LES SCEPTIQUES DU QUÉBEC

Dictionnaire

Appel à l’autorité

L'appel à l'autorité est un sophisme lorsque l'autorité mentionnée n'en est pas vraiment une. Par exemple, faire appel à Einstein pour appuyer un argument en matière religieuse serait un appel injustifié à l'autorité. Einstein était un expert en physique et pas en religion. Néanmoins, même s'il avait été rabbin, un appel au rabbin Einstein comme preuve de l'existence de Dieu serait toujours un appel injustifié à l'autorité parce que la religion est, par nature, un domaine controversé. Non seulement les experts sont en désaccord sur des points fondamentaux de la religion, mais beaucoup de gens pensent que la religion elle-même est fausse. L'appel à des non-experts comme s'ils en étaient, ou l'appel à des experts dans des domaines controversés en soutien d'une croyance, sont également injustifiés pour établir la véracité de cette croyance.

L'appel injustifié à l'autorité est un type de sophisme génétique, qui tente de juger d'une croyance en arguant de son origine plutôt que par une évaluation du pour et du contre. Si la croyance provient d'une personne faisant autorité, alors la croyance est supposée vraie. Néanmoins, même les personnes faisant autorité peuvent avoir des croyances erronées.

Les appels à l'autorité ne deviennent pas justifiés lorsque l'on cite plusieurs experts qui pensent que quelque chose est vrai. Si les autorités sont hors de leur domaine de compétence ou si le sujet est controversé, faire une longue liste de partisans ne rendra pas l'appel plus justifié. Pour tout sujet controversé, il est probable que l'on pourra trouver des experts tout aussi compétents de chaque côté de la barrière. Si une affirmation controversée pouvait être décrétée vraie parce que des experts la soutiennent, alors les croyances contraires seraient vraies, ce qui est absurde. La véracité ou fausseté, la vraisemblance ou l'invraisemblance, d'une croyance doit être indépendante de ceux qui l'acceptent ou la rejettent.

Enfin, il faut noter qu'il n'est pas injustifié de citer une autorité pour appuyer une affirmation dans un domaine où l'on est pas compétent pour juger. Néanmoins, dans ce cas, l'autorité doit être dans son propre domaine de compétence et l'affirmation ne doit pas être considérée comme controversée par les autres experts du domaine. Dans un domaine comme la physique, il est raisonnable de croire une affirmation de physique faite par un physicien et que la plupart des physiciens considèrent comme vraie. On peut supposer qu'ils y croient pour des raisons valides. Ces croyances peuvent se révéler fausses, bien sûr, mais il est clair qu'aucune affirmation n'est vraie sous prétexte que des gens y croient.

 

Observer le monde avec scepticisme, par Raymond Chevalier
(Extrait du Québec Sceptique no 25, page 20, printemps 1993.)

 

Puisque les gens ont une tendance à croire les autorités (et qu'il y a en fait de bonnes raisons de croire certaines assertions d'autorités) cette erreur est assez commune...

Puisque ce raisonnement n'est fallacieux que lorsque la personne n'est pas une autorité légitime dans un contexte particulier, il est nécessaire de donner quelques standards d'évaluation. Les standards suivants sont largement acceptés:

  1. La personne a une expertise suffisante sur la question.
  2. L'assertion faite par cette personne se trouve dans le(s) domaine de compétence.
  3. Il y a un consensus correct parmi les autres experts du sujet en question.
  4. La personne en question n'a pas de parti-pris significatif.
  5. Le domaine d'expertise est reconnu: le dogme d'une religion n'est pas un domaine d'expertise.
  6. L'autorité doit être identifiée, sinon il s'agit d'une rumeur.
  7. L'autorité ne plaisantait pas, n'était pas ivre, etc.
     
(Source: sophismes.free.fr)  

 

L'appel à l'autorité.

Dernière mise à jour le 23 août 2019.

Source: Skeptic's Dictionary