LES SCEPTIQUES DU QUÉBEC

Dictionnaire

Crâniométrie

(ou craniologie)

Craniométer

Classement des êtres humains selon la race, le tempérament criminel, l’intelligence, etc., à partir de mesures crâniennes. L’hypothèse qui sous-tend la crâniométrie veut que la taille et la forme du crâne déterminent la taille du cerveau, qui détermine à son tour des caractéristiques comme l’intelligence et le comportement moral. Les preuves empiriques à ce sujet sont fort peu concluantes, ce qui n’a pas empêché de nombreuses petites têtes de se proclamer membres d’une race supérieure ou d’un sexe supérieur parce que les dimensions du crâne de leur groupe sont plus importantes, en moyenne, que celles des autres groupes. À titre de membres d’une race supérieure ou d’un sexe supérieur, ces petites têtes raisonnent qu’elles-mêmes doivent dominer l’ensemble des membres des groupes inférieurs. Dans le domaine de la logique, croire ainsi que ce qui vaut pour l’ensemble doit également valoir pour les parties de l’ensemble se nomme sophisme de la division.

Au XIXe siècle, les Britanniques ont eu recours à la crâniométrie pour justifier leurs politiques racistes envers les Irlandais et les Africains de race noire, considérés comme des races inférieures. On disait que les crânes irlandais avaient la même forme que ceux des hommes de Cro-magnon, qui rappelaient ceux des singes, preuve de leur infériorité, tout comme de celle des Noirs d’Afrique. En France, Paul Broca, «démontra» l’infériorité des femmes par rapport aux hommes de par la plus petite taille de leurs crânes. Il insistait même sur l’inutilité de l’enseignement supérieur pour les femmes: leurs petits cerveaux ne seraient jamais à la hauteur.* 

Au cours du XXe siècle, les nazis ont employé la crâniométrie et l’anthropométrie pour distinguer les Aryens des non-Aryens. Ces mêmes pseudosciences ont servi aux Belges, entre autres choses, pour distinguer les Hutus des Tutsis au Rwanda.

«Dans les années 1930, les Belges ont exigé que tous les Noirs du Rwanda aient sur eux une carte les identifiant comme Hutus ou Tutsis, ce qui a grandement accru les distinctions ethniques qui existaient déjà.» (Diamond 2005, page 314).

«Les anthropologues judiciaires croient qu’à l’aide de quelque 90 mesures prises sur un crâne, ils peuvent déterminer le continent d’origine de son possesseur – autrement dit, sa race, quoique beaucoup d’anthropologues préfèrent ne pas employer ce terme – avec 80% d’exactitude.» (Wade 2002).


 
Voir également: AnthropométriePhrénologie et Q.I. et race.

 

Autres lectures :
 

 

 

Dernière mise à jour le 23 août 2019.

Source: Skeptic's Dictionary