LES SCEPTIQUES DU QUÉBEC

Dictionnaire

La maquette qui servit à réaliser les célébres photos d'Adamski.

Depuis le jour où les photos de la "soucoupe vénusienne" d'Adamski furent largement diffusées de par le monde, un bon nombre de personnes ont prétendu qu'elles avaient été truquées au moyen d'une maquette. Mais bien peu nombreux furent ceux qui s'aventurèrent à dire avec précision quel était l'objet dont Adamski s'était servi. On en cita néanmoins quelques-uns, mais sans les montrer : un couvercle d'aspirateur balai des années trente, une mangeoire à poule, un plafonnier... Un auteur qui s'était risqué à identifier l'objet à un réfrigérateur de bouteilles attira sur lui le ridicule car c'était l'inverse qui s'était produit : le réfrigérateur avait été copié sur les photos d'Adamski par un soucoupiste enthousiaste.

J'ai longtemps pensé qu'Adamski s'était servi d'un objet relativement usuel et je l'ai donc traqué en cherchant du côté des objets dont on pouvait se servir dans les années 1930 à 1950. L'apparence même de la "soucoupe vénusienne" me faisait en effet songer au design des appareils ménagers ou même de certaines pièces de voitures de ces années-là. Mes recherches en la matière, menées plutôt en fonction des hasards de la vie que d'une manière méthodique, ne donnèrent, je dois l'avouer, aucun résultat valable.

J'avais cependant découvert, dans les archives du groupe ufologique BUFOI une coupure de presse signalant qu'un journaliste avait identifié l'objet à un réverbère à gaz allemand dont la photo était publiée. La ressemblance était certes frappante ; mais il y avait cependant trop de dissemblances pour que cet objet fut réellement celui dont s'était servi Adamski. Les hublots, par exemple, étaient rectangulaires et non ronds. Sans doute aurais-je trouvé la réponse si j'avais eu la bonne idée de creuser davantage cette piste et si j'en avais eu, à l'époque, les moyens informatiques ou autres.

Le problème posé par les photos d'Adamski a été depuis repris à zéro par un sceptique américain, Joël Carpenter, qui s'est déjà signalé à l'attention des spécialistes en identifiant quelques objets qui servirent à truquer des photos d'ovnis. Ce chercheur a considéré lui aussi que l'objet avait un design rappelant de nombreux objets usuels fabriqués dans les années 30. Il a alors porté sa réflexion sur ce à quoi pouvait bien servir une coupole ainsi percée de trous. Songeant qu'il pouvait s'agir d'une sorte d'abat-jour de lampe, il finit par imaginer que ces trous servaient en fait à évacuer de la chaleur.

Mais quelle lampe pouvait donc produire tant de chaleur qu'il fallait ainsi l'évacuer ? Carpenter songea aussitôt aux lampes ou "lanternes" dites "à pression" qui fonctionnent grâce à une flamme entretenue par un carburant. De telles lampes furent fabriquées dans divers pays par des constructeurs différents qui eux-mêmes conçurent de nombreux modèles au fil des ans. Carpenter décida de commencer par chercher des lampes fabriquées aux Etats-Unis pour un usage domestique. Quelques grandes marques s'imposaient à lui, comme par exemple Sears ou Coleman. Sur internet, Carpenter découvrit à ce sujet des sites réalisés par des collectionneurs passionnés. Ainsi passa-t-il en revue de nombreuses lampes à pression qui présentaient bien souvent une partie supérieure dont la forme rappelait une soucoupe volante classique, voire même la soucoupe vénusienne. Faisant suite à une sorte de tradition, toutes ces lampes rappelaient un peu les lanternes qui ornèrent jadis les premières automobiles et dont voici quelques exemples :

Carpenter put constater que la plupart du temps, la partie des lampes qui permettait le dégagement de la chaleur comportait soit une grille soit de larges trous plus ou moins rectangulaires. Mais, un moment donné, il tomba sur une lampe dont cette partie était percée de trous ronds et qui rappelait étrangement la soucoupe vénusienne. Grâce à internet toujours, ce chercheur, mué dès lors en détective, put acquérir un exemplaire d'une de ces lampes qui était munie, à sa partie supérieure, d'une anse pour faciliter le transport. Carpenter ôta cette anse et libéra ainsi la partie supérieure de la lampe...

Il obtint ainsi une sorte de maquette de "soucoupe vénusienne" à laquelle il ne manquait que la coupole supérieure et, bien sûr, toute la partie conique inférieure avec ses trois "sphères d'atterrissage". Carpenter compara alors plus précisément "sa" maquette à une des photos d'Adamski en cherchant à positionner les deux objets sous le même angle. Et voici ce qu'il obtint...

Alors survint la chose la plus extraordinaire qui soit : en plein centre de la maquette apparut un des deux trous nécessaires au système de fixation de cette partie supérieure de la lampe et ce trou coïncidait rigoureusement avec ce qui paraissait être de prime abord un reflet lumineux sur la "jupe" de la soucoupe vénusienne ! Le doute n'était plus permis : c'était bien ce type d'objet qui avait servi à la réalisation des trucages de la célèbre soucoupe vénusienne d'Adamski.

En y regardant de plus près, Joël Carpenter découvrit néanmoins de légères différences entre "sa" maquette et ce qui pouvait désormais être appelé "la maquette d'Adamski". Par exemple, les trous ronds de l'une étaient situés légèrement plus bas que ceux de l'autre. De même, le diamètre et l'espacement de ces trous variaient légèrement de l'une à l'autre. En interrogeant les collectionneurs de ce type de lampes, Carpenter apprit qu'à l'époque de leur apparition sur le marché, ces objets n'étaient pas manufacturés par des machines aussi précises qu'aujourd'hui et que les spécifications de construction, d'une série à l'autre, pouvaient légèrement différer. Deux lampes d'un même modèle pouvaient donc très bien présenter de légères différences selon qu'elles avaient été fabriquées à une date plutôt qu'une autre ou dans un atelier plutôt qu'un autre.

A ce stade de sa recherche, il restait pour Carpenter à identifier les autres parties manquantes de l'objet. Il chercha, mais en vain. Au terme d'une étude informatique modelisée en 3D, il finit par conclure que l'objet avait dû se composer d'une série de pièces assemblées autour d'une tige et qu'elles avaient été fixées aux deux extrémités par des boulons. Comme ceci :

Plutôt que de continuer à chercher en vain les autres composants de la maquette d'Adamski, Carpenter les fit fabriquer puis les assembla. Et voici ce qu'il obtint, après avoir repeint l'ensemble puisque sa maquette originelle était de couleur sombre et qu'elle réfléchissait peu la lumière...

Bien sûr, de légères différences existent encore ; mais elles sont dues uniquement à ce qui a été dit plus haut et au fait que les pièces que fit fabriquer Joël Carpenter n'étaient pas exactement semblables, en forme et dimensions, avec l'original. D'autres recherches futures, ou d'autres chercheurs sceptiques, même, apporteront sans doute toutes les précisions et éclaircissements encore nécessaires pour finaliser les détails de la remarquable découverte de Joël Carpenter qui pourrait rester, dans l'histoire de l'ufologie, comme un des premiers qui identifia précisément la maquette -ou du moins une partie de la maquette- dont se servit Adamski.

"Un des premiers", dis-je, car il ne fut probablement pas le premier. En effet, je dois à l'obligeance d'un correspondant canadien, M. François Beaulieu, de précieuses informations complémentaires à ce sujet. M. Beaulieu a en effet retrouvé, sur un forum ufologique, une discussion au cours de laquelle, le 19 avril 2010, un chercheur sceptique se dissimulant derrière le pseudonyme de Strato, démontra qu'il avait suivi la même piste. J'en reproduis ci-dessous la preuve tirée de ce forum situé à l'adresse suivante : 

http://nousnesommespasseuls.xooit.com/t12727-Adamski-is-back.htm?start=20

A ma demande, M. Beaulieu a contacté Strato qui lui a dit ne pas souhaiter abandonner son anonymat pour revendiquer l'antériorité de la découverte. Son intervention a-t-elle pu influencer Joël Carpenter ou les deux chercheurs sont-ils arrivés indépendamment aux mêmes résultats ? C'est ce qu'il ne m'appartient pas de trancher ici.

J'ajoute encore que Strato a fourni à François Beaulieu quelques idées sur ce qu'auraient pu être les autres pièces utilisées pour réaliser la maquette complète. Mais ce ne sont, pour l'instant, que des idées qui ne semblent pas encore avoir donné de résultats concrets.

Adamski était un fin bricoleur ; mais il n'avait ni les moyens financiers, ni le matériel, pour réaliser un ensemble complexe tel que l'a envisagé Joël Carpenter. Je suis donc convaincu qu'il a pu trouver, ici et là, dans divers objets relativement courants, de quoi achever sa maquette sans trop se donner de mal.

D'aucuns pourraient se demander comment on a pu passer si longtemps à côté de la solution qui paraît aujourd'hui si simple. Simple, elle ne l'est qu'en apparence ; car le génie d'Adamski aura été de dérouter les esprits en réunissant dans un même ensemble -apparemment cohérent- une série de pièces disparates appartenant à des objets très différents les uns des autres et sans doute voués à des usages très diversifiés. C'est, une fois encore, une sorte de procédé d'illusionniste, semblable à d'autres qu'Adamski utilisa pour tromper et dont j'ai parlé dans mon livre "Le Cas Adamski" paru en 2010 à Paris aux éditions l'Oeil du Sphinx.

Dans ce livre, j'expliquais quelles devaient être les caractéristiques de la maquette probablement utilisée par Adamski pour réaliser le film Rodeffer. En page 176 je précisais qu'elle devait probablement être constituée de pièces maintenues en leur centre par une longue tige boulonnée à ses deux extrémités. C'est exactement à la même conclusion qu'est arrivé Joël Carpenter et ce n'est évidemment pas un hasard...

Bien sûr, ceux qui ne voudront toujours pas admettre qu'ils ont été mystifiés de bout en bout par le prétendu contacté, continueront à affirmer que ses photos et ses films n'ont pas été truqués. Avant même qu'ils le disent, je peux déjà deviner qu'il y en a parmi eux qui soutiendront que la lampe à pression Sears dont question ici avait été créée par quelqu'un qui avait forcément vu une soucoupe vénusienne et avait tenté de la reproduire, ce qui expliquerait la ressemblance. Chacun sait que les fanatiques de tous genres peuvent toujours retomber sur leurs pattes en expliquant tout n'importe comment. Le problème, pour eux, c'est que seuls d'autres fanatiques peuvent les suivre dans leurs explications et délires divers.

Il importe donc, dorénavant, à chacun de juger sur pièces... et de continuer à chercher !

Avant d'en terminer (pour l'instant), j'adresse à Joël Carpenter, "Strato" et François Beaulieu mes plus sincères félicitations et remerciements pour leur remarquable travail d'analyse et de documentation. Je remercie d'autre part Joël Carpenter d'avoir consenti à me laisser utiliser une partie de celui-ci pour réaliser cette page internet qui, je l'espère, éclairera bon nombre de gens.

Marc HALLET - Liège, 3 novembre 2012 / Mis à jour le 20 mars 2013