LES SCEPTIQUES DU QUÉBEC

Conférence

Conférence du lundi 13 décembre 2021

Les « vrai ou faux » sur le cerveau :
souvent il y a du vrai dans le faux et du faux dans le vrai !

Bruno Dubuc, vulgarisateur scientifique

« On n’utilise que 10 % de notre cerveau » : FAUX ! « Le modèle du cerveau triunique de MacLean est dépassé » : VRAI ! « Certaines personnes sont “cerveau droit”, d’autres “cerveau gauche” » : FAUX ! « Nous sommes des êtres de raison et d’émotion » : VRAI ! « L’hypnose fonctionne, je l’ai vu à la télé » : FAUX ! « Les compagnies pharmaceutiques cherchent un remède à la maladie d’Alzheimer » : VRAI !

Ce genre de formulations nous est devenu familier depuis que les médias mettent de l’avant la vérification des faits (“fact-checking”). Ce qui est de prime abord une bonne chose peut cependant devenir rapidement problématique dès qu’il s’agit d’affirmations dans des domaines scientifiques complexes. À partir de bonnes intentions, on jette alors malheureusement trop souvent le bébé avec l’eau du bain… C’est le cas des sciences de la vie en général, et plus particulièrement peut-être des neurosciences.

Car l’étude de l’objet le plus complexe de l’univers connu (dont accessoirement on possède tous et toutes un exemplaire unique entre les deux oreilles…) génère, on ne sera pas surpris, son lot de “neuromythes”. Ceux-ci, ou de simples affirmations générales comme celles ci-haut, reçoivent rapidement leur verdict, tel un tampon qui clos la discussion à leur sujet : “Vrai” ou “Faux” ! Certaines instances moins sensationnalistes font parfois un peu plus dans la nuance, y allant de “Plutôt vrai” ou de “Parfois faux”. Mais en ce qui concerne l’étude du cerveau humain, j’ai l’impression que dans bien des cas c’est encore grandement insuffisant et réducteur.

C’est en tout cas ce que mon travail autour du site web Le cerveau à tous les niveaux (www.lecerveau.mcgill.ca) depuis 20 ans m’amène à penser. Et ce sont ces réflexions, à travers plusieurs exemples concrets tirés des travaux les plus récents en sciences cognitives ainsi qu’avec une perspective historique et évolutive toujours essentielle, que j’aimerais partager avec vous durant cette soirée. Histoire de vous convaincre que très souvent, en réalité il y a du vrai dans le faux et du faux dans le vrai. Bref, que la pensée dichotomique et le gros bon sens sont bien souvent l’ennemi de la science. Et le doute son moteur principal.

Bruno Dubuc est un vulgarisateur scientifique détenteur d’une maîtrise en sciences neurologiques de l’Université de Montréal. Il est le rédacteur depuis 2002 du site web « Le cerveau à tous les niveaux » (www.lecerveau.mcgill.ca) et depuis 2010 du blogue du même nom où il explore les comportements humains du niveau moléculaire au niveau social, en passant par le cellulaire, le cérébral et le psychologique.