.1 Une étude, par exemple, a trouvé des différences entre des échantillons de cancer du sein prélevés par chirurgie et les tissus normaux environnants.2 Les auteurs ont conclu que ces résultats pourraient conduire à la mise au point d'une technique non invasive de détection précoce du cancer du sein. Cependant, il est évident que les échantillons chirurgicaux diffèrent de tissus similaires chez des patientes vivantes, car la température et le débit sanguin modifient l'impédance. Avant de conclure que les mesures d'impédance sont utiles pour détecter le cancer du sein, des études sur des volontaires humaines devraient démontrer leur fiabilité.
De plus, des expériences de simulation préliminaires (pas avec des patientes réelles) ont montré que la tomographie par impédance électrique (TIE) pourrait être utile pour détecter le cancer du sein. Cette technique, qui implique plusieurs mesures qui « cartographient » les valeurs mesurées, recherche les différences d'impédance cutanée pouvant indiquer une tumeur dans le tissu mammaire sous-jacent.3 Le Détecteur de cancer LEC-03C est un appareil placé à l'extrémité d'un tube souple. Il n'utilise pas la tomographie mais repose sur des capteurs qui, selon Leszlauer, sont « placés sur la membrane muqueuse ou sur la plaie ouverte ». Il déclare cependant que « le pus, les produits chimiques, la croûte et la couche kératoïde » doivent être enlevés avant que l’examen ne soit réalisé.
Aucun dispositif de dépistage n'est utile s’il ne produit pas des résultats précis et cohérents. Lorsque j'ai demandé à Leszlauer de faire référence à des essais contrôlés indépendants de son matériel, il m'a répondu qu'aucun essai clinique (ou autre expérience) n'a été publié ou n'est en cours. Cependant, il a déclaré : « Nous faisons des expériences avec l'équipement depuis 10 ans et nous sommes maintenant certains que cela fonctionne bien ».4
En définitive
Les tests de laboratoire peuvent trouver des différences lorsque le carcinome du sein et du côlon5, le carcinome basocellulaire6, le cancer de la prostate7 et des affections précancéreuses telles que l’œsophage de Barrett8 sont comparés aux tissus normaux en laboratoire. Une application pratique semble toutefois improbable. La détection chez l'être humain nécessiterait un ajustement tenant compte des différences de température, des modifications du débit sanguin local et d'autres facteurs. En outre, des expériences ont montré que les polypes nasaux9 et les lésions tissulaires altéraient la teneur en sodium et l'impédance des cellules, ce qui pourrait affecter de manière significative l'exactitude du dépistage par impédance. Même si ces problèmes pouvaient être surmontés, un diagnostic tissulaire serait toujours nécessaire pour déterminer le traitement approprié. Et puisque le détecteur de cancer LEC-03C implique de faire pression sur les zones suspectes de cancer, son utilisation pourrait augmenter la propagation des cellules cancéreuses.
Références:
- Blad B, Baldetorp B. Impedance spectra of tumour tissue in comparison with normal tissue: A possible clinical application for electrical impedance tomography. Physiological Measurement 17 Suppl 4A:A105-115, 1996.
- Chauveau N and others. Ex vivo discrimination between normal and pathological tissues in human breast surgical biopsies using bioimpedance spectroscopy. Annals of the New York Academy of Sciences 873:42-50, 1999.
- Radai MM, Abboud S, Rosenfeld M. Evaluation of impedance technique for detecting breast carcinoma using a 2-D numerical model of the torso. Annals of the New York Academy of Sciences 873:360-369, 1999.
- Leszlauer Z. E-mail message to Christopher U. Lehmann, M.D., November 1, 1999.
- Soler AP and others. Increased tight junctional permeability is associated with the development of colon cancer. Carcinogenesis 20:1425-1431, 1999
- Emtestam L and others. Electrical impedance of nodular basal cell carcinoma: A pilot study. Dermatology 197:313-316, 1998.
- Lee BR and others. Bioimpedance: novel use of a minimally invasive technique for cancer localization in the intact prostate. Prostate 39:213-218, 1999.
- Gonzalez-Correa CA and others. Virtual biopsies in Barrett's esophagus using an impedance probe. Annals of the New York Academy of Sciences 873:313-321, 1999.
- Bernstein JM and others. Nasal polyposis: immunohistochemistry and bioelectrical findings (a hypothesis for the development of nasal polyps). Journal of Allergy and Clinical Immunology 99:165-175, 1997.
Le Dr Lehman, un néonatologue, est professeur assistant au Département de Pédiatrie du Johns Hopkins University Medical Center.
Cet article a été publié le 12 décembre 1999.
Traduction en français le 6 mars 2019 par le Dr Jacek Sierakowski.
Dernière mise à jour le 9 juin 2019.
Source: Quackwatch