LES SCEPTIQUES DU QUÉBEC

Conférence

Conférence du samedi le 13 février 2022

La science est-elle soluble dans les médias ?

Jean-François  Cliche
Journaliste scientifique

Les médias ont la réputation (souvent méritée) de travailler à la hâte, de peu se préoccuper des nuances et de ne présenter que les éléments les plus sensationnels des histoires qu’ils racontent. La science, de son côté, est connue pour sa progression lente, faite d’expérimentations minutieuses et de vérifications, de détails méthodologiques qui prennent parfois une importance capitale et de conclusions en demi-teintes. Alors que se passe-t-il lorsque ces deux univers se rencontrent ?

À l’aide de données originales documentant la couverture journalistique de quelques dossiers particulièrement techniques ou scientifiques (grippe porcine de 2009, gaz de schiste, etc.), nous verrons que la science et les médias ne se mélangent pas mieux que l’eau et la farine : le mariage est possible, certes, mais il est si peu naturel qu’il survient assez rarement, qu’il demande beaucoup d’efforts et que les résultats ne sont pas toujours très heureux. Nous verrons également que tout cela semble être largement le fruit de ce que les sociologues appellent des « effets de structure », c’est-à-dire de facteurs qui échappent à la volonté des salles de rédaction, mais qui influencent grandement, bien qu’inconsciemment, le travail des journalistes.

Mais, quelles qu’en soient les causes, l’effet final, lui, demeure le même : la couverture des dossiers scientifiques souffre des mêmes angles morts dans la plupart des médias, ce qui leur fait présenter le même portrait, parfois très déformé, de la réalité.

Jean-François Cliche est journaliste pour Le Soleil depuis 2001 et y couvre la science depuis 2007. Il est l’auteur de Fake news : le vrai, le faux, la science, paru l’automne dernier chez MultiMondes. Il signe également une chronique dans Québec Science et une autre à la radio publique les mardis.