LES SCEPTIQUES DU QUÉBEC

Dictionnaire

Slick 50

(Additifs pour huile à moteur)

Substances diverses ajoutées aux lubrifiants qui sont censées réduire l’usure du moteur et accroître son rendement énergétique.

On voit souvent ce genre de pub:

De nombreux tests effectués par des laboratoires indépendants ont montré que, bien utilisé dans un moteur automobile, le Slick 50 Engine Formula réduit l’usure des pièces. Les résultats des tests ont montré que les moteurs traités au Slick 50 présentent 50 % moins d’usure que les autres moteurs utilisant de l’huile ordinaire seulement.

On retrouve les mêmes affirmations à propos d’une cinquantaine d’autres produits sur le marché, dont beaucoup ne sont que la même chose, du même fabricant, sous des appellations différentes. Leurs prix varient énormément, et peuvent atteindre les 20 $ le contenant. Sont-ils bénéfiques? Pas vraiment. Peuvent-ils être nuisibles? Quelquefois.

Mais que met-on dans ces produits miracles, de toute façon? S’ils sont si extraordinaires, pourquoi les fabricants d’automobiles n’en recommandent pas l’usage? Pourquoi les pétrolières ne se lancent pas dans la fabrication d’additifs? Où sont ces études mentionnées par Petrolon (au sujet du Slick 50)? Sans doute dans le même tiroir où les fabricants de cigarettes gardent les études montrant que le tabac est bon pour la santé.

L’ingrédient de base est le même pour la plupart d’entre eux: de l’huile à moteur conventionnelle et les additifs standards. L’ingrédient magique du Slick 50, du Liquid Ring, du Matrix, du QM1 et du T-Plus de K-Mart est le polytétrafluoréthylène, ou PTFE. N’allez surtout pas dire que c’est du Téflon, même si c’en est, parce qu’il s’agit d’une marque déposée. Dupont, qui a inventé le Téflon, affirme que «le Téflon n’est pas utile en tant qu’ingrédient dans les additifs d’huile à moteur ou les huiles employées pour les moteurs à combustion interne». Mais qu’est-ce que la multinationale en sait? Elle n’a pas vu les études secrètes menées par Petrolon...

Le PTFE est un solide. Utilisé comme additif, il recouvre les pièces mobiles des moteurs.

Cependant, ces solides semblent encore plus susceptibles de recouvrir les pièces non mobiles, comme les conduits et les filtres. Après tout, s’ils peuvent s’accumuler malgré la pression et la friction qui s’exercent contre les parois des cylindres, il est logique qu’ils s’accumulent encore plus dans des endroits où la pression est faible et où il n’y a à peu près pas de friction.
 
Cette conclusion semble corroborée par les tests menés sur les additifs contenant du PTFE menés par le Centre de recherches Lewis de la NASA. Dans le rapport du Centre, on peut lire: «Sur les types de surfaces de contact que nous avons étudiées, nous n’avons constaté aucun avantage. Dans certains cas, nous avons observé des effets adverses. Les solides dans l’huile tendent à s’accumuler dans les orifices d’entrée et former des obstacles empêchant le passage de l’huile. Au lieu d’améliorer les choses, ils privent certaines pièces de lubrifiant» (Rau).

À la décharge du Slick 50, des tests menés sur un moteur 6 cylindres de Chevrolet par le Engineering Experiment Station de l’Université de l’Utah ont établi qu’après un traitement à l’aide d’un additif au PTFE, la friction au sein du moteur avait baissé de 13,1 %, la puissance utile avait crû de 5,3 % pour s’établir à 8,1 %, et la consommation d’essence avait diminué. Malheureusement, les mêmes tests permettaient de conclure: «Une baisse de pression, peut-être causée par un encrassement des très petits conduits, s’est produite autour du filtre à huile». L’analyse de l’huile a montré que la contamination au fer a doublé après le traitement, indice que l’usure du moteur s’était accrue (Rau).

Le Slick 50 et la FTC

En 1997, trois filiales de la Quaker State Corp. (fabricant du Slick 50) ont reconnu devant la Federal Trade Commission (FTC) des États-Unis que leurs publicités étaient fausses et injustifiées. Selon la plainte présentée par la FTC, les affirmations qu’elles contenaient laissaient entendre que sans le Slick 50, les moteurs d’auto étaient, de façon générale, peu ou pas du tout protégés contre l’usure au démarrage, et subissaient de ce fait des défaillances précoces. Parmi ces affirmations, on retrouvait celles-ci:

«À chaque démarrage à froid sans la protection du Slick 50, il y a friction du métal contre le métal dans votre moteur»
 
«Chaque fois que vous faites tourner la clé dans le contact, vous usez prématurément votre moteur, car lors d’un démarrage à froid, la majeure partie de l’huile se trouve au fond du carter. La formule unique du Slick 50 permet au produit de se lier aux pièces du moteur, réduisant ainsi l’usure de 50 % pour 50 000 milles»
 
«Ce qui rend le Slick 50 si différent? Sa formulation chimique avancée, conçue pour lier un PTFE spécialement activé au métal de votre moteur».

En fait, selon la FTC, «la plupart des moteurs d’auto sont protégés adéquatement contre l’usure au démarrage lorsqu’on emploie l’huile à moteur recommandée par le fabricant. En outre, il est rare que des moteurs subissent des défaillances prématurées causées par l’usure, qu’ils aient été traités avec le Slick 50 ou non».

Le zinc – contre le rhume et l’usure des moteurs

Entre autres additifs, on trouve également le dialkyldithiophosphate de zinc dans des produits comme le Engine Tune Up de Mechanics Brand, le Super Oil Treatment de K Mart et le traitement pour moteurs au XEP2 de STP. En fait, le dialkyldithiophosphate de zinc sert d’additif dans la plupart des huiles à moteur, sinon dans toutes. Les marques précitées ne font qu’en ajouter une certaine dose dans leur huile à moteur. Ce serait sans doute utile si votre moteur fonctionnait dans des conditions extrêmement anormales, là où le métal frotte contre le métal: «les composés de zinc réagissent avec le métal pour prévenir l’usure, particulièrement due à la friction entre les cylindres et les segments de piston... Ajouter des composés de zinc à l’huile n’est en général que du gaspillage... En outre, il ne faut pas oublier qu’un contenu élevé en zinc peut mener à la formation de dépôts et à l’encrassement des bougies» (Rau)

Si le dialkyldithiophosphate de zinc est si bon pour les moteurs, pourquoi les fabricants d’huile n’en mettent pas davantage dans leurs produits et additifs conventionnels? En fait, ils en mettent moins, après avoir découvert qu’il peut causer une détérioration des convertisseurs catalytiques.

En fin de compte, à part les témoignages de consommateurs satisfaits et les garanties des directeurs d’entreprises au sujet des merveilles que font leurs produits, pas grand-chose ne vient prouver qu’il faille employer ces additifs. Oui, bien sûr, il y a les millions de consommateurs qui les achètent; n’est-ce pas là une preuve de leur efficacité? Pas vraiment. Ce serait plutôt la preuve que les produits en question se vendent bien...

De l’autre côté

De l’autre côté du bloc-moteur, il y a les additifs qui nettoient au lieu d’encrasser. Des produits comme Bardahl, Rislone et Marvel Mystery oil sont censés rendre le fonctionnement du moteur plus silencieux et plus doux, tout en réduisant la combustion d’huile. Ils contiennent des solvants ou des détergents comme le kérosène, le naphtalène, le xylène, l’acétone ou l’isopropanol. Bien utilisés, on peut supposer qu’ils vont nettoyer le Téflon et le zinc! Mais à moins d’avoir une auto qui soit vraiment vieille ou qui a été franchement maltraitée, il n’y a probablement aucun besoin pour vous de nettoyer votre moteur de ses dépôts. Il est donc assez facile de se passer de ces nettoyants miracles. Y recourir trop souvent pourrait en outre favoriser le contact métal contre métal.

L’utilisation d’additif pour l’huile à moteur est découragée par Mobil et par à peu près tous les fabricants automobiles. Elle pourrait même rendre caduque la garantie accompagnant les véhicules neufs.

On a montré cette publicité à la télé, dans laquelle deux moteurs tournaient sans huile. Seul celui qu’on avait traité avec un additif spécial continuait de fonctionner au bout d’un certain temps. Voilà qui devrait intéresser les propriétaires de véhicules qui ne font jamais de vidange d’huile ou qui font tourner leur moteur sans huile, mais pour l’automobiliste moyen qui sait comment s’occuper adéquatement de son véhicule, ça ne vaut pas grand-chose.

Devrait-on acheter quelque chose comme Tufoil? On nous dit qu’il s’agit «de particules de PTFE micro-miniatures en super suspension et de molybdène soluble en suspension permanente dans l’huile». Selon son fabricant, le produit ne bouche pas les filtres ni les conduits. Il y a encore le Lubrilon, qui contient un polymère de nylon qui enduit les parties métalliques du moteur. Ou l’Original Permafused LubricationMC de Bishop, qui enduit aussi les parties métalliques d’un film lubrifiant anti-usure. Dans le fond, mieux vaut faire sa vidange d’huile et changer son filtre régulièrement, sans oublier de faire de même pour les filtres à carburant et à air. On ne peut dire si ces nouveaux produits sont néfastes, mais ils ne sont probablement pas nécessaires pour le propriétaire de véhicule moyen qui fait adéquatement l’entretien de son auto.

Dernière mise à jour le 23 août 2019.

Source: Skeptic's Dictionary