LES SCEPTIQUES DU QUÉBEC

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Göbekli Tepe

La colline et son ventre, la colline ventrue, en turc.

Site archéologique situé à 10 kms d'Urfa, cité antique du sud-est de la Turquie. Certains habitants affirment qu'Urfa a vu naître certaines figures bibliques comme Abraham et Job.

Klaus Schmidt et son équipe ont dégagé de nombreuses pierres taillées à Göbekli Tepe. Schmidt leur donne l'âge de 11000 ans. Il date le site en fonction de comparaisons entre des outils de pierre trouvés sur place avec d'autres objets découverts sur des sites peu éloignés, datés au carbone 14 à 9000 BC. Il a aussi effectué « quelques » datations dont il dit qu'elles confirment son estimation.

Les blocs de Göbekli Tepe sont intéressants du fait de leur ensevelissement apparemment volontaire vers 8200 BC. De fait, les pierres levées furent régulièrement enterrées, et d'autres construites par-dessus, ou juste à côté.

Göbekli Tepe

On ignore qui a construit ces cercles de pierre et dans quel but. Certains affirment que des E.T. ont extrait, déplacé et taillé les pierres. On nous dit que ce travail fut effectué grâce à une « technologie oubliée ou non encore connue de nous ».

Certains archéologues estampillent le site comme « temple » ou « site religieux ». Les constructions se trouvent probablement sur un genre de lieu à « superstitions » ; mais puisqu'aucune langue n'est associée à ce peuple inconnu, ni aucune documentation, il semble très spéculatif d'y associer dieux et autres entités surnaturelles. Plusieurs auteurs associent les monolithes à des « piliers », comme s'ils savaient qu'il y avait quelque chose à soutenir. L'un d'entre eux assimile même les formes en « T » à des figures humaines. Les aliens n'avaient peut-être ni jambes ni têtes... Peut-être ont-ils apporté les scorpions et les araignées d'un autre monde.. ? Ce qui expliquerait les représentations de ces créatures sur les pierres, sculptées par ces êtres intelligents venus d'ailleurs.

Elif Batuman, auteur d'un article sur Göbekli Tepe pour « The New-Yorker », relaie cette étrange logique :

Le site n'a livré aucune trace d'habitation : pas de déchets, de source d'eau, maisons, foyers, toitures plantes cultivées ou restes d'animaux. Il s'agit donc d'un site construit par des chasseurs-cueilleurs, qui l'utilisaient en tant que sanctuaire religieux.

Göbekli Tepe

Schmidt avance qu'il s'agit d'un site religieux. Mais je ne vois pas, à la lumière des contre-arguments de Batuman, cette réalité-là, même si les deux identifient les colonnes monolithiques à un « temple ».

En parlant de temple, et en proposant que les colonnes avaient une fonction religieuse, Batuman peut affirmer, en se démarquant des fantaisistes qui défendent la thèse E.T. :

Les découvertes sur le site de Göbekli Tepe nous suggèrent un scénario inversé : ce fut en fait l'obligation de construire un site sacré qui força les chasseurs-cueilleurs à s'organiser, à sédentariser leurs efforts, à s'assurer des sources stables de nourriture, et finalement à inventer l'agriculture.

Dans ce sens va l'article de Charles C. Mann dans «  National Geographic »  sur Göbekli Tepe : «  La naissance d'une religion ». Un étudiant doctorant qui a fait visiter le site à Batuman l'a convaincu que les colonnes sont « presque certainement des images humanoïdes, avec de longs et minces corps, et des têtes allongées. » On verrait dans plusieurs pierres des pénis en érection. Quoi qu'il en soit, tout cela nous en dit plus sur ces spéculateurs modernes que sur le peuple antique qui a ainsi disposé ces monuments.

Ce que Schmidt a trouvé est une formation de pierres levées en disposition circulaire. Quand il dit « c'est un lieu de culte », il ne fait que spéculer. On observe quatre cercles de piliers partiellement dégagés, au flan d'une colline ; (il y aurait jusqu'à 16 cercles de plus enterrés à proximité, ce qui mène à la question : pourquoi quiconque érigerait 20 temples côte à côte ?). On voit deux grandes pierres en forme de « T » au milieu, encerclées par des blocs légèrement plus petits faisant face au centre. Les plus grands piliers mesurent un peu plus de cinq mètres et selon Schmidt pèsent entre 7 et 10 tonnes. Certains ne portent aucune inscription, d'autres sont ornés de représentations sculptées de renards, lions, araignées, scorpions, serpents et vautours. Contrairement aux peintures des grottes plus anciennes du Néolithique, ces animaux ne sont pas des proies de chasse. De nombreuses traces montrent que l'on découpait et cuisinait de la viande sur le site. Joris Peters, archéo-zoologue de l'université Ludwig Maximilian à Munich est un spécialiste de l'étude des restes d'animaux. Il a examiné plus de 100 000 fragments d'os de Göbekli Tepe. Aucun ne provenait d'animaux domestiques. La plupart étaient des restes de gazelle, mais on trouve aussi : sanglier, mouton, cervidés, vautours, grues, canards et oies.

Göbekli Tepe

Schmidt est convaincu qu'il s'agit d'un lieu saint. Il s'agissait certainement d'un endroit « spécial ». Beaucoup de temps, d'énergie, de planification et d'habileté y ont été consacrés, mais je pense qu'il est un peu tôt pour parler de temple, de juxtaposition de temples, d'observatoire, de restaurant, de boucherie, de Jardin d'Eden, de relais de chasse, de tribut en pierre à l'Arche de Noé, ou de base d'extra-terrestres.

Göbekli Tepe

Les spéculations de Schmidt sont sans fin. Il pense que ces gens de l'Âge de pierre consommaient peut-être de la bière et des drogues. Il pense que le site fut abandonné car ces gens « n'en avaient plus besoin. Ils sont devenus fermiers et ont d'autres façons d'exprimer leurs croyances religieuses. » Bien sûr, et peut-être que les E.T. avaient un penchant pour les pénis et les sales bêtes.

 

Note des traducteurs: A noter que, contrairement à ce que l'article source pourrait laisser supposer, Klaus Schmidt qui a dirigé les fouilles de Göbekli Tepe jusqu'à son décès en 2014 ne fait pas partie des illuminés qui voient dans le site l'oeuvre des E.T. ou d'une mystérieuse civilisation supérieure ; il s'agissait d'un archéologue professionnel respecté, Docteur de l'Université d'Heidelberg et membre de l’Institut Archéologique Allemand (DAI). La question de la fonction religieuse du site fait certes débat (voir par exemple la position de l'archéologue Ted Banning qui réfute l'absence d'occupation domestique des "temples"), mais elle est encore loin d'être tranchée et est sans doute à replacer dans un contexte plus global de distinction ethnocentrique entre espaces sacrés et espaces profanes au Néolithique.

 

Voir aussi: Le premier temple - Göbekli Tepe, par Klaus Schmidt (CNRS Editions).
 

Le premier temple - Göbekli Tepe

Dernière mise à jour le 23 août 2019.

Source: Skeptic's Dictionary