LES SCEPTIQUES DU QUÉBEC

Dictionnaire

Canular de Steve Terbot

En 1984, Mark Plummer, ancien président des Sceptiques d'Australie et ancien directeur général du Committee for the Scientific Investigation of Claims of the Paranormal (CSICOP), de même que Dick Smith, mécène des Sceptiques d'Australie, ont invité le prestidigitateur, mentaliste et auteur Bob Steiner en Australie afin d'y faire une démonstration de ses talents. Ils espéraient que les médias et le public de là-bas, constatant à quel point il était facile de feindre des pouvoirs paranormaux, deviendraient moins enclins à croire n'importe quoi. Plummer et Smith étaient préoccupés par le grand nombre de soi-disant médiums venus de l'étranger qui se gagnaient des adeptes facilement, sans que personne ne remette en question leurs prétentions.

Bob Steiner

Steiner, comptable de profession, est également ancien président de la Society of American Magicians. Il a signé le livre Don't Get Taken («Ne vous faites pas avoir»), dans lequel il explique comment éviter de se faire duper. Il est également l'auteur de l'entrée «Lecture de personnalité à froid» de la Skeptic Encyclopedia of Pseudoscience et de l'article sur la divination dans l'Encyclopedia of the Paranormal. En 1986, Steiner a aidé James Randi à révéler la fraude du guérisseur Peter Popoff (Randi 1989, chapitre 9).

Dans son numéro de mentaliste, Steiner prétend être astrologue, lecteur du tarot, chiromancien ou médium. À la fin, il révèle les trucs qu'il emploie pour faire croire qu'il est branché sur le monde du paranormal.

Steiner a accepté l'invitation des deux Australiens et le défi qu'ils lui lançaient. Pendant deux semaines, il a trompé le pays au complet en se faisant passer pour Steve Terbot. Il est passé à la télé, il a donné des représentations dans des centres culturels, et très rapidement, il est devenu célèbre. On l'a invité trois fois à Tonight with Bert Newton (aux heures de grande écoute). Les deux premières fois, il s'est présenté comme médium, mais la dernière, il a tout révélé, expliquant comment il employait la lecture de personnalité à froid et d'autres moyens pour tromper le public. Comme il l'a alors, expliqué, il s'agissait «d'apprendre aux Australiens à se méfier des gens qui se disent médiums» (Steiner 1989, p. 23).

Le canular a-t-il eu le moindre effet positif? A-t-on reconnu que la confiance accordée au médium n'en valait peut-être pas la peine? Le public ou la presse ont-ils appris à faire preuve de scepticisme face aux prétentions du paranormal?

D'après Steiner, le canular a très bien fonctionné, et il a effectivement mis fin à l'invasion des médiums venus d'ailleurs. Mark Plummer, quand on lui a demandé si l'opération avait servi à quelque chose, était plutôt positif:

Oui. Avant, l'Australie recevait régulièrement la visite de médiums «de renommée internationale». Depuis, nous n'en avons plus eu que quelques-uns. Les organisateurs de ce type de spectacles craignent plus que tout de faire de la promotion autour d'un type qui s'avérera finalement un sceptique (Correspondance personnelle de l'auteur).

L'un des aspects les plus intéressants du canular a été que la plupart des représentants des médias ne se sont pas donné la peine de vérifier qui était Steve Terbot ni si ce qu'il disait avoir accompli était vrai. Tout le monde a pris pour acquis que ce qu'il racontait était exact, avec la seule exception de Phillip Adams, journaliste et auteur australien, personnalité bien connue des médias. Adams avait la particularité unique d'écrire des articles particulièrement virulents condamnant les escrocs du paranormal qui sévissaient en Australie. Quand on lui a demandé si le canular de Steve Terbot ou celui de Carlos avait favorisé le scepticisme dans son pays, Adams (par l'intermédiaire de sa secrétaire, Amanda Bilson) a dit qu'il

n'était pas convaincu de leur succès total. Les médias ont peut-être appris à se méfier un peu plus, mais ils ont vite retourné à leur naïveté coutumière. Et beaucoup ont tiré sur le messager, tournant leur colère contre les sceptiques. [Adams] a trouvé [les canulars] très amusants, mais vu la durée d'attention du public et des médias, ils n'ont pas eu de véritable effet à long terme (Correspondance personnelle de l'auteur).

Durant sa tournée australienne, Steiner a révélé la fraude du soi-disant médium John Fitzsimons, ce qui mènerait éventuellement à sa condamnation à verser 64 000 $ australiens à ses clients. Dix-sept ans plus tard, malheureusement, on retrouve Fitzsimons dans Internet. Il dirige un groupe nouvel-âgeux qui s'appelle Aspects, et dont le quartier-général se trouve à Clayton, dans la banlieue de Cranberra. Il mène des discussions sur des sujets comme les vies antérieures, le karma, les voyages astraux, les guides spirituels, la prière, la guérison, Aigle blanc (une entité canalisée par Grace Hook), le trouble de la personnalité multiple, la médiumnité, les sectes, la protection métapsychique, les terreurs nocturnes, le spiritisme, les lectures métapsychiques, l'exorcisme, le ouija, la canalisation, Seth, les extraterrestres, l'Atlantide, les ovnis et - on peut comprendre pourquoi - le syndrome de la fatigue chronique.

 

Voir également: Affaire Sokal; Canular d'Arthur Ford; Canular de Carlos; Canular de l'ovni d'Aztec; Canular de Pufedorf; Canular des fées de Cottingly; Homme de Piltdown; Mary Toft et Numéros des enveloppes scellées.

Dernière mise à jour le 23 août 2019.

Source: Skeptic's Dictionary