LES SCEPTIQUES DU QUÉBEC

Conférence

Conférence du lundi 13 novembre 2006

Aux sources de l'anthropomorphisme et de l'idée de Dieu

par Daniel Baril, anthropologue

Texte annonçant la soirée

Comment expliquer la persistance des croyances au surnaturel, aux dieux et aux autres entités immatérielles alors que rien ne permet de penser que de tels êtres existent? Comment expliquer l'universalité et la persistance de la religion quelles que soient les cultures et les conditions de vie?

Daniel Baril

Daniel Baril, auteur de La grande illusion; comment la sélection naturelle a créé l'idée de Dieu (MultiMondes, 2006), propose de nouvelles réponses à ces questions en recourant aux dernières connaissances dans le domaine de l'anthropologie évolutionniste. De la neurothéologie à la « religion du chimpanzé« en passant par la biologie intuitive, le modèle conduit à considérer le surnaturel comme une production naturelle de nos dispositions sociales. »Ce n'est pas la religion qui est une adaptation mais les habiletés sociales qui en sont à l'origine et qui trouvent toute une explication en dehors de la religion et des croyances au surnaturel« , affirme Daniel Baril.

Anthropologue de formation, Daniel Baril est journaliste scientifique à l'hebdomadaire Forum de l'Université de Montréal. Ses travaux en anthropologie biologique ont porté sur les différences entre hommes et femmes dans la religiosité, différences interprétées à la lumière de la sélection sexuelle. Il est également connu comme tête d'affiche du Mouvement laïque québécois.

Actualités

Après avoir présenté l’Association des Sceptiques pour les nouveaux auditeurs, notre animateur François Filiatrault nous invite à jeter un coup d’œil à la nouvelle rubrique Opinions sur notre site web. Il s’agit d’un endroit où tous peuvent émettre des opinions sur les conférences présentées lors de nos soirées.

Il nous présente ensuite trois livres sceptiques susceptibles de nous intéresser. D’abord, il y a L’irrationnel menace-t-il ? de Jean-Michel Besnier, une approche philosophique et intéressante de l’irrationnel, qu’il décrit comme « le refus de choisir entre la raison en tant qu’elle pourrait nous engager dans un processus de discussion argumentée ». L’auteur soutient l’idée que l’irrationnel s’accompagne toujours d’un déni de communication.

Il nous propose également une nouvelle publication d’Henri Broch, Gourou, sorcier et savants. Avec le style humoristique qu’on lui connaît, l’auteur reprend dans ce livre certains arguments qu’il a exposés dans d’autres ouvrages et dénonce d’autres trucs, astuces et tromperies. Il aborde des sujets tels les sorciers ou le suaire de Turin, en mettant l’accent sur la nécessité de s’assurer de la vérité d’une assertion avant de tenter de l’expliquer.

Enfin, Filiatrault nous recommande : Mystères sans magie. Science, doute et vérité : notre seul espoir pour l’avenir, le dernier livre de Cyrille Barrette qui vient tout juste d’être mis en vente. L’auteur viendra d’ailleurs en discuter avec un groupe de panélistes à notre conférence du 13 janvier prochain.

Aux sources de l'anthropomorphisme et de l'idée de Dieu

par Daniel Baril, journaliste et anthropologue

Daniel Baril

Daniel Baril précise tout d’abord que son livre La grande illusion, dont il présentera une partie du contenu ce soir, tente de répondre à la question : « comment naissent les esprits ? ». Donc, « comment naît l’idée de Dieu » également. Il s’agit d’une étude de l’assise évolutionniste de la production du surnaturel. Son essai repose sur la prémisse que la croyance au surnaturel ne provient pas uniquement de l’ignorance. En effet, argumente-t-il, de nos jours, on en connaît beaucoup plus sur la nature de notre monde et des phénomènes naturels, mais il y a pourtant une remontée du religieux. Il ajoute que nous sommes tous des êtres « anthropomorphistes » ; c’est cette idée qu’il développera durant son allocution.

Première règle : Le cerveau est essentialiste

Notre cerveau est essentialiste, ce qui veut dire qu’il perçoit les êtres et les choses comme s’ils avaient une essence. Cet essentialisme vient de notre propension à classifier les êtres et les objets en catégories, vivants, non-vivants, dangereux, comestibles, etc… Par exemple, se présenter comme sceptique ou québécois nous place dans des catégories précises, et amène une vision particulière de la part de l’autre.

Baril souligne que nous sommes tous essentialistes et que l’animisme en est l’une des principales manifestations. Des comportements tels que croire que son animal de compagnie peut comprendre ce que l’on ressent, parler à sa plante ou s’imaginer qu’une machine à sous suive la règle de réciprocité (soit se dire « c’est sûr qu’elle va me faire gagner bientôt, ça fait 2000 $ que je lui donne et elle ne m’a encore rien rendu ») en illustrent des effets au quotidien.

L’essentialisme est même observable chez de jeunes enfants. Ainsi, des jeunes de 4 ans attribuent plus de caractéristiques biologiques identiques à des individus dont les visages sont dissemblables mais qu’on leur dit être de la même famille, qu’entre deux visages semblables non apparentés. Dans ce cas-ci, les enfants ont attribué aux individus placés dans la catégorie « famille » une essence commune, ce qui leur a fait voir des ressemblances non apparentes.

Une expérience semblable a été réalisée avec les Kazakhs et les Torguuds. Ces deux tribus de Mongolie ne partagent ni la même langue ni la même religion, mais sont de la même ethnie et sont donc identiques au point de vue physique. Pourtant, 75 % des Torguuds considèrent qu’un bébé kazakh adopté à la naissance et à qui on aurait enseigné la langue et la religion Torguud serait néanmoins d’ethnie kazakh. Ainsi, l’appartenance ethnoreligieuse est essentialisée et est perçue comme biologiquement transmissible.

Certains chercheurs estiment que cet essentialisme pourrait s’expliquer par le modèle du cerveau modulaire qui postule des modules de connaissances intuitives (physique, biologie, psychologie et mathématiques intuitives). On entend par connaissances intuitives les idées que de très jeunes bébés ont de certaines réalités naturelles. Voici quelques exemples d’étude ayant mis en évidence des capacités scientifiques intuitives.

Biologie intuitive

Un bébé de 7 mois peut faire la distinction entre un être vivant et un objet inanimé. Pour arriver à cette conclusion, on a présenté à plusieurs bambins des images de quatre situations différentes. Sur une première image, une colonne se déplace par la poussée d’un objet qui la frappe, alors que sur la deuxième la colonne se sauve à l’approche de l’objet. Puis, les objets sont remplacés par des individus dans les deux mêmes situations. Des bébés ont trouvé tout à fait normales la première et les deux dernières images, mais ont été très surpris de voir un objet se sauver à l’approche d’un autre objet. Ils savent intuitivement que certains comportements ne sont le fait que des êtres vivants.

Cette distinction dans la perception des êtres vivants et objets inanimés semble relever d’un circuit neurologique précis. Ainsi, une lésion du lobe gauche du cerveau peut provoquer le syndrome de la démence sémantique, c’est-à-dire que l’individu ne peut plus reconnaître ni nommer des objets biologiques, alors que le problème ne s’étend pas à aucun autre domaine. De même, une lésion dans le lobe droit peut nous enlever la capacité de reconnaître les visages.

Psychologie intuitive

Les enfants attribuent des intentions précises à certains objets. Ainsi, si on leur présente un jeu de type Pac-Man, des enfants de 4 à 7 mois s’attendent à ce que le Pac-Man gobe tous les ronds positionnés sur son chemin; ils considèrent normal que le Pac-Man revienne sur son chemin pour gober ceux qui restent, ce qui montrent qu’ils attribuent une intention à cet objet anthropomorphique.

Le conférencier résume maintenant les conséquences de la première règle, soit celle de l’essentialisme de l’homme. D’un côté, la catégorisation a l’avantage de nous permettre de créer des liens de cause à effet, de distinguer le vivant du non-vivant, de détecter des agents ou des dangers et de reconnaître ceux qui nous sont apparentés – tous des avantages qui sont nécessaires à notre fonctionnement social. Toutefois, cela peut aussi nous amener à accorder certaines propriétés du vivant au non-vivant, à voir des agents là où il n’y en a pas. C’est la première pièce de l’anthropomorphisme.

Deuxième règle : L’humain est un être altruiste

L’être humain, en tant que mammifère social, est doté d’empathie, affirme notre invité. Ce n’est pas sans raison que toutes les religions valorisent l’altruisme. Selon lui, la religion n’est pas la source de la morale ; c’est plutôt qu’elle sacralise les concepts moraux essentiels à la vie sociale tel l’altruisme.

On s’est souvent demandé comment l’altruisme pouvait s’être développé dans le contexte de la sélection naturelle où le fait de donner aux autres désavantage le donateur. La solution a été évoquée lors de l’expérience du dilemme du prisonnier. Comme mise en scène, on arrête deux personnes ayant commis un méfait. On leur dit séparément que celui qui admet son crime et dénonce son complice sera libéré, mais condamnera son complice à cinq ans de prison. S’il refuse d’admettre son crime et que l’autre le dénonce, il écopera donc d’une sentence de 5 ans. Si tous les deux reconnaissent avoir commis le crime, leur sentence sera de 3 ans chacun. On peut montrer que si ce type d’échange se reproduit fréquemment entre les deux individus c’est la troisième option, c’est-à-dire celle de la coopération, qui sera la meilleure pour les deux personnes. Cela aide à expliquer la présence d’altruisme dans notre société.

Dans cette même expérience, simulée en laboratoire, on a pu mettre au jour le fait que choisir la coopération stimulait le circuit de la récompense et du plaisir chez l’individu. Il s’agit là d’une autre impulsion à agir de façon altruiste.

De jeunes enfants ont aussi une compréhension de l’entraide et de l’altruisme. Si on présente à des bébés des images de boules qui interagissent, ceux-ci s’attendent à ce qu’une boule se venge si la première la bouscule ou l’empêche de se déplacer. Quand des boules semblent former un groupe, les bébés s’attendent également à ce que les membres de ce groupe s’entraident. Les mécanismes de l’altruisme semblent donc être inscrits dans le module de « psychologie naïve ».

Troisième règle – L’intelligence sociale ou l’algorithme darwinien

L’être humain, ainsi que certains primates, a un cerveau développé pour gérer des relations sociales complexes. Ceci inclut le sentiment d’appartenance à un groupe, le maintien de relations sociales sans proximité et la compréhension des émotions dans ses interactions avec les autres. Selon certains chercheurs, l’ensemble de nos fonctions cognitives aurait évolué en fonction de leur adaptation à la vie sociale, si bien que notre cerveau serait géré par un « algorithme darwinien ».

Cette capacité à gérer nos relations sociales est mise en évidence par l’épreuve de logique de Wason. Dans cette épreuve, on présente aux individus le recto de cartes comprenant des informations sur les deux côtés et on leur demande de répondre à certaines questions.

Par exemple, considérons quatre cartes identifiées par ces lettres ou chiffres :

D    F    3    7

Si chaque carte a un chiffre d’un côté et une lettre de l’autre, quelle(s) carte(s) doit-on retourner pour vérifier la règle « S’il y a un D d’un côté de la carte, alors il y a un trois de l’autre ».

Avant de donner la réponse à cette question, Baril fait remarquer qu’on peut aussi poser le même problème en des termes plus sociaux. Dans le cas ci-dessous, quelle(s) carte(s) doit-on tourner pour vérifier que tous ceux qui boivent de l’alcool ont plus de 18 ans ?

Alcool     Boisson gazeuse    20 ans    15 ans

Dans les deux cas, on doit retourner la première et dernière carte (vous comprenez pourquoi ?), mais il est habituellement plus facile pour les individus de trouver la solution dans la deuxième situation. En effet, on a montré qu’en général, ce genre de question est plus facile à résoudre quand les cartes représentent une logique de type relation sociale :

Bénéfice accepté     Bénéfice non accepté    Coût payé    Coût non payé

comme dans le deuxième exemple. L’être humain est ainsi fait qu’il doit se protéger contre ceux qui profitent des bénéfices de la société sans payer leur part.

Si notre cerveau est géré par ce type « d’algorithme », à qui doit-on payer le coût d’une bonne récolte, d’une bonne chasse ou d’une bonne santé ? L’intelligence sociale nous mène donc à voir du social où il n’y en a pas et à créer des agents surnaturels derrière les phénomènes naturels pour entrer en relation de réciprocité avec eux. Cela nous entraîne au rituel religieux, pour rendre grâce ou demander des faveurs en échange de prières, sacrifices ou autre.

Ces considérations mènent notre conférencier à conclure que la religion est un épiphénomène, c’est-à-dire que « la création d’êtres surnaturels et la religion qui se développe sur la croyance en ces êtres sont des produits de nos mécanismes biopsychologiques retenus par la sélection naturelle pour leur adaptation à la vie en groupe. » On s’aperçoit d’ailleurs, fait-il remarquer, que tout ce qui compose la religion, par exemple le fait d’être en groupe, de croire et de faire des rituels, a une utilité en dehors de la religion.

La sélection sexuelle appliquée à la religion

Baril souligne que l’on voit une différence marquée entre les sexes au niveau religieux, soit que les femmes présentent une religiosité plus forte que celle des hommes. Ainsi, 71 % des Canadiennes considèrent la religion importante à leur vie, alors que c’est le cas de seulement 57 % de leurs concitoyens masculins. En fait, il y a une différence constante d’au moins 10 % entre les hommes et les femmes pour tous les indicateurs du religieux (57 % des femmes participent à des rituels chaque semaine, 34 % des hommes, 81 % des femmes croient en Dieu, 69 % des hommes…)

Pour expliquer cette différence, le conférencier présente le Bem Sex Role Inventory. Comprenant 60 éléments différents, cet inventaire permet de classifier toutes les personnes entre le pôle masculin et le pôle féminin. Du côté féminin, on note une plus grande empathie, anxiété et entraide, alors qu’au pôle masculin il y a plus d’agressivité, de comportements à risque et de recherche de pouvoir. Selon cet instrument, le meilleur prédicteur de la religiosité forte n’est pas le fait d’être une femme mais d’avoir une personnalité qui se rapproche du pôle féminin. Ainsi, le sexe de l’individu ne nous donne plus aucune information sur son degré de religiosité lorsqu’on connaît son score au Bem Sex Role Inventory.

Cet outil ne permet toutefois pas d’expliquer la persistance des différences de religiosité à travers les âges et les époques, ce que l’évolutionnisme peut faire grâce à la théorie de la sélection sexuelle. Le sexe féminin étant celui qui s’investit le plus lors de la reproduction, les femelles sont plus sélectives et plus prudentes que les mâles. Cela amène une compétition entre les mâles pour s’approprier les femelles. Ces différences d’investissement parental entre les mâles et les femelles peuvent expliquer leur différence de religiosité, comme le montre le conférencier par le tableau suivant :

Causes Ultimes

Il s’agit donc, conclut Baril, d’un autre élément qui étaye la thèse selon laquelle la religion est un épiphénomène de nos dispositions sociales, car on observe les mêmes différences entre hommes et femmes dans la société en général que dans le domaine religieux. La religion émerge donc de nos dispositions sociales.

Questions et Discussion

Causes de la religion

Question : la peur de la mort ne pourrait-elle pas être une explication de la religion ?

Le conférencier précise qu’il a plutôt tenté de trouver des éléments pour expliquer la persistance du phénomène religieux même chez ceux qui n’ont pas peur de la mort, et malgré le fait que les hommes sont de plus en plus instruits. De même, le fait de rêver ou d’avoir un état de conscience altéré peut aussi rendre plus plausible l’existence du monde surnaturel, mais il se demande pourquoi cette croyance demeure même lorsque l’on connaît les causes de ces phénomènes.

On discute également de l’importance génétique de la religiosité. Des études sur l’héritabilité, affirme Baril, semblent montrer que près de 55 % de la différence de religiosité entre deux groupes d’individus de milieux comparables est expliquée par la génétique.

Enfin, comment expliquer que la presque totalité des gourous et chefs de sectes sont des hommes? C’est tout simplement, répond notre invité, parce que l’homme recherche davantage le pouvoir alors que la femme recherche plus l’entraide que la domination, tel que mentionné dans la conférence.

Le futur de la religion

On se demande d’abord si la religion est en croissance en ce début du 21e siècle. Le conférencier explique que parallèlement à une désaffection des grandes Églises on assiste à un regain du religieux de type Nouvel-Âge et de groupes plus traditionalistes tels les Témoins de Jéhovah et les Évangéliques. Ces derniers sont d’ailleurs les plus performants actuellement à l’échelle planétaire. Selon les données de Statistique Canada et de différents sondages, le pourcentage d’athées a toutefois également augmenté dans les dernières années, et se situerait autour de 6 %.

À la question d’une éventuelle disparition de Dieu et de la religion, Baril affirme qu’à son avis cela ne va jamais arriver. La religion va continuer d’évoluer culturellement, mais elle va rester tout le temps. Il cite, comme exemple de la persistance du religieux, le cas de la Chine et de l’URSS où, après 75 ans de répression religieuse et d’enseignement athée, les temples se sont remplis très rapidement dès que les restrictions ont été levées.

D’ailleurs, il ne connaît aucun groupe ou culture où il n’y aurait eu aucune notion de surnaturel, bien qu’il n’y ait pas toujours de religion-institution comme dans nos sociétés. D’un autre côté, il y a toujours eu des athées, mais il est beaucoup plus facile aujourd’hui d’être athée que ce devait l’être dans les sociétés tribales.

Des religions plus modernes

On demande au conférencier si on peut considérer l’économie néolibérale comme un dieu ou une religion. Celui-ci réplique que cela n’est en fait qu’un jeu de mots sur le mot religion. On peut bien sûr faire une analogie entre l’économie néolibérale et la religion dans le sens où plusieurs personnes y accordent beaucoup d’importance, mais ce n’est pas une religion au sens propre du terme, car on n’y retrouve pas de rituels ni de surnaturel.

Dans le même ordre d’idées, il apparaît pour certains que le culte de la santé soit aussi de nature religieuse. Dans ce cas, Baril est d’accord et fait remarquer qu’il existe certains groupes de santé alternative avec des visions religieuses.

Athéisme versus agnosticisme

La soirée se termine sur une discussion de l’opposition entre les croyants et les athées. Une auditrice fait remarquer qu’à son avis les athées sont également des croyants puisqu’ils croient à quelque chose qu’ils ne peuvent pas vérifier, soit la non-existence de Dieu. À son avis, la véritable opposition aux croyants est l’agnosticisme. Baril explique qu’il est athée par défaut. Il reconnaît qu’on ne peut pas prouver une non-existence, mais il croit qu’on peut analyser rationnellement le discours des croyants, et conclure que leur discours ne fait aucun sens.

Compte-rendu rédigé par Anne-Sophie Charest et révisé par le conférencier.